5_ un retour a la maison

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Je respirai profondément avant d’ouvrir la porte de chez moi

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Je respirai profondément avant d’ouvrir la porte de chez moi. Je m’étais dit que ce soir, peut-être, tout se passerait bien, que les choses s’étaient calmées et que je n’aurais plus besoin de fuir. J’avais eu un moment de doute plus tôt, mais cette fois, je me sentais prête à affronter ma famille. Je voulais y croire.

Dès mon entrée, une odeur de whisky et de désordre reignait dans la maison. Mon père était affalé sur le canapé, entouré de trois bouteilles de whisky vides. Ses ronflements résonnaient dans le salon, brisant le silence pesant de la maison. Il semblait endormi, perdu dans son ivresse.

Soupirant, je me dirigeai vers le couloir, espérant atteindre ma chambre sans trop attirer l’attention. Mais à peine avais-je posé le pied sur le palier qu’un bruit sourd, suivi de cris, retentit à l’étage. Je montai les escaliers rapidement et poussai la porte de la chambre de mes frères et sœurs. Je les trouvai en pleine dispute : ma petite sœur, furieuse, tirait les cheveux de mon petit frère, qui répliquait en la poussant de toutes ses forces.

— Stop ! Ça suffit, arrêtez ! lançai-je d’une voix forte en m’interposant entre eux.

Je saisis leurs bras pour les calmer, m’efforçant de garder un ton apaisant malgré la fatigue et l’énervement qui me gagnaient.

— Qu’est-ce qui se passe ici ? demandai-je doucement.

Ils baissèrent les yeux, chacun murmurant une excuse, visiblement honteux.

— Ça ne sert à rien de vous battre, vous savez. Allez, calmez-vous, d’accord ? dis-je en posant une main bienveillante sur chacun d’eux.

Une fois la tension apaisée, je quittai leur chambre, espérant qu’ils se comporteraient mieux. Je descendis les escaliers pour vérifier si ma mère allé bien, mais en arrivant dans la cuisine, je la trouvai endormie sur une chaise, le visage épuisé par la fatigue. Un pincement au cœur me saisit en la voyant ainsi, écrasée par les responsabilités et les problèmes qui pesaient sur elle.

Soudain, une odeur de brûlé me ramena à la réalité. Je remarquai une casserole fumante sur la cuisinière. La nourriture avait commencé à brûler. Elle avait tenté de préparer un repas, mais s’était endormie avant de terminer.

En silence, je pris le relais. J’éteignis le feu, nettoyai ce que je pouvais et me mis à cuisiner pour mes frères et sœurs. C’était devenu une habitude de m’occuper de tout dans ces moments-là. La fatigue se faisait sentir, mais je tenais bon. Une fois le repas prêt, je réveillai doucement ma mère, l’aidant à prendre place à table, puis allai chercher mon frère et ma sœur pour les faire manger.

Je restai patiente avec eux, les encourageant à finir leur repas, malgré l’épuisement qui me gagnait aussi. Je les bordai ensuite dans leurs lits, leur murmurant quelques mots rassurants, essayant de leur offrir un semblant de normalité et une enfance banale.

Quand je retournai dans la cuisine, ma mère avait les yeux à moitié ouverts et mangeait en silence, le regard fixé sur son assiette.

— Merci, (t/p)... murmura-t-elle, visiblement reconnaissante, mais trop épuisée pour dire quoi que ce soit de plus.

— Ce n’est rien, maman, répondis-je en forçant un sourire. C’est normal.

Nous mangeâmes en silence, dans une atmosphère presque paisible. J’espérais que mon père continuerait de dormir et ne viendrait pas gâcher ce moment. Mais ce répit fut de courte durée.

Soudain, un cri brisa le calme. La voix de mon père résonna dans toute la maison, rauque et en colère.

— Où est mon whisky !? rugit-il, furieux.

Il s’approchait de la cuisine, ses pas lourds résonnant dans le couloir. Je vis ma mère soupirer, son visage pâle se tournant vers la porte. Elle répondit doucement :

— Il n’y en a plus, murmura-t-elle, ses mots presque étouffés.

Mon père entra en trombe dans la cuisine, son regard déjà chargé de reproches et de rage. Une montée d’adrénaline me saisit et, sans trop réfléchir, je répétai ce que ma mère venait de dire.

— Papa, il n’y en a plus, dis-je d’une voix ferme.

À peine avais-je prononcé ces mots qu’il fronça les sourcils et s’avança vers moi, furieux.

— Insolente ! cria-t-il en levant la main.

La gifle claqua, forte et brutale, brûlant ma joue. Je reculai sous le choc, la douleur irradiante et les larmes me montant aux yeux. Ma mère tenta d’intervenir, mais elle était bien trop affaiblie pour réussir à le calmer.

Sans réfléchir davantage, je me détournai et quittai la maison en pleurant. J’avais voulu y croire, espéré que les choses changeraient, mais une fois encore, tout semblait s’effondrer. Je ne pouvais rien pour aider ma mère ni mes frères et sœurs, et ce sentiment d’impuissance me brisait un peu plus.

Dehors, l’air était frais et il faisait déjà nuit . J’eus un instant l’idée d’appeler Monsieur Smith. Mais la honte et la fierté m’en empêchèrent. Je ne voulais pas qu’il me voie ainsi, vulnérable et désespérée.

Alors, je me dirigeai vers mon banc habituel, dans l’enceinte du lycée. Je m’y allongeai, cherchant un semblant de réconfort dans l’obscurité, et finis par m’endormir, le visage encore mouillé de larmes, espérant que demain serait différent.

unstopable love (t/p)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant