Noa
Allongé là, le silence nous ayant pris au piège, plus aucun son ne semblait réussir à passer mes lèvres. Mon regard plongé dans le sien, tout en moi paraissait s'être calmé, l'envie et la rage m'envahissant ayant laissé place à une sensation étrange, bien plus douce et lancinante. Une seule question se gravant dans mon esprit...
Pourquoi son regard semblait autant m'appeler, m'étais-je demandé, sans réellement croire que cela pouvait être possible. Je l'avais toujours connu si solitaire, si fort, si indépendant comme s'il ne semblait n'avoir jamais eu besoin de personnes tant il repoussait chaque personne tentant de l'aider.
Ses iris s'assombrissant, il avait brusquement brisé ce contact, celui-ci se retournant pour se mettre dos à moi dans un geste qui paraissait avoir été un véritable effort pour lui.
Restant là, un instant sans bouger, j'avais hésité à m'avancer, hésité à l'approcher, tandis que mon corps semblant prendre le contrôle, je m'étais finalement lancé.
Posant ma main avec hésitation sur sa hanche nue, un courant électrique me parcourant, j'avais senti une certaine détresse m'envahir, comme s'il était en train de sombrer en cet instant, me retrouvant impuissant face à ce qui émanait de lui.
Bloquer entre l'envie de me lancer et celle de ne rien faire, j'avais osé, dans un geste au départ hésitant, le rapprochait de moi, le prenant finalement dans mes bras comme dans un dernier espoir de pouvoir le rattraper de cette chute, dans un dernier espoir de ne plus le sentir sombrer.
Et blotti à présent contre lui, je ne pouvais m'empêcher de me dire que cela était étrange de sentir ce vide en moi se combler un instant le temps de cette étreinte. Étrange de se dire qu'un vide aussi énorme pouvait être comblé par un geste pourtant si anodin. Du moins c'est ce que je ressentais en cet instant, c'était comme si les poids que j'avais portés si longtemps, étaient devenus des plumes, me rendant si léger, si en paix, que j'en aurai sûrement tout donné pour ne pas remettre les pieds sur terre, une certaine peur me ramenant malheureusement contre mon grès.
Mon cœur s'accélérant face à tant d'émotion, l'anxiété se mélangeant à ses sentiments étranges qui m'avait toujours terrifié... Je ne pouvais nier qu'une partie de moi avait terriblement envie de fuir en cet instant, à la simple idée de tomber dans ce piège qui m'avait toujours terrorisé tant il était blessant.
À l'époque, j'avais vu mon père être éperdument amoureux de ma mère qui, le jour où la mort lui avait enlevé, l'avait anéanti... « L'amour fait mal, mais il en vaut la peine », m'avait-il dit ce jour où je lui avais parlé de mon inquiétude d'aimer en sachant que je perdrais sûrement un jour cet amour, comme lui...
Me demandant toujours si l'amour disparaissait vraiment ou s'il restait, passant simplement de joie éphémère à douleur éternelle....
Et toujours contre moi, sa chaleur me réchauffant, je sentais tout en moi tétanisé à la simple idée de s'habituer si rapidement à cette chaleur que je désirais tant. Tout en moi me rendant malgré cette peur incapable de fuir.
Incapable de me résoudre à partir et me refuser à l'avoir lui, Ash Miller, cet être si énervant qu'il rendrait probablement chèvre n'importe qui, qui essaierait de le comprendre ou ne serait-ce que de l'approcher. Tout en moi étant sur d'une chose, je ne voudrais qu'il ne soit dans aucun autre bras que les miens, mais était-je vraiment prêt à l'accepter ?
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Ash
Me retournant, je ne pouvais soutenir son regard plus longtemps, tandis que je sentais tout en moi hurlait, tout en moi se fissurer face à lui, mes boucliers cédant face à ses bras. Fermant les yeux, je tentais de m'enfermer à nouveau dans ma bulle, celle qui me protéger depuis bien longtemps, celle qui, je l'espérais, me ferait fuir loin de toutes ces émotions étranges que je ressentais pour lui.

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À l'unisson
Roman d'amourAsh Miller et Noa Williams, deux joueurs de football américain rivaux appartenant respectivement aux Faucons de Feu et aux Éclairs Nocturnes, nourrissent une animosité profonde depuis leurs débuts. Cependant, leur rivalité atteint son paroxysme lor...