CHAPITRE V

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CERTAINS PROVERBES ONT DU BON

Cher journal,
Il y a des jours où je me dis que certains proverbes mériteraient d'être révisés. Par exemple : « Ce qui ne te tue pas te rend plus fort.» Franchement? Non. Ce qui ne me tue pas m'épuise, me rend grognon et probablement dépendante au chocolat.
Et quand je pense au fameux «à chaque jour suffit sa peine» je me demande si les proverbes ont été inventés par des gens qui travaillaient dans des bureaux climatisés avec vue sur la mer. Car pour ma part, dernièrement, ma vie ressemble plus à : « À chaque heure suffit son désastre. »

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À l'heure du déjeuner, j'ai besoin de prendre l'air. Cette matinée a failli avoir raison de moi. Le travail que De Luca m'a assigné pour les jours à venir est titanesque, et j'ai la désagréable impression que cela lui procure une certaine satisfaction de me charger comme un mulet. Comment tous ceux qui travaillent sous sa supervision directe réussissent-ils à ne pas laisser transparaître leur stress ? De mon côté, cela fait à peine quelques jours, et j'ai déjà l'impression de porter un énorme un panneau lumineux sur le front : « Attention, personne angoissée en approche!»

Alors que je savoure mon dessert dans un parc, mes pensées ne cessent de dériver vers De Luca. Comment peut-on être aussi exigeant et insensible tout en se montrant capable d'une attention telle celle de la chemise ? Cette contradiction m'intrigue autant qu'elle me déroute. Est-ce une tactique pour me déstabiliser, ou simplement sa façon d'être ? Je m'emmêle dans mes propres réflexions, alors qu'il pourrait tout aussi bien être un robot dénué d'empathie envoyé sur terre pour se débarrasser des employés sans sourciller. Un Terminator en costume trois-pièces. Oui, ce petit fond de haine continue de crépiter en moi, comme une braise qui refuserait de s'éteindre.

Je rassemble mes affaires pour retourner au bureau lorsque mon téléphone vibre. Le prénom de ma grande sœur, Olivia, s'affiche sur l'écran. Rien que de voir son prénom, je sens la pression redescendre.

— Salut, Liv !

— Hey, sœurette ! Je n'ai pas eu de tes nouvelles depuis un moment. Comment ça va ?

— Ça va...

Olivia soupire et je peux presque imaginer son froncement de sourcils. Celui qui marque ses traits chaque fois qu'elle s'inquiète pour moi.

— Essaie encore, mais cette fois, avec un peu plus de sincérité.

— Ça va, maman ours, je la taquine. C'est juste que... ça pourrait aller mieux.

— Qu'est-ce qui se passe ?

— Disons que mon nouveau patron ne me facilite pas la vie.

— Attends... tu n'es plus chez Voluptas ?

— Si, mais Jane a eu un accident de ski, et je me retrouve sous la houlette directe de De Luca.

— Quoi ? s'écrie-t-elle presque. Ton super boss à la braguette sécurisée que tu as surpris en pleins ébats à la fac ?

— Celui-là même, je me morfonds.

Ma sœur connaît chaque détail de ma vie, et l'affaire De Luca ne fait pas exception. Je lui résume donc les derniers jours d'enfer que je traverse. Une fois ma tirade terminée, elle laisse planer un silence avant de lâcher :

— Garde la tête haute, Allie. Ne te laisse pas marcher dessus et ne te laisse pas intimider par son attitude. Peut-être qu'il va te pousser dans tes retranchements, mais il va aussi te faire grandir. Montre-lui simplement ce dont tu es capable.

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⏰ Dernière mise à jour : 9 hours ago ⏰

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