Chapitre 7

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Je suis rentré chez moi il y a deux jours.

Et depuis, je passe mes journées à couver ma chambre au grand dam de mon père qui passe son temps à me dire de grandir un peu et de cesser de faire l'enfant.

Je ne pense pas être un enfant.

Je ne crois pas qu'affronter en permanence son passé, aussi sombre que le sont les abysses et leur chant déroutant, convient à un bambin de n'importe quel âge.

Je pense même que ça ne convient à aucun individu.

Combattre la dure réalité d'une harmonie opaline qui défie les lois du temps, et qui ne cesse de nous suivre à la trace, ne rend heureux personne.

J'ai traversé la lourde épreuve que constitue un deuil. Et voilà qu'aujourd'hui, j'ai l'impression que cette douleur sirupeuse revient me coller à la peau. Comme une vieille amie longtemps oubliée.

Je suis peut-être maudit, et condamné à revivre cette lourde période de ma vie marquée par l'assujettissement.

Pire encore, je sens que cette fois-ci mon besoin primaire de curiosité prend le pas sur le reste.

Un corps a été retrouvé dans l'enceinte de l'université. Et pour ma part, ça en est autant scandaleux qu'intriguant.

Qui ? Pourquoi ? Comment ? Quand ?

Mes pensées tournent à foison dans mon esprit. Je ne peux plus m'arrêter, comme si j'avais appuyé sur un bouton devenu impossible à désactiver.

Je me perds déjà souvent dans mes réflexions suite à mon trouble de l'attention, mais là, c'est devenu bien pire.

Ça fait deux jours que je suis retourné chez mes parents et pourtant, il m'est difficile de braquer mes idées vers autre chose.

Ça recommence. Encore un mort.

L'écho du chaos et de la désolation revient vibrer dans mon être entier.

Mes membres tremblent quand j'enveloppe mes jambes de mes bras pour me mettre en boule sous ma couette.

J'essaie de fermer les yeux pour bloquer l'arrivée tonitruante de mes pensées, mais elles ne font que s'accroître.

Est-ce que c'était un accident ? Est-ce que c'était un meurtre prémédité ? Est-ce que c'est une bagarre ou un règlement de compte qui a dérapé ? Est-ce que le coupable est un élève, un professeur, ou un agent d'entretien ?

Faites que ça s'arrête.

Quelques fois, il est rassurant d'avoir autant de réflexion, puisque ça me permet de ne jamais me sentir réellement seul.

Mais en cet instant précis, j'aimerais que ce tourbillon cesse un instant pour m'autoriser à prendre une bouffée d'air frais à travers l'amas de ce désordre sans fin.

« Isaé : J'ai reçu un mail, je pense que toi aussi. Les cours reprennent vendredi à midi. Ça nous laisse trois jours de plus pour se reposer. On pourra se rejoindre sur le perron central, je t'y attendrais avec Jimin. »

La vibration de la notification résonne contre mon bras sous lequel est calé mon téléphone.

Mon écran s'allume pendant une fraction de seconde, et j'y prête le peu d'attention suffisante pour parvenir à lire les mots de la jeune femme.

Encore trois jours de repos ? Je devrais en être reconnaissant, mais j'ai le sentiment que si je reste enfermé dans cet appartement pendant encore plusieurs heures, jamais mes pensées ne se tariront.

𝐸𝑐𝑐𝑒𝑑𝑒𝑛𝑡𝑒𝑠𝑖𝑎𝑠𝑡【 TaekookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant