Chapitre 5: Le jeu du destin
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J'avais été stupide. J'avais tout foutu en l'air. Prendre ma voiture cette soirée avait été la pire erreur de toute mon existence, car elle m'avait coûté cher. J'avais carrément donné ma vie à cet évènement, aussi idiot soit-il. J'étais triste, chamboulé, je n'étais pas moi-même. Parce que le le vrai Louis -celui qui est moi- n'aurait jamais pu partir de cette manière en laissant ses deux amours de sa vie. Mackenzie était trop jeune pour perdre son père... et Clara avait encore besoin de moi. Tant qu'à moi, il y avait tellement de choses que j'aurais pu faire avec elles dans l'avenir. Comme les aimer encore. Jusqu'à ce que leur coeur cesse de battre. Mais là, c'est le mien qui s'est arrêté. Et non, il ne revivra pas... Tout comme moi.
Ma grand-mère venait de mourir, je savais que ma famille le vivait mal. Je me devais de venir pour les soutenir. Même dans ces conditions. C'était à la limite s'il y avait une tempête tard dans la soirée et moi, comme un idiot, j'avais décidé de prendre la route quand même. Je m'étais promis d'être prudent pour Clara, pour Mackenzie âgé de seulement deux ans, mais même cette stupide promesse, je l'avais brisé. Incapable de faire face à mes propres choix, j'avais maladroitement et littéralement foncé hors de la route, dans un arbre, là où une bute de neige avait dévalisé ma voiture... et moi au passage. J'avais bien vu que je me dirigeais tout droit vers une masse inconnue, mais je n'avais pas freiné. Au contraire, mon pied s'était encore plus enfoncé dans l'accélérateur. Je tenais à ma vie, certes, mais inconsciemment, je savais que mon heure était venue. Étrange, vous dîtes? Non, moi, j'appelerais plus ça le destin.
Le pare-vitre éclaté en des centaines de miettes, le devant de la voiture démoli, de la boucane sortant du moteur achevé, je restais debout à regarder cette image au ralenti dans ma tête. Je me distinguais parfaitement bien. Ma tête accotée sur le volant, du sang s'écoulant de ma tête, immobile, les yeux fortement fermés pas prêts à se rouvrir. Au fond de mon être, je me doutais que j'étais mort, mais même à cela, je ne réagissais pas. J'étais devant mon propre corps sans vie et toujours aucune réaction, seul mon expression vidée de sens prenant place sur mon visage. Mon crâne me faisait souffrir et malgré cela, je continuais de me fixer en me répétant mentalement que j'étais idiot.
Un pompier s'approcha rapidement et posa deux doigts sur ma nuque. Juste avec son expression faciale, je pus deviner mon sort: mort. J'étais bel et bien mort. Si non, comment se pouvait-il que je me voyais de cette manière? Ouais, cet accident de voiture m'avait coûté mon corps, bien que je ne possède encore mon âme. Je regardai les ambulanciers me tirer de la voiture, les pompiers ayant carrément arracher la portière à l'aide d'une machine et une première larme roula le long de ma joue. Je devais faire mes adieux à ma vie. Plus les minutes passaient, plus je me sentais m'eteindre. Plus je me sentais littéralement disparaître. Oui, tout disparaissait. Mon coeur, ma voix, ma vie... Mais mon amour, non. Il était toujours présent en moi. Clara y était avec Mackenzie et juste en pensant à elles, je compris à quel point mon geste était grave. Je distinguai un ambulancier couvrir mon corps sans vie d'une couverture de plastique sur une civière et une boule d'intense chagrin me monta jusqu'à la gorge pour ensuite sortir par ma bouche. Un premier sanglot, puis une dizaine d'autres prirent possession de mon être. Je me sentais si petit et faible.
-Je suis désolé, Clara... Pardonne-moi, murmurai-je difficilement en levant les yeux au ciel. Je vous aime tellement...
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J'avais vu Clara pleurer ma mort plus d'une fois, j'avais vu Harry et Liam s'occuper du mieux qu'ils pouvaient de Mackenzie. J'avais vu Clara hésiter sur sa propre vie ainsi que son âme s'éteindre petit à petit. Elle avait perdu de son éclat naturel qui la faisait briller. Pendant trois ans, j'étais resté à ses côtés sans qu'elle ne le sache et rien n'avait changé. Encore peinée et malheureuse, je la voyais chercher un sens à sa vie et essayer de chasser le bonheur. Elle s'occupait de Mackenzie parce que ça lui rappelait moi et non parce que ça lui tentait. Elle l'aimait tellement, mais avait du mal à le démontrer, son coeur trop immensément brisé. Je devais faire quelque chose, agir. Essayer de rendre sa vie meilleure.
Tard le soir, alors que je m'étais fait invisible aux yeux du monde, je rôdais dans une station service. Nous étions un 12 septembre, il pleuvait des cordes, donc je m'étais apporté un parapluie. Et c'est à cet instant que mon regard se porta sur ce jeune homme s'étant arrêté pour mettre de l'essence. Aussitôt, quelque chose dans son aura me disait qu'il était en danger. Il allait mourir innocemment cette nuit si je ne faisais pas quelque chose. Je ne pouvais pas le laisser comme cela. Son destin était le même que le mien: accident de voiture. Il ne pouvait pas avoir le même sort que moi. Après avoir pris une forme visible aux yeux des humains, je décidai de l'aborder gentiment et lui glissai de faire attention sur les routes. Mais comme je le croyais, après avoir payé, il se remit dans sa voiture et partit, comme si rien n'était.
Je le suivis sans qu'il ne s'en rende compte. Assis sur sa banquette arrière, je le vis parler à son frère il me semble et je roulai les yeux lorsque je me rendis compte qu'il m'avait désobéi. Il avait pris son cellulaire, totalement le contraire que je lui avais dit. Plus tête de mûle que ça, tu meurs! Ensuite, tout d'un coup, en refermant son téléphone, ses yeux quittèrent la route et son volant tourna un peu trop à gauche, le faisant dévier sur une autre voie. Un klaxon le sortit de la lune et il essaya tant bien que mal de raviver la situation, mais en vain. Il perdit le contrôle de sa voiture juste avant de foncer directement dans un fossé, sa bagnole ayant fait un tour de 360 degrés.
Je croyais réellement qu'il était mort, mais sa poitrine se soulevant faiblement m'indiquait le contraire. Ce jeune homme blond était mal en point et c'est juste quand il toussa avant de cracher du sang que je souris. Il était vivant. Ma main l'immobilisait sans qu'il le sache, l'empêchant de bouger davantage. Son cellulaire vibra par terre, prêt de son pied, mais je n'y portai pas attention. Cette cochonnerie avait failli le tuer. Des sirènes se firent entendre, puis des personnes s'approchèrent prudemment. Une ambulancière prit son pouls et constata les dégâts sur son corps. Abdomen en sang dû à un grand morceau de pare-vitre planté dans celui-ci, grave commotion cérébrale et j'en passe. Je n'étais pas un professionnel, donc les mots qu'ils employaient me donnaient mal à la tête.
-Quel est ton nom? Laisse tes yeux ouverts, mon grand. Regarde-moi... Dis-moi ton nom, dit la dame assez âgée, essayant de garder sa tête blessée en place.
-Niall... Mon nom, c'est Niall, poussa enfin le garçon et je pus entendre parfaitement son accent.
Niall, tel était son nom, mais j'eus point le temps de connaître son nom de famille, car l'inconscience l'envahit si rapidement que cela alerta les autres ambulanciers... et moi-même.
-Non, non! Reste avec moi!, criai-je à son intention, même si personne ne m'entendait ni même me voyait. Niall, tu n'as pas le droit de mourir, tu m'entends?
-Niall James Horan, né le 13 septembre 1993. Il a donc 21 ans demain, acquit un ambulancier après s'être emparé de son porte-feuille.
Un autre lui posa en vitesse un masque à oxygène sur la bouche en panique alors que les bips de la machine s'intensifièrent. Nul doute dans mon esprit: ce pauvre garçon allait mourir.
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La Nostalgie de l'Avenir // L.T.
Fanfiction~Bonus de ''La Nostalgie de l'Ange''~ "La vie est telle une flamme: un jour, elle finit par s'éteindre." En effet, Clara était ma vie. Complètement. Et j'en avais une parfaite en sa compagnie. Mais le destin a décidé de me faire quitter ce monde, la...