Chapitre 24

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Le soleil se pare doucement des ses couleurs orangées. Alex s'est endormi. J'attrape dans mon sac de voyage un jean et une chemise avant de troquer mes vieilles baskets.

Dans ces rues silencieuses, je refais le chemin. Ce même chemin que j'ai emprunté chaque jour depuis leur mort, chaque jour, qu'il pleuvent, qu'il vente, qu'il neige ; pas un seul jour ne s'est passés sans que j'aille voir mon père. Je pourrais marcher le long de cette allée les yeux fermés. Mais cela fait quelques mois que je ne suis pas venue.

J'ai le sentiment étrange d'avoir abandonné mon père, ma grand-mère. En m'éloignant de mon passé, de mes racines je les ai laissé de coté.

Chaque tombe a une petite gerbe de fleurs. Je ressens de la peine de savoir que celle de mon père et de ma grand-mère sera vierge. Vierge de toute couleur, synonyme d'abandon. J'arpente la colline. Sous le chêne, c'est ici. Je dépose sur la plaque en marbre noir un laurier rose, symbole de vie éternelle.

Je ferme les yeux un instant et aspire les derniers rayons de soleil de ce mois de mai.

Une main sur la vieille montre de mon père et l'autre sur la clé en pendentif de ma grand-mère ; je tends à connecter mon esprit dans ce monde d'oubli.

Je leur demande pardon, pardon de les avoir mis de coté. Au loin j'ai l'impression de sentir leur présence, les caresses rassurantes de ma grand-mère et les bras réconfortant de mon père.

Le chemin inverse est toujours plus dur à faire que le chemin aller. J'étais proche d'eux, j'étais avec eux.

Même si j'ai beau me sentir à ma place dans les bras d'Alex, j'ai la sensation d'être irrévocablement seule. Seule comme les dernières édelweiss que personne ne verra au sommet de la montagne.

J'ouvre la porte d'entrée et déchausse mes baskets. L'air ambiant est humide et chaud avec une légère odeur de friture. Je me dirige vers la cuisine, Alex fait cuire des gaufres.

-Où as-tu trouvé tout ça ? Dis-je en pointant du doigt, la farine, le sucre, les œufs, le lait et la crème.

-Je suis allé faire un tour à l'épicerie au bout de la rue, j'ai vu ton petit mot je me suis dit que j'avais le temps.

J'étais parti depuis au moins trois heures, il faut 30 minutes pour se rendre au cimetière et 10 pour rejoindre l'épicerie en prenant les petits chemins ou 15 en empruntant la route. Il avait largement le temps.

Je pris place sur la chaise en formica blanc de la cuisine et observais la pile de gaufres s'agrandir de minutes en minutes sur l'assiette en porcelaine.

Quelques temps après, nous nous sommes installés sur la table de salon face à la télé éteinte.

Il y a quelques mois j'ai épuisé la somme de deux mois de travail au bar pour les abonnements non payés. Des petites choses à laquelle on ne pense pas quand on a 19 ans. Je n'avais jamais vu une facture de ma vie, et je savais encore moins comment résilier un abonnement. Tant de choses

insignifiantes qui ont le don de me replonger dans mon passé.

Et ce sont ces petites choses qui m'ont fait prendre conscience qu'il était temps de refaire un saut au bercail.

1) Essayer de trouver des réponses à mes questions

2) Pleurer mais sourire de ces souvenirs qui m'ont rendu heureuse. En ancrant dans mon cerveau que le destin nous apprend toujours quelques chose.

Nos regards virés sur l'écran noir et opaque de la télévision. Je me rends compte que notre relation n'a rien avoir avec les couples de notre âge. Pas de petits câlins incessant, ni de longs échanges de salive qui embarrassent tout le monde ou au contraire font fantasmer les pervers, et pas de petit surnom tout mignon qui ont le don de me donner la nausée. Rien de tout cela et pourtant je me surprends à me demander si toute ces choses dégoûtantes ne font pas la différence entre un couple et un couple d'amis. Vous comprenez ? En ce moment même, j'ai l'impression que nous sommes un couple d'amis, qui se sont dit je t'aime une fois. J'aime être proche d'Alex comme une amie. Mais cela ne me suffit plus. Je sais qu'il ne me montre pas toute son affection de peur que je le repousse.

Par un élan d'audace que je ne me connaissais pas, je cale mon dos sur son torse et sent son pouls devenir rapide par mon geste. Ce geste est peut-être insignifiant au yeux des autres mais pour nous c'est un grand pas.

Je nous débarrasse de nos assiettes pour nous mettre à l'aise. Il enlace mon corps de ses bras forts et pour la première fois j'hume à plein poumons son parfum. Une odeur fraîche, mais atrocement virile. Des papillons s'emparent de mon ventre créant des montagnes russes dans mon estomac. La sensation est tellement énorme que j'ai peur d'évacuer les gaufres que je viens d'avaler. Mais j'aime cette sensation, j'aime ce sentiment de désir qui commence à naître en moi. Sans désir il n'y a pas d'amour ?

Je fais des ronds avec mon pouce sur son genoux, un tissu seulement sépare nos deux épidermes. D'un mouvement fort et rapide, Alex m'assoit sur ses jambes. Mes pieds sont en contact avec le tapis beige poussiéreux. Son regard m'électrise au plus au point. Ce matin nous nous sommes dit ces mots « Je t'aime », nous avons fait l'amour. Il y a moins de 24 heures entre ces deux moments clés de notre relation, mais ce que nous apprêtons à faire là maintenant, sera encore plus fort que tout. Nous serons un couple d'amis et un couple à part entière.

Ma mains caresse ses lèvres, un geste qui se veut sensuel. Sa main, dans le creux de mon dos touche partiellement ma peau.

Comme deux amants, comme deux personnes qui se redécouvrent nous nous fixons d'une manière romantique et pleine d'excitation.

Alex m'allonge sur le canapé, ses lèvres caressent mon cou avant de mordre ma peau au sommet de ma clavicule. Un son grave sort de ma bouche. Tout en me regardant dans les yeux il déboutonne, bouton par bouton ma chemise. Laissant dévoiler mon soutien-gorge noir. Avant qu'il ne pose un doigt sur la pression de mon jean, je me lève et le bouscule pour échanger les rôles. Mon regard viré sur le sien, je tire très lentement la fermeture de mon jean. Par un mouvement de hanche, je le laisse glisser à mes pieds ; me laissant en sous-vêtements face à l'homme que j'aime. M'asseyant à califourchon sur Alex, je plonge ma tête dans son cou et mordille doucement sa peau. Il gémit. Mes mains passent sous son tee-shirt et mes lèvres caressent la peau chaude de son ventre.

Les dernières barrières disparues, nous goûtons pleinement cette preuve d'amour. Et par une symbiose parfaite nous atteignons en même temps l'apogée.

Allongés sur le tapis, nos corps enroulés dans une couverture, nous nous observons.

Quelque chose de nouveau se déclenche en moi.


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Tout d'abord pardonner moi de ce retard !! Je n'est pas d'excuse pour mon retard mais ne me tuer pas ;) <3


Merci à misslisou ma correctrice <3


Avis sur ce chapitre, vote et commentaire ;)


Que pensez vous du couple Alexia/Alex ?

Et de ce retour au source ?


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