Chapitre 20: Questionnements

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Côme



Je me réfugiai dans mes cartiers, là où personne ne viendrait m'importuner. Ma terrasse offrait une vue splendide sur le royaume, ce qui était l'un des rares plaisirs que je m'octroyais dans cet immense palais. Je pris un verre de vin, appréciant son goût presque identique à celui que j'avais bu sur Terre. Ce monde avait ses similarités, des échos qui me faisaient parfois sourire. Et, dans un moment de relâchement, un rire amer m'échappa en repensant à tout cette histoire. Mais mes pensées, inévitablement, dérivèrent vers Alana, désormais en route vers ses épreuves.

J'entendis des pas derrière moi. Sans même me retourner, je sus que c'était Constance. Sa présence se faisait toujours ressentir, une ombre élégante mais insistante.

— Voilà, j'ai demandé à mon frère de veiller sur Alana, murmura-t-elle avec une certaine fierté, comme si elle attendait une reconnaissance de ma part.

Je me contentai d'un simple signe de tête, continuant de regarder l'horizon. Sa satisfaction se heurta à mon indifférence, mais elle poursuivit, sa voix se teintant de curiosité.

— Pourquoi fais-tu cela ? Pourquoi lui donner cette chance ? Si elle n'a pas d'alliés, elle pourrait mourir... Ce n'est pas ce que tu voulais ?

Je restai silencieux. Les réponses que je pourrais lui donner étaient trop complexes pour être partagées, surtout avec elle. Constance, frustrée par mon mutisme, s'approcha davantage, cherchant à me provoquer.

— C'est une famille de traîtresses. Tu aurais dû la tuer sur Terre, là où elle n'aurait jamais pu se défendre. Ça aurait été plus simple.

Je fermai brièvement les yeux. Bien sûr que j'avais envisagé cette option. Mais maintenant, les choses étaient différentes. Je ne pouvais plus revenir en arrière, et cette idée s'était éteinte au fur et à mesure que mes certitudes s'effritaient.

Constance s'approcha encore, sa main glissant sur mon torse. Je la laissai faire un instant, mais bientôt je saisis doucement sa main et la repoussai. D'une voix calme, presque détachée, je lui dis :

— Constance, c'était un ordre, pas une faveur. N'oublie pas ta place.

Son regard se durcit, blessée par mon indifférence. Elle se détourna, visiblement irritée par cette distance que je maintenais.

— Comme tu voudras, mon prince, dit-elle en insistant sur le titre, avec une froideur calculée.

Une fois seul, je retournai à ma contemplation, cherchant dans l'horizon une forme de réconfort. C'est alors que je vis, près de la forêt, des silhouettes qui en émergeaient. Au début, je crus que c'était des soldats de retour d'une mission habituelle, mais je remarquai vite que plusieurs boitaient, d'autres étaient soutenus par leurs camarades.

Je posai mon verre et descendis rapidement vers le palais principal, où je savais que mon père et le général devaient être informés de leur arrivée. Lorsque j'atteignis la salle, j'aperçus le général et mon père en pleine discussion avec le chef de l'escouade. Le visage grave, l'atmosphère tendue.

Je m'avançai discrètement, écoutant chaque mot échangé. Mon père remarqua ma présence, tout comme les autres hommes, mais il n'interrompit pas le récit du soldat.

Son visage était marqué par l'épuisement, sa voix tremblante d'une terreur contenue, et ses mains légèrement tremblantes trahissaient l'ampleur de ce qu'ils avaient affronté. Ils revenaient d'une planète, dans l'univers 100, où ils avaient mené une mission de routine... jusqu'à ce que tout dérape. Une attaque soudaine de créatures sauvages, semblables à celles qu'Alana avait déjà affrontées sur Terre, les avait pris en embuscade. Ils n'avaient pas eu le temps de réagir.

Le général écoutait, étrange, plus silencieux que d'ordinaire. Il se tenait droit, le regard fixe, mais quelque chose dans sa posture semblait tendu, comme s'il savait davantage que ce qu'il laissait paraître.

Je pris la parole, incapable de cacher mon interrogation.

— Je ne comprends pas... comment l'équipe a-t-elle pu se faire attaquer ? Je pensais que la menace était Alana... et les bêtes qui nous ont attaqué était des créatures de la planète Sorus.

Le soldat acheva son rapport, salua, et rejoignit ses camarades pour recevoir les soins nécessaires. Un silence pesant s'installa dans la salle. Il ne restait que mon père, le général et moi. Je posai mon regard sur mon père, espérant des réponses, une direction à suivre dans cette situation qui me semblait de plus en plus obscure.

— Père, il faut absolument fermer les frontières et les portails des univers, dis-je, la voix pleine de détermination. Les épreuves ont commencé, et Alana est en danger si ces créatures se déplacent aussi librement entre les mondes.

Mon père hocha la tête, mais je vis une légère hésitation dans son regard avant qu'il ne réponde.

— Cette année, comme tu le sais, c'est notre royaume qui organise les épreuves, Côme. Le général supervise personnellement les épreuves. Tant qu'elle est sous sa vigilance, Alana ne risque rien.

Je lançai un regard rapide au général. Malgré les assurances de mon père, quelque chose en lui me mettait mal à l'aise. Il avait évité mes questions à plusieurs reprises, et l'affaire du dossier d'Alana me hantait toujours. Pourquoi m'avait-il caché certaines informations ? Je n'avais pas de réponses, mais mes soupçons restaient vifs.

Mon père revint au sujet principal, les sourcils froncés.

— Ces créatures... Elles ne devraient pas avoir accès à nos passages. Comment se sont-elles retrouvées sur le chemin de nos soldats ? Général, il faudra envoyer une équipe sur place pour neutraliser cette menace.

Le général acquiesça, mais avant de donner son assentiment complet, il se tourna vers mon père, un éclat calculateur dans le regard.

— Majesté, il est possible que ce ne soit pas une simple invasion de créatures sauvages. Le royaume de l'Eau pourrait être impliqué. Depuis la mort d'Abrina, nos relations sont tendues. On a eu des conflit avec les autres pays heureusement qu'on a peux ce re solidifier avec eux. Officiellement, le pays de l'Eau participe aux épreuves pour honorer nos traditions, mais ils ont cessé toute exportation et importation avec nous. Une véritable guerre froide s'installe. Peut-être est-ce leur manière de tester notre défense.

Je plissai les yeux, partagé entre la méfiance et la perplexité. Les pièces de ce puzzle se mêlaient en un ensemble confus. Le royaume de l'Eau... Pourquoi ? Ils ne savent qu'on la retrouvée.

Je m'efforçai de garder mon calme et de réfléchir clairement. Si cette suspicion vis-à-vis du royaume de l'Eau s'avérait fondée, alors cela voulait dire qu'ils ne voulaient pas d'une nouvelle reine.

— Père, permettez-moi une requête, dis-je finalement. Rappelons l'intérimaire qui dirige actuellement leur royaume. S'il accepte de revenir pour discuter, nous pourrons clarifier cette situation et discerner leurs véritables intentions.

Mon père me regarda, pesant ma demande. Le général, lui, demeura impassible, les yeux légèrement plissés, observant sans mot dire.



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Chapitre court mais la tension commence a monter j'espère que cela vous plait. Bisous bisous

Entre les mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant