Le royaume de Sagwa

Quand Salang se réveille.

C'était une après-midi comme les autres que Lido vivait aux coussinets de son adorée, en peine profonde depuis sa dernière crise de larme, intrèquement connectée à son Minho. Depuis, l'animal lui avait demandé de couper temporairement les liens d'avec leurs maîtres, prétextant qu'il voulait se reposer durant leur absence, les protégeant autant qu'il l'a protégeait elle.

Le canidé avait toujours été amoureux de la féline, depuis le plus vieux qu'il se souvenait l'avoir croisé, de ses yeux enjôleur. 

À l'époque, le royaume était à son apogée et c'est lorsqu'il avait traversé la massive et large porte de bois de leur entrée, accompagnant Jisung pour sa mise en ménage, qu'il avait compris que comme son maître, il était tombé éperdument amoureux d'un membre de la famille Lee. Cette dernière s'était tenue dans le hall massif et illuminé du palais, les yeux brillants d'une malice que jamais Lido n'aurait pu envisager si touchante. C'est dès que leurs regards s'étaient croisés et bien malgré ses allures et ses tentatives pour le repousser que les deux s'étaient entendus, et plus tard, qu'ils s'étaient éprouvés.

Cependant, Lido n'était pas fou, et il savait qu'ils n'étaient pas congénères et il en avait malheureusement parfaitement conscience, ayant compris depuis bien longtemps que ses souhaits les plus intimes ne seraient jamais exaucés. Alors, il n'avait jamais rien formulé, ni en pensées, ni auprès d'elle. Encore moins auprès d'elle, refoulant secrètement ses idées vers son Jisung. Gardien de son secret.

Pourtant, Lido ne lui avait jamais connu quelqu'un d'autre et jamais il n'avait aperçu de créature auprès de sa dulcinée, si ce n'était Minho ou Jisung. Alors, malgré son tempérament meurtrier et ses allures de reines, Lido était tombé encore plus fort, comme un privilégié. Luna ne venait s'épancher que contre lui, à chaque fois qu'elle en avait besoin, cherchant un réconfort qu'elle ne voulait auprès de personne d'autre.

Devant tous, ils s'appelaient donc frère et sœur, avec des regards qui en disaient pourtant bien plus que la symbolique que ces termes portés.  

Leur relation avait toujours été ainsi, profondément platonique et respectueuse, muée dans un silence confortable qui les rendait tous deux heureux, du moment qu'ils restaient ensemble.

C'est donc tout naturellement qu'ils étaient plus qu'à même de comprendre la peine qui accablait leurs maîtres, bien au-delà de la relation et l'amour filial qui les réunissaient à eux.

Lors de son attaque de panique, Lido était resté près d'elle des heures et des jours durant, la couvant d'un regard tendre alors qu'il faisait comme s'il n'était pas là pour elle, mais bien pour lui, fière que sa féline était. Il l'avait toujours fait et ce n'est pas aujourd'hui qu'il se soustrairait de ce qu'il prenait comme un devoir.

C'est donc après plusieurs jours passés à l'intérieur, coupés de ses rois et du monde environnant, que le canidé entrepris d'aller se balader en extérieur. Il parcourra lentement la chambre de ses propriétaires alors que Luna était toujours endormie dans leurs draps encore froissés. Il traversa l'étage avant de se rendre au rez-de chaussé. Les deux uniques domestiques qui avaient le droit de venir ici, étaient en train de nettoyer de fond en comble le palais noircis de leur humeur, profitant de l'absence de leurs souverains.

L'esprit enfin pleinement éveillé, il leur passa devant, non sans un regard respectueux alors que ces derniers s'inclinèrent avec humilité devant l'animal. Au loin dans son esprit, Lido pouvait entendre combien son peuple l'aimait et cela le touchait toujours beaucoup.

La créature finit par enfin arriver sur le perron d'herbe qui constituait la devanture de leur château, mais à peine eut-il posé une patte sur le sol qu'il sentait que quelque chose n'allait pas. Quelque chose ne tournait pas rond et ce qu'il avait en face de lui n'était pas ce qu'il connaissait, ce n'était pas son royaume.