CHAPITRE VI

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OÙ L'ART SUBTIL DE NE PAS SE FAIRE VIRER... DE NOUVEAU

Cher journal,
Je crois qu'il existe une règle universelle, gravée dans les étoiles : plus tu es déterminée à ne pas te ridiculiser, plus l'univers prend ça comme un défi personnel. Sérieusement. C'est comme si ma vie était une sitcom géante et que quelqu'un là-haut riait à gorge déployée en tirant les ficelles de mon destin.
Je ne sais pas si c'est un signe pour que je change de métier, de planète ou juste d'amis (Tia, si tu lis ça un jour, sache que tu es la pire des meilleures amies).
Tout ce que je sais, c'est que ce matin aurait pu être ma rédemption, le moment où je prouverais enfin à De Luca que je suis une professionnelle accomplie. Au lieu de ça, j'ai réussi à atteindre un niveau de gêne jamais répertorié dans l'histoire de l'humanité.
Si l'univers pouvait cesser de tester ma patience, je lui en serais reconnaissante.
Cordialement, Aleena Sorrentino.

{•••}

Ce matin, je pourrais presque crier ma joie à l'univers. Il n'est que 7h00, et pourtant, me voilà déjà installée dans l'un des fauteuils devant le bureau de De Luca. Je ne bougerai pas d'un poil jusqu'à 7h25 précises. Heure à laquelle je frapperai à sa porte avec toute l'assurance que j'ai pu rassembler depuis ma discussion avec Olivia. Sans petit déjeuner et avec mon matériel de travail sécurisé dans mon sac en toile préféré que Tia m'a rendu hier soir. Rien, absolument rien, ne viendra gâcher cette matinée. Je me sens invincible, prête à affronter De Luca et à lui prouver ce dont je suis capable. Jane ne m'a pas recrutée par hasard. Elle croit en mes compétences et il est temps que De Luca le comprenne aussi. Il me suffit de garder ça en tête, et tout ira bien.

À 7h25 précises, je me lève, lisse ma tenue, et frappe à sa porte avec détermination. Pas besoin de me demander s'il est présent, je sais qu'il l'est.

— Entrez, tonne sa voix grave depuis l'intérieur.

J'inspire profondément pour rassembler mes pensées avant de me glisser dans la tanière du loup. Je m'avance prudemment en sécurisant le moindre de mes pas avec la lanière de mon sac bien en main. Je le répète, rien ne pourra entacher cette matinée. Il n'y a donc aucune raison de paniquer.

Sa présence emplit l'espace, même sans bouger et je ne suis pas surprise de le voir déjà absorbé par l'écran de son ordinateur, le visage aussi fermé qu'une porte blindée. Il relève la tête pour m'accueillir et son regard impitoyable me scrute un instant avant qu'il ne se lève pour me tendre la main d'un geste mesuré. Je prends soin de poser mes affaires sur la chaise avant de la serrer. C'est furtif, vraiment furtif, mais je crois discerner un léger frémissement sur l'un des coins de sa bouche. Impossible. Probablement une hallucination.

— Bonjour, Mademoiselle Sorrentino, me salue-t-il d'un ton poli mais distant.

— Monsieur De Luca, je réponds sobrement en tentant d'injecter dans ma voix un calme que je ne ressens pas du tout.

À ma légère déception, il ne regarde même pas sa montre. Comme s'il avait déjà pris ma ponctualité pour acquise. D'un geste bref de la main, il m'invite à m'asseoir. Je m'installe, prête à le remercier une nouvelle fois pour le matériel mis à ma disposition, mais il me coupe net avec une question totalement inattendue :

— Avant que nous n'entamions les tâches de la journée, pourriez-vous m'éclairer sur un point ?

Je hoche la tête, m'attendant à une question technique, une demande de clarification sur un dossier ou une directive quelconque.

— Zipgirl ?

Le mot flotte un instant dans l'air, et je sens aussitôt mes joues chauffer. C'est la dernière chose à laquelle je m'attendais, et j'en suis momentanément déstabilisée. Sa voix est aussi sérieuse que d'habitude. Ce n'est visiblement pas une blague ou une tentative de briser la glace. Il semble juste intrigué.

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