Les amants contrariés

Les retrouvailles, 2ème partie

Une semaine après

Duncan de Chânais est inquiet. Il n'a pas revu Adena depuis qu'elle est partie sans laisser de trace. « Je ne le fais pas de gaité de cœur » a-t'elle dit : mais de quoi s'agit-il ? L'inaction n'étant pas son point fort, il décide de retourner là où tout s'est déroulé : sur la crique où tout a basculé...

​Adena ne peut de son côté s'empêcher de se remémorer ce qu'a dit Séthi : « En tant que créateur, je t'ordonne de séduire Duncan de Chânais, et de me le ramener ici, pour que je puisse m'abreuver de son sang ». Il a toujours été un peu fou, son créateur, possessif avec ce qu'il croit avoir sous sa coupe ; mais c'était mal la connaitre ! Il faut qu'elle trouve un moyen de ne pas tenir sa promesse, ou du moins, en réaliser le moins possible tout en lui faisant croire qu'elle a respecté ses vœux...

Mais cela est compliqué : Séthi a plus de 5000 ans, et est à ce jour le plus vieux vampire connu à ce jour... Je trouverai un moyen se dit-elle, je finirai forcément par trouver : je n'ai pas vécu aussi longtemps sans avoir quelque expérience ! En attendant, il faut qu'elle retrouve Duncan, et vite ! Adena ne souhaite pas laisser cette dernière impression de fuite en avant, alors que tout se passait pourtant si bien ! Allez, en route pour la crique !

Duncan était en train de faire les cent pas autour de la crique en espérant qu'un indice viendrait l'aider afin de pouvoir entamer les recherches lui permettant de trouver Adena... Cela fait déjà plusieurs heures qu'il erre, alors qu'il ne comprend pas vraiment lui-même ce qui le pousse autant à aller la retrouver.
Il est encore parti agacé après que la meute toute entière lui ait demandé des justifications sur les allées et venues de la semaine écoulée : il n'a pas à rendre des comptes, il est l'Alpha, bon sang !
Mais en même temps : comment peut-il être autant obsédé par une femme ? Une vampire de surcroît ! Au moment où Duncan s'apprête à rentrer, se disant qu'il devait d'abord faire le point sur lui-même (a-t'il été ensorcelé par quelque magie que ce soit sans qu'il le sache ?), il sent une présence. En relevant la tête, il aperçoit celle pour laquelle il est venu, qui se tient majestueusement devant lui, le port fier et altier d'une reine, et se dirige gracieusement dans sa direction. Le délicieux balancement de ses hanches le rendent à moitié fou et son corps réagit au quart de tour !

Adena continue d'avancer inexorablement vers celui qui a obnubilé ses pensées ces derniers temps. Même au plus fort de la torture infligée par Séthi, elle n'a pas pu faire autrement que de se rappeler à quel point Duncan de Chânais était bien fait de sa personne... Et ses yeux, ah, ses yeux ! Elle les avaient presque oubliés ! Séduire ce bellâtre ne serait pas si désagréable que ça... au final cela desservirait mes objectifs, dont celui d'obéir aux injonctions de Séthi...
Duncan, n'en pouvant plus, et pris d'une impulsion subite, fonce sur Adena et la serre fortement contre lui.
- Je me suis inquiété pour toi, Adena ! J'espère que tout va bien ?? Tu m'as fait une peur bleue la semaine dernière !

Adena, désarçonnée de cet accueil pour le moins enthousiaste ne se laisse pas, totalement du moins, prendre au piège de cette question pourtant anodine.
- Tu vois qu'il n'y avait pas de quoi s'en faire, je suis bel et bien là maintenant !
- D'accord, c'est ce que je vois, mais que s'est-il passé ? Tu t'es évaporée d'un coup...
- Duncan, ce qui s'est passé ne te regarde pas. Par contre, je suis vraiment, vraiment désolée d'être partie comme ça. Tout ce que je peux te dire, c'est que je n'avais pas le choix.
- Ok, je n'insiste pas, mais si tu as besoin d'en parler un jour, sache que je suis là.
- Merci.
Adena réalise à cet instant qu'elle est toujours dans les bras de Duncan, et qu'elle ne s'est jamais autant sentie en sécurité de sa vie, et Dieu sait qu'elle a des références dans le domaine ! Duncan, de son côté est assez satisfait de tenir Adena (et ses courbes très féminines...) contre lui.

Tout en s'apercevant de cela, Adena repense aux derniers jours. Sombres comme rarement ils l'ont été. Séthi n'a vraiment pas lésiné sur la manière de se faire obéir, il a dû bien flageller ses esclaves pour qu'ils travaillent avec tant de zèle... Le 2ème jour où elle portait la chaîne en argent autour du cou, quelqu'un est venu la lui changer, constatant qu'elle perdait de son efficacité. Et, quand la soif de sang s'est faite sentir, chacun d'entre eux était muni d'un objet en argent, qui rendait impossible le fait de se nourrir directement sur eux...

Au bout du 4ème jour, sans nourriture mais toujours entourée d'argent, Séthi décida que son châtiment devait prendre fin (une bonne leçon d'apprise martelait-il). Ceci afin qu'elle puisse se soigner et pour qu'elle commence à entreprendre ce qu'il lui a ordonné : autant que tu le fasses au plus fort de ta beauté disait-il. Entre temps, il décida « d'offrir un repas décent » à Adena pour qu'elle recouvre plus rapidement la santé. Le sang pour un vampire agit comme un baume, tant au niveau de la condition physique que de l'état mental. Malheureusement, avec autant d'argent dans les veines, Adena ne peut résister à sa constitution de vampire et a drainé le malheureux esclave que Séthi avait laissé là, car il était soi-disant « mécontent de ses services ». Adena n'a pas pu le sauver, et le pauvre est mort dans ses bras, aussi rabougri et desséché qu'un assoiffé dans le désert. Je suis vraiment un monstre se dit-elle, cet homme était innocent, et je l'ai tué ! Cette culpabilité ne cesse depuis de la hanter et de l'inciter encore plus à tenter de mettre fin à ses jours, et ce même si Séthi le lui a formellement interdit ! Je trouverai bien un moyen se dit-elle, cela ne peut plus continuer ainsi.

Se secouant la tête, elle lève les yeux pour rencontrer le regard de jade de Duncan :
- Duncan, je suis désolée mais il faut que je m'en aille.
- Mais pourquoi, que t'arrive-t'il ?
- Rien de bien grave, mais les derniers évènements m'ont fatiguée...
- Tu es sûre que tout va bien ? J'ai l'impression que tu as vu passer la mort de près (il ne croyait pas si bien dire...)
- Tu sais, Duncan, la mort je la voie tous les jours : n'oublie pas que j'en suis issue !
- Ce n'est pas que je voulais dire Adena, et je suis désolé si je t'ai laissé penser le contraire.

Adena, déterminée à lui faire oublier leur calamiteuse dernière rencontre, et aussi à éviter tout conflit, décide de l'aguicher quelque peu :
- Oublions ça et passons à autre chose. Revenons plutôt à ce que nous disions l'autre fois ; tu veux me connaître, enfin je veux dire, vraiment ? Si tu le souhaites, j'aimerais te montrer un endroit où j'adore aller ; mais je te préviens, ne sois pas trop surpris !
- Comment ça, pas trop surpris ? Tu m'intrigues... (les sourcils de Duncan se sont instantanément haussés après la proposition faite par Adena...)
- Connais-tu l'Antipode ?
- Euh, oui pourquoi ?
- Si je te donne rendez-vous disons, après-demain aux alentours de 20h, est-ce que cela t'irait ? (dit-elle avec un grand sourire)
- Cela me va très bien, mais qu'est-ce qui se passe là-bas exactement ?
- Ha ha, tu ne le sauras que si tu viens après demain... !
- D'accord, d'accord, j'arrête de poser des questions... pour cette fois seulement.
- Je te le jure ; tu ne seras pas déçu ; je pense même que ça te plaira beaucoup...
Duncan prend cette dernière phrase au pied de la lettre et commence à sentir son corps bouillir dangereusement, rien qu'à penser aux prémices de cette soirée qui n'est même pas encore arrivée !
- Très bien, Adena, je te laisse donc, et je te dis : à après-demain ?
- Oui, à après-demain. Par contre, je te conseille de venir en tenue de sport ! J'ai hâte d'y être !
Sur ces dernières paroles, elle se téléporte et n'a pas le temps d'entendre Duncan murmurer :
- Moi aussi, Adena, moi aussi...