Chapitre 29

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Hermione, qui avait déjà terminé de planifier la décoration et le thème du bal, se tourna vers Drago, qui finissait le menu.
- Alors, commença-t-elle en se raclant la gorge, qu'est-ce qu'on fait au sujet des cavaliers ?
- Des cavaliers ? demanda Drago en levant la tête et en fronçant les sourcils.
- Oui, est-ce qu'on demande aux élèves de venir accompagnés ou peuvent ils venir seuls ?
- Hum, personnellement, je ne verrais pas un bal sans cavalière, mais si tu souhaites quelque chose de plus contemporain, on peut faire ça, réfléchit Drago.
- Disons que, si nous leur demandons d'avoir un accompagnateur, dit Hermione en fuyant le regard de Drago, on sera obligés d'y aller ensemble.
- Alors, dit doucement Drago, si ma présence te gêne à ce point, on peut faire un bal contemporain, finit-il en haussant les épaules pour montrer son indifférence, même si, malgré lui, il était un peu dégoûté que Granger ne veuille même pas de lui pendant une seule soirée.
- Bien sûr que ta présence me gêne ! réagit Hermione.
- Ah bon ? Parce que je suis un ancien mangemort ? dit Drago furieux.
- Non, je n'ai juste clairement pas envie de m'associer à celui qui nous a harcelé Harry, Ron et moi pendant plusieurs années parce que tu te sentais plus puissant. Je n'ai pas envie d'y aller avec toi, parce que tu as toujours été horrible avec moi, et même si ton attitude a bien changé depuis le début de l'année, sache que je ne suis pas dupe ! Tu es comme ça juste pour une seule raison : qu'on ne pense pas que tu n'es qu'un être arrogant comme ton père, cupide de pouvoir !
Ayant fini sa tirade, Hermione se rendit compte qu'elle s'était levée et avait haussé le ton. Mais malgré cela, elle ne ressentit aucun remords ; après tout, il le méritait !

Drago, qui n'avait rien dit, se tourna vers la fenêtre et commença à parler :
- Assieds-toi, Granger, je vais te raconter ce que peu de personnes savent de moi.
Hermione, qui en avait marre des non-dits, s'assit pour enfin clarifier la situation avec Drago. En effet, depuis le début de l'année, elle ne pouvait pas s'empêcher de penser au passé en le voyant, ce qui renforçait sa rage et sa tristesse héritées de la guerre.
- Quand je suis allé à Poudlard, je n'avais qu'un but, dit-il en regardant droit dans les yeux notre Gryffondor. Mon seul désir était d'entrer à Serpentard. Pas parce que j'en rêvais, pas parce que je voulais rendre fier mon père ou encore continuer un héritage familial, mais je l'ai fait pour elle, la seule personne que j'aime plus que ma propre vie.
- Ta mère ? demanda Hermione en fronçant les sourcils.
- Non, Hermione, dit-il en fermant les yeux. Cette personne, la plus chère à mes yeux, était ma petite sœur.
- Tu as une sœur ? réussit à articuler Hermione, choquée par l'information qu'elle venait de recevoir.
- Oui, elle s'appelait Astrid et c'était l'être le plus doux que je connaisse. Quand ma mère est tombée enceinte, j'avais trois ans et ce n'était pas forcément une bonne nouvelle. Les Malfoy sont réputés pour n'engendrer qu'un seul héritier mâle. Mon père l'avait accepté et pensait que ce serait un garçon, comme tous les sangs purs. Mais le jour où ma mère a accouché, ce fut une fille qui naquit. Mon père, furieux, ne voulait pas que la société sache qu'une Malfoy était née, trahissant toute la légitimité de notre famille, qui n'engendrait que de grands sorciers. Alors, il décida de la supprimer.
- Il l'a tuée ? s'écria Hermione, horrifiée.
- Non, mon père ne pouvait pas, malgré lui, tuer l'un de ses enfants, car il savait que ma mère ne le lui pardonnerait jamais. Alors, il enferma ma sœur dans le sous-sol, une cellule pas plus grande qu'une chambre. Forcément, mon père avait bien compris que ma plus grande faiblesse était l'amour que je portais à ma sœur. Donc, pour que je devienne le Malfoy que je suis, il m'ordonnait de faire tous les faits et gestes qu'il voulait au risque que ma sœur n'en subisse les conséquences. Lorsque je t'ai vue prendre ces sorts d'endoloris , confessa Drago, je n'ai pas tressailli car j'avais déjà vu ma petite sœur en recevoir des dizaines et des dizaines.
Drago ricana sombrement.
- Tu sais pourquoi il ne l'a jamais tuée, Granger ? demanda-t-il à la brune muette, avec des larmes qui coulaient sur ses joues.
- Tout simplement parce qu'il voulait l'offrir au Seigneur des Ténèbres comme épouse, déclara-t-il. Voilà pourquoi j'étais chez les Mangemorts, pourquoi je suis une personne horrible : je n'avais qu'une seule chose en tête pendant toutes ces années : sauver ma sœur avant qu'il ne soit trop tard, avant que le Seigneur des Ténèbres ne me la prenne pour toujours.

Après avoir fini son monologue, Drago baissa la tête vers le sol et continua dans un sanglot.
- Le jour où Potter a tué Voldemort, ma mère et moi sommes parties au manoir pour la délivrer. Mais arrivés devant le perron, nous avons découvert que tout le sous-sol avait explosé. Un espion de l'Ordre du Phénix a fait exploser le bâtiment sans savoir que ma sœur était présente. Ma sœur est morte sans avoir jamais vu le soleil, Granger. Et je ne me le pardonnerai jamais.
- Ce n'est pas ta faute, souffla Hermione en s'essuyant les yeux. Tu n'étais qu'un enfant qui s'est fait manipulé par son père.
- Sache, Granger, que je ne t'ai jamais insulté pour le plaisir ou parce que je le pensais. Je l'ai fait car je n'avais pas le choix, dit-il. Et tu es la seule, avec ma mère, qui connaît ce secret.
- Pourquoi me l'avoir confié ? demanda alors Hermione, surprise.
- Car tu es la seule qui peut comprendre ce que c'est d'avoir la sensation de perdre sa sœur. Toi aussi, tu pensais que ta sœur était morte. Je comprends maintenant pourquoi tu es aussi ravagée depuis la rentrée, mais n'oublie pas que, par rapport à moi, ta sœur est en vie.

Les deux préfets se regardèrent alors sans un mot, comme s'ils essayaient de partager leurs douleurs par leur regard. Ce fut Hermione, se rendant compte qu'elle l'avait jugé trop tôt, qui cassa le silence qui s'était installé.
- Pourquoi avoir une fille est-il quelque chose de grave dans les familles de sang-pur ? Elles peuvent aussi être de grandes sorcières, dit Hermione.
- Chez certaines familles, avoir des filles n'est pas très grave ; cela permet de créer des unions avec des familles plus importantes et plus pures. Mais chez les Malfoy, c'est quelque chose d'inimaginable. Je n'ai jamais voulu la mort de qui que ce soit, c'est pour cela que j'ai rompu mes fiançailles avec Astoria après la guerre. Je ne voulais pas qu'elle meure de tristesse à cause de moi.
Hermione, qui ne savait plus quoi dire, se leva et serra l'épaule de Drago.
- Je te comprends, et je t'excuse, dit-elle avant de partir, laissant le blond seul et libéré d'un poids.

En sortant de la bibliothèque, Hermione s'adossa à un mur. En fait, pensa-t-elle, lui et moi, nous ne sommes pas aussi différents que je ne le croyais. Il a bien un cœur.

L'autre Granger (dramione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant