L'autre Granger (dramione)

Chapitre 37

Élie n'allait pas bien, constata Pansy en finissant son petit déjeuner. Cela faisait déjà plusieurs jours que Pansy remarquait les cernes sous les yeux de la jeune fille et surtout ses insomnies constantes. En effet, systématiquement au milieu de la nuit, Élie se réveillait en sursaut avant de descendre à la salle commune. Pansy, qui avait essayé tant bien que mal de savoir si tout allait bien, avait toujours essuyé un refus. Pourtant, ce matin, la Serpentard avait bien cru devoir emmener son amie à l'infirmerie après qu'elle a failli tomber dans les escaliers, étant trop faible sur ses jambes.
Drago, qui avait suivi le regard de Pansy, examina lui aussi la verte et argent, bien plus pâle que d'habitude. Heureusement qu'on n'a pas d'entraînement, pensa-t-il en finissant sa pomme ; il manquerait plus que je perde un joueur avant notre match contre Gryffondor.

Élie, qui avait passé une mauvaise semaine, traînait les pieds pour aller en cours d'histoire de la magie. C'était une des pires matières pour elle. Se concentrer à entendre un homme parler de façon monotone pendant des heures lui donnait qu'une envie : dormir. D'ailleurs, dormir, elle aurait adoré faire cela pendant au moins trois jours, mais sa tête en avait décidé autrement, car elle faisait des cauchemars de plus en plus horribles. Je vais devenir folle, pensa-t-elle en entrant dans la salle.

J'aime la vie, pensa Daphné en écrivant le cours d'histoire avec la plume que Théodore lui avait offerte. J'aime ce cours, j'aime mes amis, j'aime Théodore, j'aime ma vie. Depuis le bal, Daphné était sur un petit nuage. Théodore, qui l'avait embrassée le soir même, l'avait invitée le lendemain à la bibliothèque, où les deux tourtereaux avaient pu profiter de leurs premiers instants. C'était magique, continua Daphné en regardant le ciel par une fenêtre.
À ses côtés, sa meilleure amie Pansy n'était pas en reste. Elle aussi, depuis le bal, était complètement, irrésistiblement amoureuse. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi ; après tout, c'était un Weasley ! Mais sa manière de sourire, sa façon de la regarder, ou encore ses blagues qui ne faisaient rire que parce qu'elles n'avaient aucun sens... Pansy aimait cela ! Elle n'avait pas besoin de faire semblant avec lui, ni de faire attention à ses manières. Une fois, elle était venue sans maquillage et les cheveux complètement ébouriffés par le vent, et tout ce qu'il avait dit, c'était : "Tu veux un bonbon ?". Cet homme est un grand glouton, pouffa Pansy, mais au moins, se reprit-elle mentalement, il faisait attention à elle.

J'EN PEUX PLUS, J'EN AI MARRE ! cria mentalement Blaise, entouré de ses amis, qui semblaient tous, depuis une semaine, niais au possible. Comment en est-il arrivé là ? À regarder ses amis complètement givrées ? Au moins, seul Drago semblait encore avoir toute sa tête. Enfin, plus pour longtemps à mon avis, souffla Blaise en voyant son meilleur ami jeter des coups d'œil à Hermione Granger.
- Ça va, je te dérange pas au moins ? dit Blaise en donnant un coup de coude au blond.
- Mais tu n'es pas bien ? s'écria Drago en regardant son ami.
- Figure-toi que non, je ne vais pas bien, dit Blaise en croisant les bras. Depuis quand tu me lâches pour une fille ?
- Je te lâche... pour quoi ? Mais je ne comprends pas ? dit Drago, qui ne comprenait pas les émois de son meilleur ami.
- Ah bon ! Je t'ai appelé environ trois fois, et cela fait dix minutes que tu n'as rien écrit sur ta feuille, donc tu m'abandonnes, moi et les études, finit Blaise.
- Mais... pfff, trouve-toi une meilleure occupation que de me casser les oreilles, dit Drago avant de sourire. Dis donc, Blaise ?
- Hummm, fit le garçon en écrivant les dernières paroles du professeur.
- Ne me dis pas que tu boudes parce qu'Élie t'a mis un râteau ? demanda Drago en essayant de ne pas rire.
Blaise, qui se tourna vers Drago, avait un regard qui aurait pu tuer quelqu'un à ce moment précis.
- Ce n'est pas parce qu'elle a passé devant la plus belle occasion de sa vie que je vais pleurer pour son sort. Sache que je suis aimé de presque toutes les femmes. Et le « presque » est infime, termina Blaise en plissant les yeux.
- D'accord je voulais juste savoir, dit Drago en levant les mains.

- Ce n'est pas possible ! cria Élie en se prenant la tête. Je vais devenir folle, pourquoi je ne trouve rien ! Cela faisait plus de deux heures qu'Élie cherchait dans la bibliothèque un ouvrage qui pouvait l'aider. Pourtant, malgré ses recherches depuis le début de l'année, ses efforts étaient loin d'être récompensés. Allumant une deuxième bougie, elle chercha dans la section des livres interdits un énième ouvrage dans le domaine de la prophétie.
Ses amis pensaient qu'elle faisait des cauchemars et qu'elle restait dans la salle commune pour essayer de se détendre en révisant. C'était la version officielle qu'elle donnait, mais depuis le début de l'année, chaque nuit, elle se faufilait dans la bibliothèque pour trouver un indice, un minuscule indice qui pourrait lui permettre de comprendre ce qui lui était destiné.

En se rasseyant sur une chaise, elle reprit ses notes. Sur la première feuille, elle avait recopié ce que lui avait dit le serpent lors de l'incident avec les Serdaigles :
« La bataille n'est pas finie. Le pire est à venir, alors prépare-toi, petite brindille. »
Élie essayait de déchiffrer ce que voulait bien dire son ami d'enfance, mais sans résultat. Cependant, elle avait bien compris que cela était lié à la prophétie qu'elle avait entendue de la bouche de Voldemort.
Le Seigneur des Ténèbres parlait souvent seul, et Élie, qui n'hésitait pas à le suivre comme son ombre, se souvenait encore de bribes de phrases prononcées par cet horrible individu.
Elle n'avait jamais compris leur sens, mais tout s'était éclairé quand elle avait entendu la prophétie elle-même lui chuchoter les phrases à son oreille lors de son rendez-vous au ministère. S'infiltrant dans la salle où étaient réunies toutes les prophéties, Élie avait décidé de la voler, car elle savait deux choses : cette prophétie était liée à sa famille, et si cette prophétie existe, elle se réalisera forcément.

Donc, elle devait être prête à ce qui l'attendait, elle et sa sœur, afin que le monde ne sombre pas une deuxième fois dans les ténèbres, un monde qui ne pourra pas compter sur un deuxième Harry Potter.