SKIER EST DANGEREUX POUR LA SANTÉCher journal,
Mon père avait l'habitude de dire que c'est quand le puits se tarit que l'on se rend vraiment compte de la valeur de l'eau. Aujourd'hui, je crois que je commence à comprendre ce qu'il voulait dire par là...{•••}
Dans cette vaste comédie qu'est la vie, peu de situations rivalisent avec l'embarras de surprendre deux personnes en pleins ébats. Pourtant, il en existe une bien pire : surprendre son propre patron dans une telle posture. Et si cet événement fait déjà de moi une sacrée poissarde, imaginez mon désarroi quand cela m'est tombé dessus non pas une, mais deux fois ! Oui... deux fois.
C'était il y a une éternité, à l'université pour être précise, mais le destin, avec son sens de l'humour douteux, a fait de l'homme que j'ai surpris, deux fois je le rappelle, le patron de l'entreprise pour laquelle je travaille aujourd'hui. Ou, plus exactement, le sort a fait de moi son employée. Cerise sur le fraisier, il n'est pas simplement le dirigeant de cette entreprise, il en est aussi le fondateur. Il fallait qu'il soit en plus le type d'individu charismatique qui, parti de rien, a bâti une multinationale de renom avant même ses trente-cinq ans.
Alors oui, lors de ces incidents que je qualifierais de très fâcheux, il était en dernière année de faculté et moi en première, mais pour moi qui n'avais encore jamais vu le loup avant ça... Eh bien, disons simplement que j'ai été servie. Ces images se sont incrustées dans ma mémoire et ont refusé de s'en effacer pendant un très long et pénible moment.
Le comble de l'ironie ? Car il y a clairement toujours un cran supplémentaire dans les abysses de l'horreur. C'est qu'avant notre rencontre officielle, je n'avais aucune idée de l'identité de mon patron. Oh, et prenons un instant pour parler de cette fameuse rencontre. Bien plus mortifiante que le jour où j'ai glissé dans un champ d'orties pendant une sortie scolaire en primaire. Dorian de Luca m'a surprise, le regard rivé sur son entrejambe. Pas sur son costume taillé à la perfection ni sur sa coupe de cheveux parfaitement maîtrisée ou encore sur ses yeux perçants, non, sur son entrejambe. À ma décharge, j'ai été percutée de plein fouet par des souvenirs indésirables. L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais plutôt que de détourner le regard comme l'aurait fait n'importe quelle personne sensée, j'ai lancé un mensonge désastreux : « Je crois que votre braguette est ouverte. » Résultat ? Tous les employés présents à cette réunion ont braqué leur attention sur son bas-ventre. Lui ne m'a pas quitté des yeux une seule seconde, comme s'il avait une confiance absolue en sa foutue braguette. Je n'ai jamais été pétrifiée par un regard aussi sombre que le sien ce jour-là alors que ses yeux sont d'un vert encore plus vibrant que les éclats d'une émeraude. C'est dire !
Dieu merci, dans mon malheur, il n'a pas semblé me reconnaître. Ce poste est une véritable aubaine, et travailler pour une entreprise aussi prestigieuse que celle du patron à la braguette sécurisée n'est pas donné à tout le monde. C'est même la principale raison pour laquelle je n'ai pas démissionné sur-le-champ après cette humiliation cuisante. J'ai écopé du doux surnom de « zipgirl » au passage et j'ai continué les jours suivants comme si de rien n'était.
Comment me suis-je retrouvée à travailler pour un patron dont je ne connaissais pas l'identité ? C'est assez simple en réalité. Jane, ma responsable, a entendu parler de moi par l'intermédiaire de sa nièce. Cette dernière avait participé à la semaine de festivités que j'avais organisée entre les étudiants de notre université et de celle avec laquelle nous sommes jumelés aux États-Unis. Un événement que j'ai proposé et dont j'ai eu la charge de bout en bout pendant plus d'une année. J'ai piloté ce projet en jonglant avec une équipe de plus d'une cinquantaine de personnes tout en terminant ma dernière année de master en communication et médias. Plannings, devis, réservations, prestataires, activités, hébergements, administratif... Bref, un événement qui fut une belle réussite. C'est ici qu'intervient Lisa, qui a fait opérer sa magie sans même s'en rendre compte. En vantant mes mérites auprès de sa tante Jane pendant un repas de famille, elle a indirectement suscité l'intérêt du bras droit du patron d'une des plus grandes entreprises événementielles françaises. Jane, qui, comme vous l'aurez compris, est le fameux bras droit, m'a proposé de passer un entretien pour rejoindre son équipe dans la foulée. Une offre impossible à refuser. D'une part, parce que le groupe Voluptas Events est le Saint Graal de l'organisation événementielle. D'autre part, pour une raison un peu moins glamour, mais bien plus terre à terre : les mensualités de mon prêt étudiant et les factures qui s'accumulaient dans le tiroir de mon entrée. Car oui, ce genre d'opportunité ne se présente pas tous les jours.
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SUR UN FIL
RomanceVous allez adorer le détester... Pour Aleena, Dorian de Luca est un cauchemar incarné. Glacial, condescendant et visiblement allergique aux émotions, il incarne tout ce qu'elle déteste. Travailler en étroite collaboration avec lui ? Très peu pour el...