Chapitre : Une tension sous-jacente

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Les semaines passèrent, et avec elles vinrent les batailles sur la piste. Pourtant, chaque réunion FIA ou événement sponsorisé semblait devenir une scène pour leur propre duel silencieux.

Christian remarquait des détails qu'il n'avait jamais vus avant. La façon dont Toto écoutait avec une attention désarmante, sa voix grave qui résonnait dans les salles de réunion. Toto, de son côté, se surprenait à attendre les piques de Christian avec impatience, comme si elles étaient devenues une sorte de jeu privé entre eux.

Un soir, après une réunion particulièrement longue, ils se croisèrent dans un couloir désert près des motorhomes. Le silence entre eux était chargé de sous-entendus.

— Vous savez, Horner, finit par dire Toto, votre obsession pour Mercedes devient presque... personnelle.

Christian sourit, mais son cœur battait plus vite.
— Peut-être que vous êtes juste trop distrayant, répondit-il, sa voix plus basse que d'habitude.

Pour la première fois, Toto sembla troublé. 

Un bref silence s'installa entre eux, aussi dense que le brouillard d'une piste humide. Les échos des voix et des outils venant des garages semblaient lointains, comme étouffés par la tension palpable qui les entourait. Toto fixa Christian, ses yeux clairs semblant scruter au-delà des mots.

— Distrayant, vraiment ? demanda-t-il enfin, une note d'ironie adoucissant son ton. Vous me flattez, Horner. Mais ce n'est pas votre genre, si ?

Christian haussa les épaules, tentant de masquer son propre trouble derrière une façade désinvolte.
— Je dis simplement ce que je pense. Vous devriez le savoir maintenant, Toto. Je ne mâche jamais mes mots.

Un sourire en coin étira les lèvres de Toto, mais cette fois, il semblait moins maîtrisé, presque sincère.
— C'est ce qui vous rend intéressant, j'imagine.

Le regard de Christian vacilla une fraction de seconde. Intéressant ? Ce mot, glissé dans la conversation avec une désinvolture déconcertante, résonna dans son esprit. Était-ce un compliment ? Ou un nouveau jeu de manipulation, un coup de maître pour le déstabiliser ?

— Vous trouvez ? répondit-il, son ton légèrement moqueur, cherchant à reprendre le contrôle.

Toto croisa les bras, s'appuyant nonchalamment contre le mur du couloir. Sa posture dégageait toujours cette assurance implacable, mais il y avait autre chose. Une lueur dans son regard, une ouverture inhabituelle.

— Bien sûr. Vous êtes... imprévisible, et ce n'est pas quelque chose qu'on rencontre souvent dans ce milieu. Vous avez un don pour rendre les choses... intéressantes.

Cette fois, c'était au tour de Christian de détourner brièvement les yeux. Il sentit sa mâchoire se contracter légèrement, un réflexe qu'il ne pouvait réprimer face à cette étrange franchise.

— Et vous, vous êtes toujours aussi calculé, répliqua-t-il. Comme si tout ce que vous disiez ou faisiez était pensé trois coups à l'avance. Vous cachez quelque chose, Toto.

— Peut-être, admit Toto avec un léger sourire. Ou peut-être que c'est vous qui cherchez trop à comprendre.

Le silence revint, mais cette fois, il n'était pas inconfortable. Il était chargé d'une intensité subtile, un mélange de défi et de quelque chose d'autre qu'aucun des deux hommes n'osait nommer.

Finalement, ce fut Christian qui rompit le contact visuel, secouant légèrement la tête comme pour se libérer d'une pensée parasite.
— Il se fait tard, murmura-t-il. J'ai des pilotes à gérer demain.

Toto inclina légèrement la tête, sans le quitter des yeux.
— Bien sûr. Bonne nuit, Horner.

Christian tourna les talons, s'éloignant d'un pas rapide dans le couloir faiblement éclairé. Mais à mesure qu'il s'éloignait, il sentit un poids étrange dans sa poitrine, une sorte de frustration qu'il ne parvenait pas à définir. Était-ce parce qu'il n'avait pas eu le dernier mot ? Ou parce que, pour la première fois, il avait l'impression d'avoir vu quelque chose de réel derrière la façade impeccablement construite de Toto Wolff ?

De son côté, Toto resta immobile, les bras croisés, fixant l'endroit où Christian venait de disparaître. Une pensée qu'il ne pouvait repousser s'insinua dans son esprit : Et si cette rivalité devenait autre chose ?

La nuit s'installa sur le paddock, mais l'intensité entre eux, elle, ne fit que croître.

entre tension et vitesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant