Chapitre 6

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Gisborne était à présent dans la cour du château, vers le même puits où il se tenait quelques heures plus tôt, quand il essayait de calmer sa colère. Il regarda le vide devant lui, il n’arrivait pas à réaliser ce qui venait de se passer cette nuit. Sa vie venait de changer, il n’en doutait pas un seul instant. Plus rien ne serait jamais pareil, tous les événements passés n’avaient plus aucune importance. Désormais, une seule chose comptait pour lui : retrouver la mystérieuse jeune femme.

A cette pensée, Guy sentit les battements de son cœur s’accélérer et sa respiration se faire plus rapide. Il ferma les yeux, voulant se remémorer les moindres détails de cette nuit. Il se délecta image par image de leur nuit, du goût sucré de ses baisers, du velouté unique de sa peau, de son parfum subtil ô combien rare et suave… Un bonheur inextinguible l’envahit, substitué peu à peu par une sérénité étonnante. Il se sentait bien, parfaitement bien… Il avait la conviction qu’il la retrouverait. Les jeunes femmes rousses n’étaient pas si nombreuses et surtout celles ayant sa beauté. Son unique souci était d’être discret. Il allait également devoir s’en occuper lui-même, il n’avait confiance en personne. Il ne voulait aucunement que le Shérif apprenne qu’il courait le Comté de Nottingham à la recherche d’une jeune femme.

D’excellente humeur, Gisborne retourna au château. Mais en montant les quelques marches qui menaient au grand hall, le sourire qu’il affichait sur son visage disparut en un instant. Il venait de se rappeler également les désagréables évènements de la veille. Il n’avait toujours pas informé le Shérif que Robin des Bois avait fait main basse sur une partie des taxes récoltées la veille. Mais à présent, il ne pouvait plus reculer, il devait lui faire face et affronter sa colère. Guy prit quelques longues bouffées d’air et se rendit dans le grand hall.

Comme à son habitude à cette heure-ci de la journée, Vaisey était assis au bout de la longue table, en train de manger. N’osant le regarder en face, Gisborne franchit avec lenteur les quelques mètres qui le séparaient du Shérif. Arrivé à sa hauteur, il osa lever les yeux vers lui.

- Alors Gisborne, n’avez-vous rien à me dire ?

- Il nous a pris par surprise Monseigneur. Nous n’avons rien pu faire.

Vaisey poussa un long soupir avant de reprendre.

- Votre degré d’incompétence n’aura jamais de cesse de m’étonner Gisborne. Chaque fois que je crois que vous avez touché le fond, vous réussissez à me surprendre encore. Peut-être que cette fois-ci vous comprendrez enfin pourquoi je suis le Shérif et pas vous !

Le lieutenant écouta ce discours sans ciller, ne trouvant rien à dire pour sa défense. Il était fatigué, fatigué de devoir s’expliquer, fatigué de devoir s’excuser pour ses actes. Il voulait abandonner, tout lui était égal. Cela fait un moment déjà qu’il y songeait, mais sans avoir le courage de le faire. Mais depuis cette nuit, quelque chose le faisait tenir : un doux ange à la chevelure de feu.

- Mais heureusement pour vous, j’ai une solution qui va palier au manque de fonds. Mais en attendant, cessez de faire cette tête, vous me coupez l’appétit.

Puis, Vaisey lui donna de brèves instructions avant de lui signifier de prendre congé d’un geste de la main. Guy ne se fit pas prier et quitta les lieux le plus rapidement possible, soulagé de s’en être sorti à si bon compte. Il comprit que le Shérif n’aurait pas besoin de lui ces prochaines heures. Il allait donc en profiter pour commencer ses recherches après avoir effectué le travail qu’il lui avait demandé. De retour dans la cour, il ordonna à un palefrenier de préparer son cheval. Quelques minutes plus tard, il enfourcha sa monture qu’il lança au galop, désirant plus que tout de quitter cet endroit, sans se douter un seul instant que l’objet de ses rêves était plus près de lui qu’il ne le pensait.

Cruelle splendeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant