Je repris conscience brusquement, assise sur ma chaise dans l'amphithéâtre. Tout semblait flou, comme si je me réveillais d'un rêve dont je ne me souvenais pas. Les murmures des autres étudiants, le grincement d'une chaise, le froissement des pages... Chaque son me percutait comme un coup de marteau. Je sentais mon cœur battre à toute allure, mais je ne savais pas depuis combien de temps ça durait. Mes mains tremblaient, froides et moites à la fois, et je peinai à respirer.
Je me levai d'un coup, mes jambes vacillantes sous moi. Mes pensées étaient confuses, désordonnées, mais une idée était claire : il fallait fuir. Je ne pouvais pas rester là. J'attrapai mon sac sans vraiment réfléchir et courus vers la sortie, mes pas résonnant bruyamment dans l'amphithéâtre silencieux.
Les regards se tournèrent vers moi, je les sentais me brûler la peau. Chacun de ces yeux semblait peser une tonne. « Pourquoi ils me regardent comme ça ? » Une voix en moi hurlait, une autre murmurait. Mais je n'écoutais ni l'une ni l'autre. Je ne savais même plus si elles étaient réelles.
En claquant la porte derrière moi, un cri s'échappa de ma gorge, incontrôlable, profond, animal. Il déchira l'air et résonna dans le bâtiment vide. J'entendais l'écho revenir à mes oreilles, déformé, presque moqueur.
Je m'adossai au mur, glissant lentement jusqu'au sol. Ma poitrine se serrait comme si une main invisible l'écrasait. Je suffoquais, ma respiration se bloquait dans ma gorge, haletante et irrégulière. Une chaleur intense montait le long de mon cou, alors que des picotements engourdissaient mes mains et mes pieds. Mon champ de vision rétrécissait, les murs semblaient se rapprocher, prêts à m'engloutir.
Mes pensées tournoyaient : « Je vais mourir. Quelque chose ne va pas. Mon cœur va s'arrêter. » Je n'arrivais plus à distinguer le réel de mes peurs. Les tremblements s'intensifièrent, mes muscles se raidissant presque douloureusement.
Une porte s'ouvrit au loin, suivie de bruits de pas précipités. Une femme apparut, probablement une professeure, la cinquantaine, un regard inquiet. Elle s'accroupit doucement devant moi, parlant d'une voix calme.
— Ça va aller, respirez... Inspirez profondément. Vous êtes en sécurité.
Ses mots me parvenaient comme à travers une brume, lointains, presque irréels. Je ne pouvais pas répondre, ni bouger. Mon corps ne m'appartenait plus. Une partie de moi sombrait dans la panique, l'autre s'efforçait désespérément de s'accrocher à quelque chose, n'importe quoi.
La femme posa une main sur mon épaule, un contact doux mais ferme. Je ne savais pas si c'était ce geste ou le simple fait qu'elle restait là, immobile et présente, mais peu à peu, l'étau autour de ma poitrine commença à se desserrer. Ma respiration, encore saccadée, retrouvait un semblant de régularité.
— Voilà, doucement. Vous allez y arriver.
Les larmes coulèrent sans que je puisse les retenir, un flot libérateur mais aussi chargé de honte. Je ne savais pas ce qui venait de se passer, mais une chose était sûre : je ne pouvais pas continuer comme ça.
Très vite, des sirènes retentirent au loin, se rapprochant rapidement. L'écho dans le bâtiment vide me donnait l'impression qu'elles venaient de partout. Deux silhouettes se penchèrent sur moi : une femme et un homme, vêtus de l'uniforme du SAMU. Leurs gestes étaient précis, mais leurs paroles floues, lointaines.
— Pouls rapide, mais stable. Respiration irrégulière. Vous m'entendez, mademoiselle ?
Je voulus répondre, mais aucun son ne sortit de ma bouche. Leurs voix se mêlaient à une cacophonie intérieure, comme si je nageais dans un océan de brouillard. J'entendais leurs mots sans les comprendre, les syllabes se perdaient dans ma tête.
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Celles et Ceux
Science FictionUne jeune femme, en quête de stabilité dans sa vie d'adulte, se retrouve perturbée par des trous de mémoire inexplicables. Chaque épisode semble la rapprocher d'une réalité cachée qu'elle peine à comprendre. Un jour, l'odeur d'un parfum familier déc...