Chapitre 11

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HÉLIO

    En sortant de la libraire les bras chargés, je décide d'inviter ma mère à prendre un chocolat chaud au café d'en face. Je sais qu'elle l'apprécie pour cette boisson en particulier. Elle n'a pas arrêté de m'en parler ces derniers temps, j'imagine que c'est le moment de réaliser son vœu. De plus, je n'y suis jamais allé personnellement, donc c'est l'occasion d'y jeter un œil, et de me faire mon propre avis.

    En poussant la porte, je découvre un petit café pouvant accueillir une dizaine de personnes au maximum. Des tables se dressent de part et d'autre de la salle à la décoration chaleureuse et de saison, au milieu des briques murales se trouve du lierre orangé abîmé par le temps. J'invite ma mère à s'installer sur la table en coin, proche de l'entrée afin qu'elle puisse s'asseoir sur la banquette, et moi sur la chaise d'en face. Déposant nos achats à côté de notre table, je lui demande ce qu'elle désire tout en sachant sa réponse.

- Un chocolat chaud, s'il te plaît !

Sa réponse me fait sourire, et je me dirige vers le comptoir pour demander nos boissons.

    Sans grande surprise, je commande un grand café latté à la barista qui me fait un grand sourire. Je me tourne vers ma mère qui semble avoir intercepté l'échange, et qui me fait signe de faire un effort pour récupérer son numéro. Je lui fais comprendre d'un contact visuel que ce n'est pas mon intention, et je lis sur ses lèvres « les jeunes d'aujourd'hui ».

   Je me demande si tous les parents ont les mêmes réflexions. Peut-être qu'à la maternité on leur donne un manuel des expressions les plus utiles ?

- Vos boissons monsieur, me dit la barista, je vous ai rajouté de la chantilly pour le chocolat chaud, cadeau de la maison.

- Merci, dis-je gêné.

Je les récupère et rejoins ma mère, qui remarque directement la chantilly.

- J'avais demandé de la chantilly ? m'interroge-t-elle.

- Cadeau de la maison apparemment, dis-je en haussant les épaules.

- Il me semblait bien que la petite barista te draguait ! Alors dis-moi, tu as pu récupérer son numéro de téléphone ?

- Non maman, comme je te l'ai expliqué tout à l'heure, je ne cherche pas l'amour, voyant son air sous-entendu j'ajoute, ni d'aventure d'ailleurs...

Elle rit, et nous savourons nos boissons. J'apprécie les moments en tête à tête avec elle, cela me déculpabilise au fil du temps de ce que j'ai pu lui faire endurer dans le passé. Malgré tout, je reste persuadé qu'elle m'aimera toujours qu'importe ce que j'ai pu ou ce que je pourrai lui faire endurer par la suite. C'est sûrement ainsi que fonctionne l'amour maternel. Peu importe ce qu'il advient, il reste inconditionnel. Je trouve cela magnifique, mais surtout terrifiant.

Aimer quelqu'un inconditionnellement...

Voyant que je suis comme toujours dans mes pensées, ma mère me fixe, interrogative. Elle a sûrement peur que je replonge.

- Alors dis-moi maman, comment va Ava ? dis-je en lui prenant la main sur la table.

- Elle a fait quatre crises la semaine dernière, mais le docteur dit que cela va aller en s'arrangeant avec le temps, surtout grâce à son traitement. D'ailleurs, tu sais que ton père et moi sommes toujours d'avis que ce n'est pas à toi de payer les frais médicaux de ta sœur.

Elle couvre nos mains de la sienne.

- Nous ne voulons pas que les petits boulots te gâchent ton temps libre, d'autant que tu nous avais parlé de reprendre tes études. Où en est ce beau projet ?

- Je ne sais pas si j'en suis capable maman...

Récupérant sa main, elle la place sur ma joue.

- Je sais que tu es capable de grandes choses. Tu es mon Hélio après tout. La lumière de ma vie, continue-t-elle les larmes aux yeux.

- Maman... je t'assure que tout va bien. Je vais me renseigner sur les formations que je pourrais suivre et je vous dirai, à papa et toi, ce que je ferai. Mais pour l'instant concentrons-nous sur Ava.

- En ce moment c'est un peu dur pour elle, car elle a peur que le traitement ne fonctionne pas complètement sur ses crises à long terme. Même si les progrès de la médecine sont phénoménaux, elle continue de souffrir. Elle n'a que quatorze ans, mon bébé...

- Bientôt quinze, si je peux me permettre.

Elle me donne un petit coup dans l'épaule, mais retrouve le sourire.

C'est le plus important.

- Avec ton père nous pensons qu'un petit week-end ailleurs lui ferait du bien, dit-elle avec malice.

- Tu penses à un endroit en particulier ?

- Nous nous disions que vous pourriez aller voir votre tante à Paris. Surtout qu'avec ses livres, ta sœur à tendance à romantiser tout ce qui touche à l'amour ; Paris en fait partie. Le problème étant que nous sommes très pris les week-end comme tu le sais...

Hum..

Je connais ma mère. Quand elle veut me demander quelque chose, elle ne le fait jamais directement, mais par le biais de devinettes. Je devine d'ailleurs dans sa phrase une de celles-ci.

- Tu voudrais que je l'accompagne, n'est-ce pas ? je lui propose.

- Ce serait génial ! Tu es un grand frère formidable ! s'exclame-t-elle en m'attrapant par le coup. Évidemment nous vous paierons les billets, et le reste.

Paris.... voilà bien longtemps que nous ne nous sommes pas vus toi et moi.

***

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⏰ Dernière mise à jour : 4 days ago ⏰

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