SUR UN FIL

CHAPITRE VII

UNE HISTOIRE DE RESPECT ET DE PLANTE VERTE

Cher journal,
Est-ce que je suis la seule à penser que traiter les autres avec respect devrait être une norme et non un exploit héroïque à part entière ? Parce qu'à en juger par mon quotidien avec De Luca, le respect semble être une espèce en voie de disparition. Un peu comme les dinosaures... mais en moins impressionnant. Chaque jour ressemble à un concours de celui qui osera le moins respecter l'autre. Moi avec mes gaffes dignes d'un mauvais bêtisier et lui... lui en étant simplement lui-même en réalité. Oh et spoiler alert : je perds souvent.
Je me demande parfois si je suis juste trop sensible, trop rapide à m'indigner, ou est-ce que les gens ont effectivement la mauvaise habitude de prendre des libertés parce qu'ils savent qu'ils peuvent ? Peut-être que je m'attends trop à ce qu'on me traite avec la même considération que celle que j'offre aux autres. #NaïvetéQuandTuNousTiens
Je devrais peut-être juste arrêter de réfléchir et adopter une attitude de Barbie sans âme, avec un sourire figé et un regard vide. Oui, ça aurait l'avantage d'être plus simple, mais je crois qu'en réalité il est grand temps de faire une pause, de prendre du recul et de réfléchir sérieusement. Est-ce que je veux vraiment continuer à être cette personne stoïque, figée comme une Barbie, face à ceux qui se croient tout permis, ou est-ce que je ne devrais pas plutôt appuyer sur le bouton auto-destruction et disparaître comme Storm Shadow*.
À méditer.
Aleena Sorrentino,
Touchée par la grâce de la réflexion aujourd'hui.
(*Oui, cher journal, tu ne rêves pas, j'en suis réduite à une référence G.I. Joe.)

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Être sans cesse sur le qui-vive ces derniers jours est épuisant, physiquement et mentalement. Ce matin, sous la douche, j'ai donc pris une décision radicale : je vais aligner mon jeu sur celui de De Luca, et ce, dès aujourd'hui. Mes boucles sont admirablement domptées, ma tenue plus soignée que jamais, et mes talons claquent avec assurance sur le sol alors que je me dirige vers son bureau. Changer le rapport de force ne sera pas facile, voire impossible, mais je peux au moins jouer dans la même cour.

Il est 7h00 pétantes lorsque je frappe à sa porte. Pas une seconde de plus, pas une de moins. L'absence de réponse immédiate me surprend. Aurais-je enfin... Je n'ai pas le temps de terminer ma pensée que la porte s'ouvre soudainement sur un De Luca aux sourcils si froncés qu'ils forment presque une ligne nette.

— Vous vous moquez de moi ? gronde-t-il d'un ton cinglant.

Je reste interdite.

— Je...

— Vous ai-je donné l'impression que c'était une question ? me coupe-t-il.

— J'ai...

— N'êtes-vous pas capable de respecter un simple horaire ?

Sa voix tranchante fait bouillonner mon sang. Qui croit-il être pour me rabaisser ainsi ? Voluptas Events n'est pas la seule entreprise événementielle au monde ! Qu'il aille se faire voir ! Cette fois, c'en est trop.

— Pour qui vous prenez-vous pour me parler de la sorte ? je lâche en enfonçant un doigt accusateur dans son torse... particulièrement ferme.

— Un instant, Vincent, fait-il entre ses dents serrées.  

Je me fige comme un écran Windows juste avant une mise à jour imprévue. Vincent ?
Avec un mélange d'horreur et de consternation, je le vois porter la main à son oreille pour couper d'une pression le micro de son AirPod. Oh, bon sang !