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"Il n'avait pas toujours les mots, mais il avait les regards"

Alba

L'après-midi est passé très rapidement mais je crois que c'est toujours le cas quand je suis avec lui, le temps n'est jamais assez long à ses côtés, j'aimerais que ça soit infini. Après notre petite dégustation de tomates cerise dont j'en suis très fière d'ailleurs, pour beaucoup ce n'est pas grand chose mais je sais que pour Caleb c'est un pas énorme et je suis heureuse qu'il l'ait fait. Je me suis sentie tellement triste quand j'ai compris ce qu'il se passait, je n'aurais jamais pu me douter d'une chose pareille, qu'il se force à réduire sa quantité de nourriture. Je ressens un profond sentiment de colère envers son père, je ne comprends pas comment des parents peuvent traiter si mal les enfants qu'ils ont eux même décidé de mettre au monde, c'est incompréhensible et malgré moi ça me fait penser à ma propre situation et à mon propre père. C'est qu'il a fait hier soir est ancré dans mon esprit, me hante même si j'essaye de l'enfouir au plus profond de moi, j'aimerais juste pouvoir appuyer sur un bouton effacer et ne plus m'en souvenir.

Ce matin au réveil, j'ai eu le droit à un message de Caleb pour me prévenir qu'il avait raccroché parce qu'il n'avait plus de batterie et qu'il avait quelque chose de prévue pour moi et je me suis sentie super touchée de savoir qu'il était resté toute la nuit et qu'en plus de ça, il m'avait prévu quelque chose. Mais ma joie a été de courte durée puisque mes parents étaient en train de se disputer dans la cuisine et pour la première fois de ma vie j'avais peur d'affronter mon père et de le voir, je ne le voulais pas mais j'ai bien été obligé de passer par la case cuisine. Je ne m'attendais à rien mais j'ai tout de même été déçue, il ne s'est pas excusé une seule fois, la seule chose qu'il m'a dite c'est que ce n'était pas de sa faute, que c'était ma mère qui l'avait poussé à bout, qu'elle avait agit de manière à ce qu'il réagisse de la sorte mais que ça n'arriverait plus jamais. Avec ces quelques mots, il a rompu les derniers liens qui nous restaient, il ne pense pas à moi, aux répercussions que ces actions ont sur moi, il agit et tente de se dédouaner en accusant ma mère c'est assez minable comme comportement. Et même si je le savais déjà, j'ai bien compris qu'il ne changerait jamais, en tout cas ce n'est pas nous qui allons le faire changer. Si j'ai bien compris une chose grâce à lui c'est qu'on ne peut pas forcer une personne à changer peu importe l'énergie et la volonté qu'on y met, cela ne dépend que de la personne en question et même si c'est douloureux, faut qu'on se mette en tête l'idée qu'on ne peut pas changer des gens qui ne veulent pas l'être. C'est le cas de mon père, j'arrête de me donner à lui à m'en faire mal parce que je fini encore plus blessée et j'en ai marre.

Je sors brutalement de mes pensées quand je sens un tapotement léger sur ma cuisse, je lève la tête vers Caleb et il me regarde, une inquiétude visible dans ses yeux, j'aimerais essayer de lui sourire pour le rassurer mais ça ressemblerais plus à une grimace qu'autre chose. Je reprends conscience de mon environnement, le film qu'on avait mit est fini et je ne sais même pas comment il s'est terminé, j'étais perdue beaucoup trop loin dans mes pensées. Je suis toujours allongée contre Caleb mais lui s'est légèrement redressé ce qui fait qu'il est légèrement au-dessus de moi.

- Ça va? tu as l'air ailleurs. demande t'il doucement en balayant mon visage de son regard inquiet.

N'arrivant pas à lui mentir, je hausse les épaules en détournant le regard. Si je dis un mot, j'ai peur que la vanne s'ouvre et que je pleure sans m'arrêter et j'aimerais éviter cette situation désagréable. Ses doigts fins se glissent sur mon menton, une légère impulsion me fait relever la tête vers lui et il doit sentir mon trouble puisqu'il continue:

- Tu peux me parler tu sais? Ça pourrait t'aider à te délester de ce poids..

Je réfléchis à ses mots et je suis partagée. D'un côté, j'ai envie de partager ce qui me tracasse avec lui, peut être que poser des mots sur ce que je ressens va m'aider mais de l'autre, je ne veux pas qu'on croit que je me plains pour rien alors que d'autres vivent pire. Et puis, poser des mots sur ce que je ressens c'est comme avouer que j'y accorde une importance et que ça me touche et je ne sais pas pourquoi j'ai beaucoup de mal avec cette idée là. Je déteste me sentir triste, mal, je préfère largement enfouir au plus profond de moi et faire comme si tout allait bien. Mais j'ai l'impression d'étouffer, j'ai cette sensation que je ne gère plus rien et que plus ça va plus ma carapace que je me suis forgée va exploser et rien de bon ne va en sortir. J'ai besoin de vider mon sac, d'en parler à quelqu'un, qu'on me dise que je ne suis pas folle et que je n'exagère rien à mes réactions et Caleb est la personne parfaite pour ça, il n'est pas dans le jugement et il sera une oreille attentive, exactement ce qu'il me faut.

One Last DanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant