5-AMARA

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                           — JEU DE GLACE —


                         Je m'étais glissée dans les couloirs de l'académie avec l'espoir d'éviter la confrontation. Mais comme d'habitude, c'était plus facile à dire qu'à faire. Chaque coin, chaque pas, semblait me mener droit vers lui. Ayden. Il était partout. Et pourtant, il n'était jamais là où je voulais qu'il soit. Pas près de moi. Pas à regarder sa putain de glace avec ce regard intense, comme si elle était la seule chose qui comptait. Comme si je n'existais pas.

Et bordel, ce regard me perturbait à un point que je détestais. Parce que chaque fois que je croisais ses yeux noisette, c'était comme si toute ma concentration partait en éclats. Comme si, tout à coup, je n'étais plus en contrôle de moi-même.

J'étais en train de perdre pied et je ne savais même pas pourquoi.

Je m'étais pourtant promis que je n'allais pas tomber dans son jeu. Pas après tout ce qu'il m'avait dit et fait. Il pensait que j'étais une sorte de "petite nouvelle" qu'il pouvait facilement manipuler avec son arrogance de macho. Il n'en savait rien. J'étais une survivante, je m'étais construite seule, et personne ne me faisait rentrer dans le moule. Sauf que lui... Lui, il me testait à chaque putain de regard.

Je marchais rapidement dans les couloirs, mes pensées un tourbillon d'émotions contradictoires.

Pourquoi diable il devait être aussi beau et aussi con à la fois ?

J'étais pas du genre à tomber sous le charme de ce genre de type. Mais il y avait quelque chose de différent chez lui. Quelque chose d'inaccessible, de dangereux. Et ça m'attirait tout autant que ça me repoussait.

Je détestais qu'il soit si mystérieux, si froid, mais il y avait quelque chose qui me rongeait à chaque fois qu'il ne répondait pas. Ses silences étaient une forme de torture, une sorte de défi silencieux. Et je n'étais pas sûre de pouvoir le supporter bien longtemps. Ce qu'il voulait de moi, je ne savais même pas. Mais je n'allais pas l'accepter sans broncher. Pas cette fois.

Je ne pouvais pas le laisser penser qu'il m'avait eue. Que ses regards suffisait pour me déstabiliser. Non, je devais rester forte. C'était ce que j'avais toujours fait. Rester forte. Ne pas fléchir.

Puis je l'ai vu. Comme prévu, il était là, assis sur le banc, en train de se préparer pour son prochain match. L'équipe était déjà prête, mais lui, il semblait perdu dans ses pensées, encore plus concentré sur quelque chose que je ne comprenais pas. Son regard était fixé devant lui, comme s'il avait tout oublié autour. Mais je savais que c'était faux. Ayden ne pouvait jamais oublier quoi que ce soit. Il n'avait pas ce luxe.

Je pris une grande inspiration et m'avançai, délibérément. Je pouvais sentir la tension monter en moi à chaque pas. Il n'y avait pas besoin de mots. On ne se parlait pas vraiment. On s'affrontait d'un autre côté. Et c'était bien plus subtil, bien plus redoutable que n'importe quelle dispute.

J'arrivai à sa hauteur sans faire attention au reste de l'environnement. Pas un bruit autour, seulement le souffle un peu plus rapide de ma propre respiration. Il tourna lentement la tête vers moi. Ses yeux noisette, ces yeux qui avaient ce pouvoir de me percer à jour, se fixèrent dans les miens. Je ne flanchai pas. Pas cette fois.

Il ne dit rien, mais il n'avait pas besoin de parler. Ses yeux à eux seuls suffisaient à me faire sentir comme une petite fille qui n'avait rien à prouver. Il me scrutait, avec ce regard qui disait tout, et rien à la fois. Il savait que je savais. Et merde, ça me foutait dans un état de dingue. Pourquoi ça devait être aussi compliqué ? Pourquoi il devait rendre chaque interaction avec lui aussi... explosif ?

Ses lèvres se pincèrent, et je le vis se redresser légèrement, comme s'il allait dire quelque chose. Puis il se tut. Il avait cette putain de manie de me laisser dans l'incertitude, de me faire mariner, de me rendre vulnérable sans même le vouloir. Un petit sourire en coin, juste assez pour que je me demande ce qu'il pensait vraiment.

Je me sentais perdue dans ce regard, dans cette énergie qu'il dégageait. Il n'était pas du genre à laisser filtrer la moindre émotion, mais moi, je le sentais. Je savais qu'il y avait quelque chose derrière ce masque de glace. Ce n'était pas juste de l'indifférence. C'était plus complexe que ça. Et ce qui me foutait en rogne, c'était que je n'arrivais pas à comprendre quoi. Ça me rongeait de l'intérieur.

Je crois que je l'ai défier du regard pendant ce qui m'a semblé une éternité. Et lui, il m'a simplement observée, sans cligner des yeux, sans bouger. Putain, c'était ça qu'il attendait. Il attendait que je fasse le premier mouvement. Il attendait que je flanche. Mais non. Pas cette fois.

Je le vis légèrement sourire, mais ce n'était pas un sourire de victoire. Non, c'était comme s'il me disait : T'as encore du chemin à faire. Et cette pensée me piqua droit au cœur. C'était comme si, à chaque fois qu'il me regardait, il me mettait en compétition avec lui-même. Comme s'il m'observait pour repérer ma faiblesse, pour me faire douter de mes propres forces. Et merde, j'étais fatiguée de cette dynamique.

Mais je n'avais pas le droit de lui montrer. Je ne pouvais pas lui laisser croire qu'il m'avait atteinte. Alors, sans un mot, je pris un pas en arrière, feignant l'indifférence, mais à l'intérieur, c'était tout autre chose. Mon cœur battait plus fort, mais je ne pouvais pas me permettre de flancher.

Il me fixait toujours, mais il n'ajouta rien. Pas un mot. Et c'était ce silence, encore une fois, qui m'énervait le plus. Ce n'était pas tant ce qu'il disait, mais ce qu'il ne disait pas.

Je m'éloignai rapidement, mon esprit encore en vrac, complètement perturbée par cette interaction silencieuse. Mais je savais qu'il ne m'en resterait pas là. Il reviendrait. Toujours. Et je n'étais pas sûre d'être prête pour ce qui allait arriver ensuite. Mais une chose était certaine : cette tension entre nous allait bien plus loin qu'un simple affrontement. C'était quelque chose de plus profond, quelque chose qu'on ne pouvait pas ignorer.

Et ce putain de regard d'Ayden, je savais qu'il reviendrait me hanter à chaque rencontre. Je n'étais pas prête. Mais je m'en foutais. Parce que je ne laisserais pas ce connard gagner. Pas cette fois.

DAYDREAM [DARK ACADEMIA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant