Chapitre : le coup de grâce

1 0 0
                                    

Après la course, les pilotes, ingénieurs et directeurs se retrouvèrent dans une soirée privée organisée par un sponsor prestigieux. L'ambiance était décontractée, l'atmosphère légèrement brumeuse sous les éclairages tamisés, les verres de champagne circulant comme si la soirée ne devait jamais finir. Les conversations allaient bon train, entre rires et échanges effusifs sur les performances de la course. Les visages se détendaient après l'intensité des heures passées sur la piste, et dans ce cadre festif, il semblait qu'aucun regard curieux ne pourrait percer les secrets enfouis sous la surface.

Au cœur de cette soirée, Zak Brown, toujours prompt à saisir une occasion pour attiser un peu le feu, leva son verre avec un sourire malicieux et déclama fort et clair pour capter l'attention de tous :

À la Formule 1, au drame sur la piste... et à ceux qui trouvent l'amour là où on s'y attend le moins !

Un éclat de rire général traversa la salle, l'humour de Zak parfaitement exécuté pour détendre l'atmosphère. Mais derrière les rires, certains regards se tournèrent furtivement vers les deux hommes que tout le monde commençait à observer de plus près : Toto et Christian. Bien qu'ils soient assis à des tables séparées, leurs positions étaient suffisamment proches pour qu'on puisse percevoir l'échange d'un regard, peut-être imperceptible pour ceux qui ne savaient pas ce qu'ils cherchaient, mais indéniable pour ceux qui l'avaient remarqué.

Frédéric Vasseur, qui avait déjà consommé quelques verres de vin et semblait s'amuser de la situation, ne put s'empêcher d'ajouter avec un sourire en coin :

Oui, vraiment, les rivalités passionnées peuvent mener à des rapprochements... intéressants.

Ses mots étaient portés par l'alcool et l'atmosphère légère, mais la façon dont il lança cette phrase en direction de Christian et Toto ne laissait aucun doute sur la cible de sa remarque. Christian, bien qu'habitué à jouer avec l'ironie et l'humour, sentit la chaleur lui monter aux joues. Il se racla la gorge, fit mine de ne pas entendre, et prit une gorgée de son verre pour dissimuler sa gêne croissante. Le regard de Toto, cependant, était resté calme, impassible, presque détaché. Il offrit à Frédéric un sourire tranquille, sans la moindre trace de trouble, comme s'il n'y avait rien de plus naturel que d'être ainsi observés.

Mais sous la surface lisse de son apparence calme, Toto savait que les choses devenaient de plus en plus compliquées. Les regards étaient de plus en plus insistants, les rires de plus en plus chargés de sous-entendus. Christian, de son côté, essayait de maintenir sa façade, mais au fond de lui, il savait que l'équilibre fragile qu'ils avaient tenté de préserver s'effritait à chaque instant.

Leurs gestes, leur proximité, même l'innocence de leurs échanges, étaient désormais scrutés sous un autre angle. Et bien que le monde autour d'eux semblait tourné vers la fête et les célébrations, une autre réalité, plus lourde, commençait à prendre forme. Leurs sourires étaient devenus des témoins d'un secret qu'ils n'étaient plus sûrs de pouvoir garder longtemps.

entre tension et vitesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant