VICTORIA
Rome, Italie. Deux ans plus tard.
- Mademoiselle s'il vous plaît, pourrais-je avoir de l'eau ?
- Tout de suite Madame, je lui dis avec un faux sourire.
Je récupère la bouteille vide sur la table de la cliente et me dirige vers le bar à l'intérieur du restaurant. Stella derrière le bar, essuie les verres encore humides du lave-vaisselle.
- De l'eau pour la vieille bique en 110 s'il te plaît ! Je hurle.
Elle me fait les gros yeux, et montre d'un signe de tête l'arrière de mon épaule. Je crains le pire. Je me retourne et vois la femme de la 110 passer devant moi avec son regard furieux. Aïe. Elle se dirige vers les toilettes sans me quitter des yeux et finit par passer la porte.
- Vic tu es décidément la femme la plus aigrie que je connaisse, et pourtant c'est difficile de faire plus que ma mère.
- Je vous remercie madame pour ce compliment.
Je lui fais une révérence, et lui lance un doigt d'honneur pour finir.
Elle est la seule personne qui fait que je travaille encore dans ce restaurant. En même temps, être payé le minimum pour être l'esclave des gens qui ont pour vous moins de respect qu'un chien, ça vous pousse à devenir la personne la plus aigrie sur cette terre.
Je me rapproche du bar dans l'espoir de trouver quelques restes à manger qu'elle aurait pu planquer pour son usage personnel, mais la déception gronde autant que mon ventre qui crie famine quand je découvre qu'il n'y a rien. Abattue, je jette mon dévolu sur ma plus fidèle accompagnatrice : l'eau.
Remplissant mon verre depuis la tireuse, Stella s'approche tel un chat mendiant pour finalement me masser les épaules.
- Je te connais assez pour savoir que ce massage n'est pas dans mon intérêt vital, mais plutôt un moyen de m'amadouer. Crache le morceau, je lui dis en me tournant vers elle.
- Après le service, ça te dit d'aller à notre QG ? me dit-elle en me lançant un de ses sourires narquois.
- Je t'arrête tout de suite, ma belle. On arrive à minuit et on repart maximum à deux heures. Pas plus. C'est compris ?
Elle hoche la tête et sautille comme une enfant qui aurait gagné une sucette. Je sais pertinemment qu'à deux heures du matin nous serons encore en train de danser, mais c'est notre rythme depuis deux mois. On se lève à midi, on va travailler et on sort jusqu'à trois, voire quatre heures du matin.
L'une repart la plupart du temps avec une trouvaille, et l'autre préfère la compagnie de Gracie Abrams sur le chemin du retour.
Inutile de préciser qui.
***
Robe ? Check. Rouge à lèvre ? Check. Talons ? Check.
Nous faisons la queue devant le Qube. Difficile d'appeler cette boîte autrement puisque c'est littéralement un cube. Typique d'une boîte de nuit de grande ville, la file est pleine à craquer.
Derrière nous, des gars se vantent encore de rentrer à la fin de la soirée avec une fille, alors qu'on sait pertinemment qu'ils ne rentreront qu'avec leur gueule de bois. Devant nous, des filles ont pour objectif de se défouler et de danser, comme nous.
Je ne saurais pas dire à partir de quand j'ai accepté que ma vie soit si... décadente.
Ou fausse.
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Grey Love
RomanceCela fait deux ans que Victoria tente d'oublier Roman. Deux ans de sorties pour combler le vide, de séances chez la psy pour alléger ses pensées. Pourtant, malgré tous ses efforts, elle reste prisonnière de ce souvenir, de cet amour qui a laissé des...