Une occasion à mordre à pleine dents !

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Le lendemain...

Duncan de Chânais est impatient. Impatient de retrouver Adena et de pouvoir commencer à en savoir plus son peuple et sur elle. Connaître de nouvelles faiblesses chez son ennemi vampire ne peut qu'être bénéfique pour la meute ! Avec son aura d'Alpha (et son charme naturel, cela va sans dire), il devrait devoir sans difficulté avoir les renseignements dont il a besoin...

Il est sur la crique depuis le lever du soleil à faire les cent pas, en attendant de voir si Adena tiendra parole ou non (enfin pour un vampire, ce serait une première se dit-il). Pendant ce temps, il repense à l'entrevue d'hier... Comment ai-je pu éprouver du désir pour une créature qui est morte ? Un ennemi de toujours qui plus est ? Même si elle a un corps à faire pâlir d'envie toutes les femmes et rendre les hommes fous de désir ; c'est un satané vampire !

Duncan commence à bougonner sur sa « foutue testostérone » lorsqu'il la sent. Il le sait, il ne la voit pas encore mais elle est là... La voilà qui arrive dans toute sa beauté éthérée. Tellement belle qu'on a l'impression qu'elle vole sur le sable et les galets. Pendant qu'elle est loin, Duncan en profite pour détailler du regard son corps... mauvaise idée : le sien se met à réagir violemment en pensant à ce qu'il en ferait, sous lui ou ailleurs (l'image est tellement saisissante que tout son corps se cabre par anticipation !)

« J'y vais, j'y vais pas, j'y vais, j'y vais pas... ». Adena, alors qu'elle est là, hésite encore sur la marche à suivre : peut-être serait-il encore temps de partir ...? Trop tard ! Duncan l'a vue et plus que ça même ! Elle sent son regard de prédateur lorgner sur elle, comme un chasseur évalue le meilleur moyen de capturer sa proie avant qu'elle ne réalise ce qui lui arrive. Au moment de relever la tête, elle reste tétanisée par le vert miroitant de ses yeux (décidément, je ne m'y habituerais jamais ! se dit-elle).

Adena en profite pour regarder le corps sculptural de Duncan (vraiment un très beau mâle, un vrai !) : dommage que ce ne soit pas un vampire, il aurait été parfait ! Pas une de ces lavettes qui ne fait que vivre en s'abreuvant à la veine d'humains, qui provoque et se cache derrière les plus puissants pour ne pas être attaqué à leur tour... Cela change des temps anciens où chaque vampire assumait ses erreurs ! Pff, que de la politique là-dedans ; sans jeu de mots, pour être vampire, faut pratiquer la langue de bois !

Adena se secoue la tête pour chasser ses mauvaises pensées et se recentre sur l'instant présent (j'y vais, j'y vais pas... oh et puis tant pis !) : elle se rapproche de la position de Duncan...

- Tiens donc, j'ai cru que tu ne viendrais jamais ! Cela ne m'aurait pas étonné de la part d'un vampire...

- Ne recommence pas Duncan ! Je ne suis pas venue ici pour me faire insulter de nouveau !

Duncan, tout penaud de ne pas avoir pu s'empêcher de la provoquer, dit :

- Désolé Adena, je ne voulais pas être blessant. Je te jure que je vais faire des efforts pour que cela ne se reproduise pas

Puis avec un grand sourire charmeur enchaîne :

- Je suis content que tu sois venue ; nous avons vraiment démarré sur de mauvaises bases tous les deux...

Adena, sceptique par le changement soudain d'attitude de Duncan (et par son accueil aussi) finit par dire :

- Excuses acceptées, Duncan de Chânais : je ne suis pas ici pour faire la guerre, au contraire !

Adena se morigène après avoir sorti cette phrase sortie d'on ne sait où (mon dieu, mais que va-t-il penser maintenant ? J'espère qu'il n'aura pas vu de sous-entendu à ce que je viens de dire !)

Malheureusement pour elle, c'était sans compter sur la lubricité de Duncan, qui réplique instantanément avec un très large sourire :

- Moi non plus je ne suis pas là pour faire la guerre : faire l'amour me va très bien aussi !

- Ce n'est pas ce que je voulais dire Duncan, et tu le sais !

- Non, je ne le sais pas justement, en tout cas ça me va ! Je suis tout à toi ...

À ces paroles, Adena se met à frissonner d'excitation en imaginant ce si bel homme à sa merci... Frissons qui cessent lorsqu'elle entend :

- Enfin, on n'est pas venus pour ça... parle-moi de toi Adena.

Adena a un étrange pressentiment, comme s'il y avait beaucoup plus derrière cette question anodine :

- Que veux-tu que je te dise ? Comme tu le sais je suis un vampire, et...

- Non, je ne te parle pas de ce que tu es, mais de qui tu es ! Qu'est-ce que tu aimes,...

Ouf, bien rattrapé se dit Duncan, et puis elle va bien être obligée de lâcher du lest à un moment... Ça ne coûte rien de lui dire certaines choses se dit Adena, et puis, les choses importantes, on peut les omettre ! Et elle a une idée pour commencer :

- J'aime qu'on me laisse mon intimité, surtout quand je n'ai pas envie d'être sauvée...

Bien joué, se dit Duncan dans un sourire, bien qu'un peu jaune toutefois. Mais pas question de se laisser démonter :

- Oh, allez Adena, tu dois bien avoir des passions...

Oui. Toi. Mais elle ne peut pas lui dire ça !

- Voyons, j'aime la danse, l'histoire et... la bagarre !

- La bagarre ?

- Oui, la bagarre ! Cela te surprend, c'est ça ?

- Non, non, ce n'est pas ça, mais disons que je m'attendais à autre chose venant de toi.

- Ah bon, comme quoi par exemple ?

- Je ne sais pas, moi ! La mode par exemple, ou tous ces trucs de filles dont on ne comprend rien !

- Ce n'est pas parce que je suis une femme que je dois obligatoirement penser chiffons ! Mais dans quel monde vis-tu Duncan pour imaginer le rôle des femmes comme ça ? Tu sais, on est au 21ème siècle, le rôle de la femme a évolué, elle ne fait pas que les enfants et la cuisine pendant que Monsieur ramène l'argent et attend à manger les pieds sous la table !

- Désolé Adena, je ne voulais pas être vexant, simplement... j'essaie vraiment de te connaitre, et je ne sais pas par où commencer...

Intérieurement, Duncan se met à pester : ces hésitations ne sont pas habituelles chez lui. Ce n'est pas un adolescent boutonneux qui vit ses premiers émois ; c'est un Alpha de plus de 800 ans, bon sang !

Quant à Adena, elle est presque (mais vraiment presque hein) attendrie par l'embarras dans lequel est Duncan, la suite promet d'être très intéressante ...

Au moment où Adena se préparait à donner des idées à Duncan sur la manière d'apprendre à connaître quelqu'un, un violent élancement à la poitrine la saisit. Non ! Cela ne se peut, pas maintenant !

Duncan, sur le qui-vive s'aperçoit du rictus de douleur sur le visage d'Adena :

- Adena, tu vas bien ?

D'un coup, la douleur la ploie au sol, c'est comme si elle était déchirée en 2. Il l'appelle, il la réclame ; et elle ne peut pas refuser !

Duncan se précipite vers Adena et s'agenouille devant elle, l'air vraiment inquiet :

- Adena, que t'arrive-t-il ? Parle-moi !

- Je, je ... je suis désolée Duncan, je vais devoir partir !

- Mais pourquoi ?

- Je ne peux pas te le dire, mais je peux te confier ceci : je n'ai pas le choix, et je ne le fais pas de gaité de cœur.

- Tu es sûre que ça va, je peux t'aider ?

- Je ne pense pas que tu aurais de solution à mon problème. En tout cas sache que...

Et, avant qu'elle ait pu finir sa phrase, elle disparait d'un simple « plop ! »

Duncan, abasourdi, se demande encore ce qu'il vient de se passer. Vont-ils se revoir un jour ?

Les amants contrariésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant