Eli

3 1 0
                                    

Je me remets enfin de l'étrange scène qui vient de se dérouler. Mon esprit est encore confus, mais une chose est certaine : physiquement, je pète la forme. J'inspire profondément, puis, avec un effort calculé, je me redresse dans le lit, les couvertures encore enroulées autour de moi. Il faut que je m'organise. La première chose qui me vient à l'esprit est d'appeler mes parents. Cela fait bien trop longtemps que je ne les ai pas contactés.

Je tends mon bras vers la table de chevet pour récupérer mon smartphone, mais ma main ne rencontre que le vide. Mon téléphone n'est pas là. Je fronce les sourcils, jetant un coup d'œil rapide autour de la pièce. Où est-il passé ?

Je pousse un soupir de frustration, écarte les couettes et glisse lentement hors du lit. Peut-être est-il tombé durant la nuit ? Je me mets à quatre pattes, tâtonnant le sol à la recherche de l'appareil. Rien. Mon irritation commence à monter, mais c'est à ce moment-là qu'un léger toussotement brise le silence de la pièce.

Surprise, je me retourne vivement. Mathilde est là, debout dans l'encadrement de la porte, m'observant avec un sourire mi-amusé, mi-curieux.

— Oh, euh... salut, Mathilde, dis-je, prise au dépourvu.

Je n'ai aucune idée de ce qu'elle a pu voir ou penser en me découvrant ainsi, à quatre pattes, à la recherche désespérée de mon téléphone.

— Tu es réveillée ? me demande Mathilde de sa voix douce, presque maternelle.

— Euh, oui, dis-je, encore un peu embarrassée. Où est-ce qu'on est ?

— On est chez moi, dans ma maison. Julien t'a ramenée ce matin, à l'aube. Il t'a trouvée inconsciente en haut du télésiège. Tu peux me dire ce qu'il s'est passé ?

Je suis prise de court. Les mots se bousculent dans ma tête, et je ne sais pas trop quoi dire. Pourquoi suis-je chez elle ? Est-ce que je dérange ? Je ne veux pas être un poids. Elle me parle comme ma mère quand elle est inquiète, ce qui me met encore plus mal à l'aise. Je me redresse rapidement, pour ne plus être dans cette position embarrassante à ses pieds, et je finis par lui expliquer ce qui s'est passé : la montée mécanique qui a fermé alors que j'étais encore tout en haut.

— Mais qu'est-ce qui t'a pris d'aller là-haut en pleine tempête ? s'écrie-t-elle, visiblement fâchée.

— Je voulais juste... découvrir, dis-je, un peu hésitante.

— Évidemment, je ne suis pas ta mère, je ne vais rien te dire de plus, soupire-t-elle en se radoucissant. Suis-moi, on va prendre le petit-déjeuner.

Je commence à la suivre, mais en me levant, une sensation étrange me traverse. Je baisse les yeux et réalise que je ne porte pas mes vêtements habituels. Ce sont des habits qui ne m'appartiennent pas, et une question commence à me hanter. Où sont passés mes vêtements ? Et surtout, qui m'a changée ?

— Euh, Mathilde... c'est toi qui m'as changée ? demandai-je, ma voix se faisant plus hésitante.

Elle se retourne vers moi, le regard paisible, mais un peu surpris par ma question.

— Non, quand Julien t'a apportée ici, je dormais encore. Il t'a déposée dans la chambre d'amis et t'a changée, m'explique-t-elle avec simplicité.

Sur ces paroles, je m'arrête net, mon cœur battant un peu plus fort. Lui m'a changée ? Une gêne soudaine m'envahit, et une pensée inconfortable se forme dans mon esprit. Il faut que je vérifie, que je me rassure.

— Où sont tes toilettes ? demandai-je discrètement, espérant ne pas éveiller de soupçons.

Mathilde me fait signe de la suivre, et je passe le pas de la porte. Devant moi, un petit couloir s'étend, avec des murs en bois qui donnent à l'endroit une atmosphère rustique et chaleureuse. Il y a trois portes, chacune menant je ne sais où, mais je n'ai pas le temps de m'interroger sur ce qu'elles cachent. Mathilde continue de marcher, et je lui emboîte le pas. À la fin du couloir, nous descendons un escalier étroit qui craque légèrement sous nos pieds. En bas, un petit salon cosy se révèle, baigné dans une douce lumière matinale.

Les pistes du cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant