Chapitre 7

14 3 0
                                    

VICTORIA

La silhouette d'Hélio s'éloigne, et je me résigne à partir. Impossible pour moi de rester seule avec Roman. Je vérifie le banc espérant ne rien avoir oublié, et ignorant Roman, je me dirige rapidement vers la sortie.

- Je ne savais pas que tu cherchais un mec, dit-il de loin.

Je m'arrête. Il n'a pas osé ? Je préfère me dire que ce que je viens d'entendre n'était que le fruit de mon imagination, sinon je pense que je vais lui exploser la tête.

- Si les candidatures sont ouvertes, je veux bien poser mon CV.

Son CV ? C'est une blague ?

Je me retourne, me précipite vers lui et envoie ma main pour le gifler, mais mon bras reste bloqué à quelques centimètres de son visage. Tenant mon bras dans sa main, il me tire vers lui, rapprochant mon corps du sien, plongeant ses yeux dans les miens.

Le temps me paraît soudainement statique, et mes sentiments combattent ma raison.

Sois forte...

Je retire mon bras de son emprise, et pars décidée à rejoindre une bonne fois pour toute Stella, mais il m'attrape encore une fois le bras m'obligeant à arrêter ma course.

- Cela fait deux ans qu'on ne s'est pas vus et c'est la seule chose que tu as à me dire, petit renard ?

Mon cœur manque un battement. Ce surnom...

***

- Allez Roman ! J'ai trop envie de manger les pâtes au pesto de La Mama ! S'il te plaîîîîît !

Allongés sur le lit, il me saute dessus. Seulement vêtue d'un débardeur d'où ma poitrine déborde et d'un string, je me sens un peu nue, mais avec lui je n'ai aucun problème à me montrer.

Je l'attrape pour lui faire des chatouilles, je sais qu'il les a en horreur et comme je veux à tout prix manger des pâtes de mon restaurant préféré, je continue jusqu'à ce qu'il craque.

- Ok, Ok, t'as gagné on commande ! dit-il en levant les bras en signe de drapeau blanc.

Il m'attrape par le cou pour m'enlacer, et nous fait tous les deux basculer sur le côté. L'odeur de son parfum s'imprègne en moi, me faisant sourire. Cet homme a le don de me faire sourire constamment, c'est fou. Il se détache, et me regarde profondément. La couleur de ses yeux m'a toujours hypnotisée au point de me faire détourner les yeux au début de notre rencontre.

- Avec tes cheveux comme ça on dirait un petit lion... ou un petit renard ! Ça y est j'ai trouvé comment je vais t'appeler maintenant ! Mon petit renard.

Je lui tape dans l'épaule en rigolant.

- On n'avait pas dit que les surnoms ce n'était pas pour nous ? je lui dis en haussant un sourcil

- Effectivement on avait dit que les « petits surnoms culcul la praline » c'était non, mais là c'est juste représentatif.

Il me prend dans ses bras et me chuchote ce surnom si insignifiant pour lui, mais si important pour moi. J'ai été aveugle.

J'aurais dû voir depuis le début qu'il allait me faire souffrir....

***

- Roman ?

- Oui petit renard ? dit-il avec un sourire charmeur.

- Va te faire foutre.

Bien décidé cette fois-ci à lui fausser compagnie, je récupère mon bras et cours vers le restaurant. Derrière moi, je l'entends commencer à courir pour me rattraper, alors j'accélère, toujours en vérifiant en arrière sa localisation. Avec ses longues jambes, c'est sûr qu'il ne va pas tarder à me rattraper, mais je me concentre sur ma respiration en voyant la devanture du restaurant se rapprocher au fil de ma course.

Tu y es presque.

À cinq mètres de mon point d'arrivée, mon pied se prend dans une plaque d'égout, et je heurte violemment le sol. Super. Sonnée, j'essaie de reprendre mes esprits en voyant mon poursuivant se rapprocher de moi.

Je me relève, et découvre l'état de mes genoux sous mon pantalon. J'apprécie moyennement l'expérience du demi-fond après restaurant que Roman m'offre, et il semble que mon téléphone encore moins puisque dans ma chute, il s'est explosé au sol. La vitre est brisée sur un angle ce qui va me contraindre à le faire réparer rapidement si je veux pouvoir le récupérer dans un état potable.

- Fais chier ! je dis complètement rouge de colère.

Essoufflé, Roman arrive à ma hauteur, et finit par reprendre sa respiration penché sur ses genoux. Il m'observe et rit.

- Je ne suis plus trop sûr de vouloir t'affronter en voyant le sort de ton téléphone.

- Tu serais surpris de ma nouvelle compétence en ce qui concerne la gestion de ma colère, je lui réponds avec un faux sourire.

Il s'approche de moi jusqu'à me faire reculer contre une façade d'un bâtiment proche du restaurant.

- Je t'avoue avoir vraiment envie de tester cette nouvelle capacité, dit-il en fixant mes lèvres. 

Ses yeux balancent entre mes lèvres et mes yeux, en sortant le Roman charmeur que j'aimais avant. Ou maintenant ?

Je pose ma main sur son torse pour stopper la proximité entre nous, et je sens son torse si musclé. Calme tes ardeurs Vic.

Si tu penses qu'après deux ans, ta petite technique du bad-boy qui plaque la fille contre le mur marche encore, c'est largement tromper mon grand.

Je le pousse, et fait assez d'espace pour sortir de son emprise. Certaine d'être enfin libre, je souffle enfin, quand il me prend dans ses bras. Son odeur emplit mes narines, et tous les souvenirs remontent d'un seul coup à la surface. C'est trop d'émotion d'un seul coup, et naturellement les larmes apparaissent au coin de mes yeux.

Je tente tant bien que mal de me retenir pour lui rendre son étreinte, mais j'attends cela depuis si longtemps que ma raison doit se battre corps et âme pour résister à mon cœur qui ne demande qu'à se réfugier dans ses bras.

Nous restons comme ça un moment. Lui avec ses bras m'entourant les épaules, et moi luttant contre l'envie irrésistible de cracher sur mes séances de psy, ainsi que mes promesses à Stella. Heureusement pour moi, quelques minutes s'écoulent avant que la porte du restaurant ne s'ouvre sur Stella et Andréa, qui ont dû se demander où nous étions depuis tout ce temps.

Je souffle de soulagement lorsque Roman finit par me lâcher à la vue des deux tourtereaux.

- Je vois que même après tout ce temps tu n'es toujours pas prêt à assumer, je lui dis avec amertume.

- Ce n'est pas..

Je ne le laisse pas finir sa phrase et m'avance auprès de Stella qui me tend la main dans laquelle je me réfugie. Voyant dans mes yeux que la soirée m'a réservé beaucoup plus d'émotions que ce que je ne peux supporter, elle serre ma main comme le ferait une maman.

- Andréa, j'ai été très heureuse de te rencontrer, minaude-t-elle auprès de son nouvel ami, j'espère que nous nous reverrons.

- Vous partez déjà ? dit Andréa qui semble déçue. La soirée ne fait que commencer !

- C'est gentil, mais nous commençons tôt toutes les deux demain, et je ne voudrais pas ressembler à un cadavre à mon réveil.

- Je suis certain que tu es délicieuse au réveil, lance Andréa en lui prenant sa main inoccupée pour la baiser.

Soit je me suis construit un cœur de pierre, soit la situation est dégoûtante. Mais puisque Stella semble apprécier ce baise-main typique du Moyen-Âge, je me dis que le problème vient sûrement de moi. À côté d'Andréa, Roman allume une cigarette, ne lâchant pas son regard vers moi depuis notre séparation, ce qui me rend d'autant plus perturbé qu'il arbore LE sourire. Celui qui m'a fait plonger deux années auparavant.

Je le déteste.

Vous avez fini les chevaliers de la Table Ronde ? On peut y aller Ste ? je lui demande en la poussant vers l'autre côté de la rue.

- Allons-y. Au revoir les garçons ! dit-elle en saluant derrière elle.

Je savais que cette soirée était une mauvaise idée.

***

Grey LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant