Chapitre : les murmures du paddock

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Quelques jours après la réunion de Bakou, les premiers murmures commencèrent à parcourir le paddock, comme un souffle porté par les vents capricieux de la Formule 1. Rien de précis, juste des impressions, des détails que certains observateurs aguerris ne pouvaient ignorer.

Lors d'un dîner informel entre directeurs d'écurie, Zak Brown, toujours prompt à repérer les tendances et les rumeurs, lança d'un ton malicieux :
— On dirait que l'atmosphère entre Red Bull et Mercedes s'est... détendue ces derniers temps. Qui aurait cru que Christian et Toto pourraient devenir... amicaux ?

Les éclats de rire retentirent autour de la table, mais Otmar Szafnauer ne tarda pas à ajouter, son sourire en coin laissant entendre qu'il n'était pas dupe :
— Amicaux ? Tu veux dire proches ? Ça expliquerait pourquoi ils disparaissent toujours en même temps lors des soirées.

Cette fois, les rires furent encore plus bruyants, certains y voyant une blague légère, d'autres une possibilité troublante. Au bout de la table, Christian et Toto, assis à bonne distance l'un de l'autre, feignirent de ne pas réagir.

Christian, un verre de vin à la main, se contenta de sourire vaguement, concentrant ostensiblement son attention sur Frédéric Vasseur qui parlait stratégie. Toto, quant à lui, affichait son habituelle expression impassible, mais ses doigts jouaient distraitement avec le bord de son assiette, un tic qui ne trompait que ceux qui ne le connaissaient pas bien.

Une fois le dîner terminé, Toto et Christian quittèrent la salle séparément, chacun saluant les autres avec une maîtrise parfaite. Pourtant, dans un couloir moins éclairé, à l'écart des regards curieux, ils se retrouvèrent comme par hasard.

— « Amicaux », vraiment ? murmura Christian, un sourire ironique aux lèvres. Ils commencent à devenir dangereux, ces dîners.

Toto leva un sourcil, croisant les bras avec son flegme habituel.
— Les rumeurs n'ont jamais effrayé personne, Christian. Tu devrais le savoir.

Mais derrière son ton calme, il y avait une lueur d'agacement, peut-être même d'inquiétude. Christian, en revanche, semblait plus détendu, presque amusé par la situation.
— Oh, tu sais comment ça fonctionne ici. Un simple sourire, et le paddock te marie avec quelqu'un.

Toto pencha légèrement la tête, son regard scrutant celui de Christian.
— Et toi, ça ne t'inquiète pas ?

Christian haussa les épaules.
— Si c'était le cas, je ne serais pas ici.

Le silence qui suivit fut chargé, mais ce n'était plus celui de l'incertitude. C'était une sorte d'accord tacite entre eux : ils savaient à quoi ils s'exposaient, mais pour une fois, ni l'un ni l'autre n'était prêt à reculer.

Les jours suivants, les murmures s'intensifièrent. Des regards échangés un peu trop longtemps dans les paddocks, des départs simultanés après des réunions, ou encore des sourires à peine dissimulés lors des briefings alimentaient les suspicions.

Un après-midi, alors qu'ils quittaient un débriefing FIA, Zak Brown, fidèle à lui-même, s'approcha de Christian, un sourire narquois aux lèvres.
— Tu sais, Horner, si je ne savais pas mieux, je dirais que toi et Toto complotez quelque chose. Peut-être une fusion des écuries ? Mercedes Bull, ça sonne bien, non ?

Christian ne se démonta pas, affichant son habituel sourire sarcastique.
— Je te laisse rêver, Zak. Red Bull n'a pas besoin de fusionner pour rester en tête.

Mais alors qu'il s'éloignait, il sentit le regard de Zak peser sur lui, comme s'il cherchait à déceler quelque chose de plus profond.

Dans ce monde où chaque détail était scruté, Christian et Toto savaient qu'ils jouaient une partie dangereuse. Mais le risque, étrangement, ajoutait un frisson supplémentaire à ce qui les unissait.

entre tension et vitesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant