J'avais couru jusqu'à chez James, le souffle court, les jambes lourdes comme si j'avais traîné des chaînes tout au long du chemin. Mon esprit tournait à plein régime, essayant de trouver une solution, mais tout me semblait flou, irréalisable, hors de portée. Arrivée devant sa porte, je frappai frénétiquement, presque désespérée, comme si mes coups étaient un appel au secours silencieux.
James ouvrit presque immédiatement, ses yeux s'agrandissant d'inquiétude en me voyant.
« Avelia ? Qu'est-ce qui se passe ? » demanda-t-il, alarmé, en m'attirant à l'intérieur.
Je ne pus prononcer qu'un mot, ou plutôt un souffle étranglé : « Expulsion... »
Le reste se noya dans des sanglots incontrôlables. Il me fit asseoir sur le canapé, cherchant à me calmer, tandis que mes pensées s'éparpillaient dans toutes les directions. J'avais appelé les assurances, parlé aux banques, cherché des solutions avec une énergie frénétique, mais rien, absolument rien, ne semblait fonctionner.
Chaque réponse que j'avais reçue ressemblait à une claque : "Ce n'est pas couvert." "Nous ne pouvons rien faire dans l'immédiat." "Vous auriez dû anticiper." À chaque refus, mon espoir s'amenuisait, remplacé par une colère sourde et un sentiment d'impuissance écrasant.
James, toujours à mes côtés, attrapa mes mains tremblantes dans les siennes.
« D'accord, raconte-moi tout, depuis le début. On va trouver une solution. »
Sa voix se voulait rassurante, mais je pouvais y percevoir une pointe d'inquiétude. Entre deux sanglots, je lui expliquai l'avis d'expulsion, l'homme odieux au téléphone, les refus catégoriques des assurances, et cette spirale infernale qui semblait m'engloutir.
« Je n'ai plus de chez moi, James... » murmurai-je, ma voix brisée par l'épuisement.
Ces mots résonnèrent dans la pièce, lourds de leur réalité. Je n'avais nulle part où aller. L'idée même d'être à la rue, de devoir tout recommencer, encore, me pétrifiait.
James se passa une main dans les cheveux, visiblement en train de réfléchir à toute allure.
« Écoute, Avelia, ce n'est pas la fin du monde. D'accord ? Tu peux rester ici autant que tu veux. On va contacter un avocat, revoir tes options... Tu n'es pas seule dans cette galère. »
Sa proposition me toucha, mais une part de moi hésitait. Était-ce vraiment une solution ou juste un pansement sur une plaie béante ?
Je me recroquevillai sur le canapé, les genoux ramenés contre ma poitrine, fixant un point invisible sur le tapis. J'étais épuisée, comme si un bus m'avait roulé dessus, mais il y avait encore cette voix au fond de ma tête qui refusait de baisser les bras.
James, comme s'il avait deviné mes pensées, posa une main ferme mais douce sur mon épaule.
« Tu es forte, Avelia. Plus forte que tu ne le crois. Je suis là, et on va s'en sortir. »
Pour la première fois depuis des heures, je me permis de respirer un peu plus profondément. Peut-être qu'il avait raison. Peut-être qu'avec un peu de temps, de soutien, je pourrais surmonter ça. Mais pour l'instant, tout semblait s'écrouler autour de moi.
Je tentais de me calmer, mais c'était une bataille perdue d'avance. James avait contacté l'avocat, et le retour fut comme un coup de marteau sur une vitre déjà fissurée : rien. Aucun espoir. Tout ce qu'il avait obtenu, c'était des réponses vides, inutiles. Plus nous essayions de nous extirper de ce gouffre, plus nous semblions nous y enfoncer.
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Celles et Ceux
Science FictionUne jeune femme, en quête de stabilité dans sa vie d'adulte, se retrouve perturbée par des trous de mémoire inexplicables. Chaque épisode semble la rapprocher d'une réalité cachée qu'elle peine à comprendre. Un jour, l'odeur d'un parfum familier déc...