~Forty-six

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-"Je t'ai, sale bête." 

Nissy leva sa baguette, laissant ses yeux se noircir tandis que le sort s'abattait sur Nagini qui agonisa, se repliant sur elle-même. 

Nissy eut un froncement de sourcils, apercevant dans l'agonie du pauvre serpent une forme humaine qui tentait désespérément de s'en extirper, comme coincée dans une peau qui n'était pas la sienne. 

Le serpent rendit alors son dernier souffle, face à la magie noire bien trop puissante de la sorcière bien trop acharnée. La poussière noire du horcruxe défait sembla s'élever lentement dans les airs, et Nissy expira un coup, observant la beauté du moment pourtant tragique. 

Elle avait brisé le dernier horcruxe. 

Ils pouvaient tuer Tom. 

Harry pouvait tuer Tom. 

Ce n'était sans doute pas pour rien, qu'il était le seul à avoir une prophétie aussi connue ; c'était parce qu'il était le seul à accomplir quelque chose de grandiose. 

Il était celui qui devait tuer Voldemort, elle était celle qui avait été forcé et qui avait quand meme échoué. 

Sur le chemin retour elle tapa dans des cailloux, relevant à peine les ruines du château qu'elle avait tant aimé. 

La fin de la guerre s'annonçait. Que devait-elle faire, une fois que tout serait fini ? Elle n'avait pas d'envie, pas de but. Elle n'avait jamais pensé survivre alors n'avait jamais pensé à ce qu'elle aurait bien pu faire de sa misérable vie. 

Quel métier choisir, quelle ville habiter, quels amis garder ; elle n'y avait jamais réfléchi. 

C'était comme si le fil de sa vie venait de s'allonger, elle n'arrivait plus à en voir le bout, ce bout qui lui avait paru pourtant si proche jusqu'alors. 

Elle entendit un froissement, plissa les yeux, aux aguets. 

-"Harry ?" souffla-t-elle en le voyant passer à l'orée de la forêt. 

Elle ne comprit pas, s'avança pour tenter de le suivre mais il semblait avoir disparut déjà. 

Elle se retourna, fixa au loin les portes de Poudlard contre lesquelles s'étaient adossées Hermione et Ron. 

Elle croisa le regard de la jeune femme, si plein de désespoir, si plein de chagrin.

Non. 

Les yeux de Nissy s'agrandirent, elle recula d'un pas, frappée par la douleur du regard qu'elle avait en face du sien. 

Non. 

Elle trébucha sur son propre pied, se rattrapa de justesse, reculant toujours plus, n'arrivant pas à se détacher de ce regard qui la suppliait pourtant de le faire, ce regard rempli de détresse. 

-"Harry." laissa-t-elle échapper et comme aussitôt sortie de sa transe elle tourna le dos à Hermione, à Poudlard, et se mit à courir. 

-"Harry !" Hurla-t-elle. 

Non. 

Elle détruisit les ronces et les branches qui la gênaient, s'enfonçant toujours plus dans la forêt. 

 -"Harry... Harry !" 

Non. 

Elle s'arrêta net, levant les yeux vers cette étendue verdâtre qui venait d'éclairer le ciel. 

Non. 

Non, pas Harry, pas lui. 

Le silence se fit, et aussi vite que la couleur arriva elle repartit, ne laissant que la noirceur de la nuit. 

Non.

Elle avait tout fait, elle avait sacrifié les espoirs de sa famille, avait sacrifié ce fardeau qu'elle s'était juré de porter, avait sacrifié ce pour quoi elle était née, tout ça parce qu'elle voulait protéger cet idiot qui s'était lié à son sortilège. 

Mais à quoi bon, puisqu'il venait de partir de lui-même ? 

Non. 

-"HARRY !" Gémit-elle en un hurlement plaintif. 

Le visage tourné vers le ciel, elle s'effondra dans l'herbe qui à son contact se mit à brûler. 

Les arbres autour d'elles s'enflammèrent, laissant son coeur exprimer toute cette colère qu'elle avait enfouie en elle, tout ce désespoir qu'elle avait cachée en elle. 

Elle enfonça son visage dans une main, n'arrivant pas à calmer la douleur qu'elle ressentait dans sa poitrine. 

Ça refusait de partir, ça la prenait aux tripes, elle avait beau taper sur son torse de toutes ses forces la douleur refusait de s'en aller.

Elle manquait d'air, comment faisait-on pour respirer ? 

C'était son coeur, son coeur avait mal, son coeur lui faisait si mal, rien n'en calmait le mal, elle avait beau hurler et tout réduire en cendres ça continuait de la détruire de l'intérieur.

Chaque parcelle d'elle se brisait, c'était comme si tout se résorbait autour d'elle ; le monde entier disparaissait dans les tréfonds de son deuil qui à son tour la noyait.

Nager, retrouver la surface, elle n'arrivait qu'à s'enfoncer plus encore dans les méandres de son calvaire. 

Il était mort.

Il était mort et elle était vivante. 

Il était mort et elle était vivante. 

Il était mort et elle était vivante

Il était mort et elle était vivante

Il était mort. 

Mort. 

Qu'aurait-elle dû faire pour empêcher ça ? Qu'aurait-elle dû faire pour empêcher ça ? 

Aurait-elle dû suivre son plan de départ, quitte à le sacrifier aussi ? 

Aurait-elle dû ne jamais croiser son chemin ? 

Non. 

Non, il était possible de ne commettre aucune erreur et de perdre quand même. 

Ses larmes roulaient, coulaient, s'écrasaient, s'entrecroisant dans de vastes sillons salants. 

Elle enfonça son poing dans l'herbe cendré, relevant ses yeux aux iris de feu. 

Encore et toujours, c'était à cause de sa famille. A cause d'elle. 

Elle se releva, avec difficulté, fixant d'un mauvais oeil la blessure à sa jambe que Nagini lui avait infligée et qui, à cause de son venin, ne voulait pas se refermer et continuait de saigner. 

Tant pis. 

Elle n'avait plus de raison de se retenir, à présent. Plus de raisons de chercher un avenir, plus de raisons de penser à son futur métier, à sa future ville. 

Plus rien n'avait d'importance, tout n'était que futilité. 

La seule personne capable de l'arrêter était morte.

-"Filiation des âmes." souffla-t-elle. 

Son corps lentement lévita entre les arbres en feu, tandis qu'elle fermait ses yeux. 

Elle allait brûler le monde entier pour se venger, et se laisserait consumer par ses propres flammes. 

ᏴᎡᏫᏦ-ᎬN(Ꭰ) [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant