2_enfin une solution

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Comme chaque soir, après la fin des cours, je m'assurai que tout le monde avait quitté le lycée avant de me diriger vers le petit coin isolé où je dormais depuis un moment. C'était une habitude que j'avais prise, une solution pour éviter les problèmes à la maison. Mon banc, dissimulé entre deux buissons près du gymnase, m'offrait un peu d'intimité et de tranquillité.

J'enroulai mon manteau autour de moi pour me protéger du froid. La nuit tombait vite, et chaque soir, il faisait un peu plus frais. Alors que je m'apprêtais à fermer les yeux, des pas résonnèrent sur le gravier. Instinctivement, je me raidis.

Une voix grave et familière brisa le silence.

- (t/p) ? murmura Monsieur Smith, visiblement surpris. Mais... qu'est-ce que vous faites ici, à cette heure ?

Je sursautai, mon cœur battant à tout rompre. Les bras autour de mes jambes, je baissai les yeux, incapable de lui répondre. Comment pouvais-je lui expliquer ce que je faisais ici, sur ce banc, alors que j'étais censée être chez moi ?

- Vous... vous dormez ici ? demanda-t-il d'une voix plus douce, comme s'il réalisait la situation.

- Oui... enfin, pas tout le temps, mais... souvent, répondis-je, gênée. J'ai des problèmes de famille, alors... c'est ici que je viens quand ça devient trop compliqué chez moi.

Il resta silencieux un instant, me regardant avec une expression que je n'avais jamais vue sur son visage, comme un mélange de surprise et de compassion.

- Depuis combien de temps...? finit-il par demander doucement.

- Depuis... un moment, en fait, avouai-je, mal à l'aise. Depuis le collège, j'ai pris l'habitude de dormir dans mon établissement. J'ai l'impression d'être tranquille, de pouvoir respirer un peu... Enfin, jusqu'à ce que l'année soit finie et que je puisse partir pour de bon.

Il prit une profonde inspiration, et je vis à son regard qu'il essayait de trouver les mots justes.

- (t/p), dit-il finalement, vous ne pouvez pas rester ici, seule, la nuit. Ce n'est pas sûr. Vous méritez mieux que de dormir dehors, surtout avec le froid qui s'installe.

Je haussai les épaules, essayant de dissimuler mon malaise.

- C'est pas si terrible. C'est juste pour dormir un peu avant de retourner en cours... J'ai fini par m'y habituer, vous savez.

Il me regarda longuement, comme pour essayer de comprendre. Puis, après une hésitation, il se décida :

- Écoutez... Si vous le voulez bien, vous pourriez... dormir chez moi, les soirs de semaine. Vous aurez un vrai lit, et vous serez en sécurité.

Je le regardai, surprise par sa proposition. Personne, en dehors de quelques amis, ne savait réellement ce que je vivais. L'idée qu'il me propose son aide, sans même que j'aie à demander, me toucha profondément.

- Vous... vous êtes sûr ? Je ne veux pas être un poids pour vous... murmurai-je, encore hésitante.

Il hocha la tête, sa voix plus douce que jamais.

- Je suis absolument certain. Je ne peux pas vous laisser ici alors que je sais maintenant ce que vous traversez. Vous pourrez utiliser la chambre d'amis et le canapé, selon ce qui vous met le plus à l'aise.

Je sentis une boule d'émotion monter dans ma gorge. Sa proposition me touchait énormément, et en même temps, j'étais nerveuse à l'idée d'accepter.

- Merci, monsieur... Je... Je crois que j'aimerais bien, répondis-je enfin, la voix un peu tremblante.

Il m'offrit un léger sourire rassurant, puis se leva.

- Allez, venez. Il commence vraiment à faire froid, et j'imagine que vous êtes fatiguée.

Je pris mon sac et le suivis hors de l'enceinte du lycée. Pendant le trajet, le silence nous enveloppait, mais c'était un silence apaisant, presque bienveillant. Je me sentais curieusement en sécurité, comme si, pour une fois, je n'avais plus à supporter le poids de mes soucis toute seule.

Arrivés chez lui, Monsieur Smith me fit entrer dans une petite pièce chaleureuse, avec un lit simple mais propre, des draps bien pliés et une lampe de chevet qui diffusait une lumière douce.

- Vous pouvez vous installer ici, me dit-il en désignant la chambre. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à demander. Je suis dans la chambre d'à côté. Au fait, appellez moi Alejandro ce sera plus simple.

Je le remerciai, encore un peu hésitante. Alors qu'il s'apprêtait à quitter la pièce, il se retourna, son regard sérieux mais bienveillant.

- Et... (t/p), si jamais vous avez besoin de parler... Je suis là, d'accord ? Vous n'avez pas à porter tout ça seule.

- Euh...merci mons- alejandro...

Je sentis mes yeux picoter et hochai la tête sans pouvoir dire un mot, trop émue par sa gentillesse. Il referma doucement la porte, me laissant seule. Je me laissai tomber sur le lit, savourant le confort du matelas et la chaleur de la pièce.

Ce soir-là, pour la première fois depuis des années, je me sentais en sécurité. Pour la première fois, j'avais l'impression que quelqu'un se souciait réellement de moi. Et pour la première fois, je m'endormis paisiblement, sans crainte pour ce que demain me réserverait.

unstopable love (t/p)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant