2-AYDEN

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        — ENTRE FEU ET GLACE —

                   La patinoire était un terrain de guerre pour Ayden. Chaque coup porté à la rondelle était une décharge de rage. Une libération. Il frappait sans relâche, avec toute la violence accumulée en lui, comme si chaque mouvement pouvait effacer un peu de la merde qu'il avait sur le cœur. Sur la glace, il se sentait vivant, maître de quelque chose. Tout le reste, la merde dans sa vie, pouvait bien aller se faire foutre.

Il enchaînait les tirs avec encore plus de force, le souffle court, mais ça ne suffisait pas. Il avait besoin de plus. Il avait besoin de faire partir cette putain de colère. Un regard, une putain de pensée, et ça le rendait malade. Et cette pensée, c'était elle. Amara.

Il n'arrivait pas à la sortir de sa tête, et ça le rendait dingue. Elle avec son air calme, son regard perçant, cette petite foutue lueur dans ses yeux qui lui disait qu'elle n'avait pas peur de lui. Il la voyait toujours. Partout. Même quand il était seul sur la glace, à essayer de se concentrer.

Quand il sortit de la patinoire, la première chose qu'il aperçut fut Amara, en train de discuter avec Lila. La merde. Il savait que ça devait être elle. Son regard se posa instantanément sur la rousse. Et il l'entendit, sa voix perçante, comme une flèche qui perçait le silence.

— ... Une façon stupide de se défouler, avait dit Amara.

Ayden s'arrêta net. Il sentit son sang bouillir dans ses veines. Cette petite conne était en train de juger son putain de sport. Pas question de laisser passer ça. Pas question de laisser quelqu'un comme elle parler de son truc comme ça, sans même savoir ce que ça signifiait.

Il s'approcha d'elles d'un pas rapide, ses poings serrés. Il n'était pas de bonne humeur, et ce n'était pas le moment pour qu'elle vienne lui casser les couilles avec ses jugements à la con. Il fixa Amara dans les yeux.

— Qu'est-ce que tu viens de dire ? gronda-t-il, sa voix grave, menaçante.

Amara le fixa un instant, sans aucune trace de peur. Elle n'avait même pas l'air déstabilisée, ce qui l'énervait encore plus. Un petit sourire s'étira sur ses lèvres, et elle répliqua, avec un ton calme mais acerbe.

— Je disais juste que frapper dans une putain de rondelle pour se défouler, c'est ridicule. Tu crois que c'est sérieux, ça ? Tu crois vraiment que ce truc-là va changer quoi que ce soit à ta vie ? Parce qu'il n'y a rien de plus con que de s'imaginer qu'on peut effacer tout avec des coups de patin et une rondelle.

Elle l'agaçait profondément. Il la détestait, mais c'était pas une détestation ordinaire. C'était plus complexe que ça. Elle avait quelque chose qu'il ne pouvait pas ignorer. Cette confiance en elle. Cette conviction qu'elle avait raison, peu importe ce qu'il en pensait. Et ça, c'était insupportable.

— Tu sais de quoi tu parles, toi ? lança-t-il, les yeux noirs, les poings serrés. Tu crois que tout le monde ici frappe dans une putain de rondelle pour s'amuser ? Ce n'est pas un putain de jeu, c'est ça qui nous garde en vie. C'est la seule chose qui nous permet de tenir tête à tout ce qui nous tombe dessus. Mais je suppose que t'as pas compris, hein ? C'est plus facile de juger sans savoir ce qu'on vit, pas vrai ?

Amara haussait les épaules, comme si ses mots ne lui faisaient ni chaud ni froid. Mais ce qui le faisait chier, c'était qu'elle ne reculait pas. Au contraire, elle en rajoutait, avec son regard toujours aussi perçant. Elle n'avait pas l'air d'avoir peur de lui. Et ça, ça le foutait vraiment mal.

— Oh, je vois, toi tu crois que c'est la solution à tout, hein ? répliqua-t-elle d'une voix calme, mais pleine de défi. Tu frappes pour oublier. Tu frappes pour te vider, pour te dire que tu es quelqu'un d'important. Mais au fond, tu sais aussi bien que moi que ça ne change rien. C'est juste une putain de façon de cacher la merde qui bouillonne à l'intérieur. Un moyen de t'échapper sans vraiment affronter les choses.

Il la détestait de plus en plus. Mais quelque chose en lui, quelque part, savait qu'elle n'avait pas totalement tort. C'était ce qui le rendait fou. Parce qu'elle parlait de lui, de sa vie, de sa façon de faire. Mais il n'allait pas l'admettre. Pas à elle.

— Et toi, qu'est-ce que tu crois ? répliqua-t-il en se rapprochant d'elle, l'air menaçant. Tu danses autour de la glace avec tes pirouettes à la con, comme si ça allait te rendre spéciale. Mais ça va te servir à quoi, à la fin ? Parce que, spoiler : dans ce monde-là, t'es qu'une putain de poupée. Si tu veux que les gens te respectent, tu dois leur prouver quelque chose. Et ça, tu ne peux pas l'acheter avec des sourires et des pirouettes.

Amara ne recula pas. Bien au contraire, elle se planta devant lui, le défi gravé dans son regard.

— Je vais te dire un truc, Ayden, dit-elle d'une voix froide, mais déterminée. Je suis là pour prouver que je suis bien plus que ça. Je n'ai pas besoin de ton putain de respect pour savoir ce que je vaux. Mais je vais te foutre dans ta putain de merde, parce que, contrairement à toi, je suis prête à me battre. Et quand tu auras compris que frapper dans des rondelles ne change rien, je serai là pour te rappeler que tu n'es qu'un putain de mec de merde qui fuit.

Un silence lourd s'installa entre eux. Elle le regarda un dernier instant, avant de se détourner et de partir. Son attitude était implacable, et ça le rendait encore plus dingue. Elle n'avait même pas l'air de se soucier de ce qu'il pensait. Elle était prête à l'affronter. Et Ayden, lui, n'avait aucune idée de comment réagir à ça.

Il se tenait là, les poings tremblants de rage. Il avait l'impression que tout son univers s'était mis à vaciller. Parce qu'il ne pouvait pas ignorer le fait que cette fille, cette putain de rousse, le mettait en lumière de la manière la plus merdique possible. Mais il savait aussi que ce qu'il venait de vivre n'était que le début.

Le début d'un putain de combat qu'il n'était pas prêt à perdre. Et il allait devoir la revoir. Il allait devoir la défier. Parce qu'elle allait le rendre fou. Et il n'était pas sûr de savoir pourquoi.

DAYDREAM [DARK ACADEMIA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant