Une nuit épouvantable

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La nuit s'annonce longue, et le café se vide peu à peu après l'annonce de la tempête. Julien, lui aussi, se lève après avoir échangé quelques mots avec la serveuse. Leur complicité est évidente, et je devine qu'il habite tout près.

— Je vais rentrer chez moi, dit-il à la serveuse avec un sourire. À demain !

Elle lui rend son sourire, visiblement soulagée de le voir partir sans trop de difficultés. Avant de passer la porte, il me regarde et me souris. Je lui rends bêtement son sourire. Une fois qu'il est sorti, le café plonge dans une ambiance plus calme, presque silencieuse. Seul le bruit constant des rafales de vent remplit l'air. Les quelques clients qui restent, moi y compris, sont résignés à passer la nuit ici. La serveuse, après avoir pris soin de tout le monde, s'accorde enfin un moment de répit en s'asseyant à une petite table dans un coin de la pièce.

Elle sort son téléphone de la poche de son tablier, probablement pour essayer de vérifier les dernières nouvelles ou envoyer un message à quelqu'un. Mais à son soupir, je devine qu'il n'y a toujours pas de réseau. Elle range alors son téléphone avec un air un peu las. Ses épaules s'affaissent légèrement sous le poids de la fatigue. Elle regarde dehors, observant la neige illuminée par les réverbères du café, tandis que la tempête continue de faire rage sans relâche.

Après quelques minutes, elle se lève à nouveau. Sans doute par habitude, elle fait le tour de la salle pour s'assurer que tout le monde est à l'aise. Elle sort des couvertures d'une armoire dans le coin du café, distribue des coussins, et prend soin d'aménager les banquettes pour que nous puissions nous installer confortablement.

La nuit s'installe doucement, et le café devient un refuge. Les quelques clients restants sont blottis sous les couvertures. La serveuse va et vient, veillant à ce que chacun soit à l'aise. Malgré la fatigue qui se lit sur son visage, elle continue de faire preuve de gentillesse et de bienveillance, un sourire léger accroché à ses lèvres.

Je la regarde s'agiter un moment, puis mon côté social prend le dessus. Je l'appelle doucement pour ne pas effrayer ceux qui dorment autour de nous.

— Vous devriez vous asseoir un peu, vous avez l'air épuisée. Venez, installez-vous ici, dis-je en tapotant la chaise à côté de moi.

Elle hésite une seconde, surprise par mon invitation, puis finit par s'asseoir en soupirant de soulagement.

— Merci... J'avoue que je n'ai pas eu une seconde pour me poser, dit-elle en souriant timidement.

— Je m'appelle Léa, et vous ?

— Mathilde, répond-elle avec un sourire plus franc cette fois.

Nous restons silencieuses quelques secondes, le temps pour elle de s'installer et de relâcher la tension. Je l'observe du coin de l'œil, remarquant encore plus à quel point la fatigue pèse sur ses traits.

— Vous devez être habituée à ce genre de soirée mouvementée, je me trompe ? dis-je pour briser le silence.

Mathilde rit doucement, un rire léger, presque amusé.

— Oh, des soirées mouvementées, oui, mais une tempête comme celle-ci, c'est plutôt rare. D'habitude, on a juste des petits coups de vent. Mais là... J'ai l'impression que ça ne va jamais s'arrêter, confie-t-elle en jetant un coup d'œil vers les fenêtres.

— Ça ne doit pas être facile de gérer tout ça seule, je suppose.

— Non, mais on s'y fait. C'est un petit café, alors on apprend à tout faire. Mais ce soir, j'avoue que je suis un peu dépassée. Heureusement, tout le monde est compréhensif, dit-elle en balayant la salle du regard.

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