Chapitre 3

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VICTORIA

    Allongée sur son petit canapé d'étudiant, je l'observe pendant qu'il enfile son jean lui tombant sur les hanches. Ce gars pourrait clairement s'être échappé d'une exposition de statues grecques. Certes, je refuse d'alimenter le cliché en l'appelant « mon bel Apollon » ,  mais je pense qu'Apollon lui-même serait d'accord pour l'accueillir dans son petit club des « beau-gosses bien musclés ».

    Je ris de ma propre réflexion, ce qui attire son attention depuis la salle de bain.

-       Qu'est-ce qui te fais rire à ce point ? J'aimerais bien t'y voir toi !

   Je m'approche du son de sa voix, et je le trouve en détresse avec son rasoir qui n'a pas l'air de vouloir collaborer face à sa barbe déjà bien trop présente.

-       Tu sais, je n'ai aucun problème avec cette jolie barbe...

    Je sors ce regard qui le fait craquer. En m'avançant vers lui, je maintiens notre contact visuel puis saisis l'arme du crime. Lentement je le mouille, puis applique de la crème sur sa barbe que j'aime tant. Tout en douceur je passe la lame sous son menton, ce qui rend sa respiration plus dure. Je sens ses mains s'approcher de mes hanches dans l'espoir de m'attraper.

-       Si tu ne veux pas que je te tranche la gorge, mieux vaut que tu laisses tes bras là où ils sont.

-       De l'audace ? Décidément tu es pleine de surprise...

    Il m'attrape les hanches et me plaque contre le mur. Ne relâchant pas mon regard de désir pour lui, je sens que quelque chose change. Ses yeux ne sont pas ceux du désir mais... de l'amour ? Mon envie de lui dire se réinstalle alors que je l'avais enfouie depuis des mois.

-       Roman, je t'...

   Il me coupe sèchement en détournant le regard. Rattrapant le rasoir, il continue ce qu'il avait commencé. Sans un regard pour moi, il finit par dire ce qu'il dit toujours.

-       Je pense que tu devrais y aller. De toute façon, je ne vais pas tarder à partir. Je suis persuadé que tu as plein de choses à faire aussi de ton côté.

    Je sens que les larmes commencent à monter. Il ne faut pas. Je récupère mes affaires que j'amasse en boule dans mon sac. J'enfile mes chaussures et sans un regard pour lui, je passe la porte. Dans les escaliers les larmes refusent de coopérer, je les sens de plus en plus au gouffre de mes yeux. Ce n'est qu'arrivée dans ma voiture que j'évacue. Encore une fois...

   L'humidité émergente sur mes joues me fait ouvrir les yeux encore collés par la nuit.

   Pour la cinquième fois de la semaine, ce connard apparaît dans mes rêves. Si ma conscience pouvait me laisser ne serait-ce que cinq secondes de repos la nuit, les cernes sous mes yeux ne seraient pas aussi creusés.

    J'attrape mon téléphone dans le but premier de scroller sur les réseaux avant de voir les messages et appels manqués de Stella. Cinquante ?! Merde.

   Je fais un rapide tour de ses messages, tous me menaçant de mort si je ne réponds pas, puis je tombe sur un ancien message, m'annonçant sa venue dans une heure. Je verrouille mon téléphone, sors de mon lit, ouvre mes volets jusqu'à ce que les calculs me sautent aux yeux : elle arrive dans cinq minutes !

    Je passe devant le miroir. Un cadavre. Impossible qu'elle me voit comme ça. Je saute dans la douche en ayant tout juste le temps de me laver avant que la sonnette ne retentisse.

-       Victoria Chiara Saventi, ouvre avant que je ne défonce cette porte ! Je te préviens que je vais te faire avaler ton téléphone pour tous ces appels et messages auxquels tu n'as pas répondu.

Grey LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant