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Une vingtaine de minutes plus tard, Ethan courrait dans tous les rayons d'une supérette, à la recherche des aliments parfait pour un pique-nique en amoureux.

- Des crackers ? Au fromage, tu aimes ça ?

- Oui, m'esclaffai-je, voyant le regard suppliant qu'il me lançait.

J'ajoutai deux sandwichs préparés dans le cadi et, en passant devant le rayon des surgelés, mon cœur manqua un battement. Un paquet de glaces à la fraise était en promotion. Un signe de sa part, peut-être. Ethan aurait parlé de réincarnation, probablement. Et cette idée me fit sourire. Théo aimaient inconditionnellement les sorbets à la fraise alors pourquoi pas, oui.

L'envie d'acheter ces six cônes pour le prix de quatre afin de les déposer sur la tombe du petit me traversa l'esprit, mais je m'en ravisai. Si son âme n'était pas prisonnière des vers de terre et du cercueil, alors il ne sera plus là, il n'apprendra jamais que nous lui avions apporté ce qu'il préférait par-dessus tout. Il était certainement loin du cimetière, errant dans un paradis où les fraises abondaient.

- J'ai pris une bière, m'interpella Ethan. Je te prends quoi ?

- Comme toi, répondis-je au hasard, à moitié perdue dans mes pensées.

Il sourit, me dévisageant, puis parti à la recherche d'une...

- Oh non, soupirai-je.

Je voulais le rejoindre afin de lui dire que je préférais un soda, et puis non. Je devais profiter de la vie avant qu'il ne soit trop tard. Je n'aurai certainement aucune autre occasion pour la bière. Autant le faire aujourd'hui.


- Je t'ai pris la moins forte, m'informa Ethan une fois à la caisse.

Je penchai ma tête en plissant des yeux. De quoi parlait-il ?

- C'est la première fois que tu bois ? poursuit-il.

- Ah, euh, oui. Oui, c'est la première fois. Juste quelques gouttes de champagnes lors du nouvel an, rien de très spécial.

En fait, depuis que le diagnostic était tombé, je n'ai plus eu le droit au rituel annuel. Maman pensait que l'alcool était mauvais pour les malades, et que, plus j'évitais les produits nocifs, plus mes chances de vivre augmenteraient.

Mais je ne précisai pas ce détail à Ethan, trop de questions seraient susceptibles d'en découler.

Le monsieur qui tenait la caisse n'apporta aucune importance à ce que j'achète une bière, étant mineure.

- Wow, il ne m'a rien dit, fis-je remarquer une fois dehors.

- Tu fais tellement vieille, c'est pour ça, dit Ethan tout en déposant nos courses dans le coffre de sa voiture.

Je croisai mes bras sur la poitrine, essayant de contrôler un rire enfantin.

- Je sors avec une vieille, ajouta Ethan en enroulant ses bras dans mon dos.

- La vieille voudrait un baiser.

Il déposa ses lèvres sur mon front et je sentis qu'il souriait, toujours en contact sur ma peau.


Ethan souhaitait que je bande mes yeux, comme lors de sa première surprise.

- Non, je ne mettrai plus ça, c'est ridicule.

Il souffla.

- Ce n'est pas la surprise du siècle, nous allons pique-niquer, rien de plus, ajoutai-je.

Le décompteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant