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- Lâche-moi immédiatement, répondis-je entre mes dents serrées.
- Sinon quoi ? me provoqua t-il, sans pour autant me décoller de lui.

Je ne répondis pas et essayai de m'échapper de son étreinte, mais ma force contre la sienne, la bataille était perdue d'avance. Il avait un sourire provocant accroché au visage ce qui avait le don de m'énerver plus que je ne l'étais déjà.

- Lâche-moi Austin, murmurai-je de nouveau.

Il me regarda dans les yeux mais ne bougea pas pour autant. Son fin sourire était toujours au bout de ses lèvres et ça avait le don de m'agacer.

- S'il-te-plaît.

Toujours aucun mouvement de sa part. Pour une fois que je suis polie... Je soupirai, lassée de ses gamineries.

- Lâche-moi maintenant. Fous-moi la paix, bordel ! râlai-je.

Il laissa alors doucement glisser ses mains sur mes bras et attrapa mes poignets. Il me rapprocha encore plus près de lui, son visage à seulement quelques millimètres du mien.

- Arrête, tu me fais mal.

Son emprise se desserra légèrement mais il ne m'éloigna pas de lui pour autant.

- C'est moche une fille qui jure. Et je déteste qu'on me parle mal, t'as compris ?me murmura t-il.

J'avais l'impression d'être une gamine qui se faisait engueuler par son père. C'était loin d'être agréable. Je ne répondis rien, et il serra un peu plus son emprise sur moi.

- Ok, c'est bon ! soufflai-je, très énervée.

Il me lâcha d'un coup sec et partit comme si rien de tout cela n'était jamais arrivé.
Mais c'est quoi ce mec lunatique ?

Je soufflai bruyamment et rentrai chez moi en marchant le plus rapidement possible. En arrivant, je retirai mes converses mollement et criai un petit "je suis rentrée et je monte !" à mes parents. Sans attendre de réponse, je montai les escaliers quatre à quatre et me jetai -comme une merde avouons-le- sur mon lit.

D'ailleurs, si mon petit frère, Théo, n'était pas arrivé en hurlant dans ma chambre, je me serai probablement endormie. Je levai la tête de mon oreiller en grognant des mots incompréhensibles et en me tournant vers la personne qui, du haut de son mètre dix et de ses cinq ans, avait réussi à rendre ma journée encore plus désagréable. Mais lorsque je vis sa petite bouille toute triste, je ne pu m'empêcher de l'inviter à s'approcher. Il me sourit timidement et sauta doucement sur mon lit avant de se réfugier dans mes bras.

- Qu'est-ce qui se passe ? chuchotai-je.
- J'ai perdu mon doudou Spiderman... C'est pas toi qui l'a volé Kay' ? demanda t-il la tête enfouie dans mon cou.

Je souris doucement et le serrai un peu plus fort.

- Non je ne l'ai pas vu. Laisse-moi me reposer un petit moment et je viendrai le chercher avec toi ok ?

Il me sourit et hocha la tête en signe d'approbation. Je fermai les yeux en gardant mon petit frère près de moi.

Je me réveillai à cause de gigotement du petit être à mes côtés. Qui lui, gigotait à cause de l'intrus qui nous observait, penchée sur nous. Je levai difficilement la tête, essayant de m'habituer à la lumière, et reconnus Amber.

- Hey la marmotte, on avait prévu de bosser ensemble ce soir tu te rappelles ? me reprocha t-elle gentiment.
- Hum... grognai-je. J'avais peut-être un peu oublié ouais...

Elle étouffa un rire et Théo se redressa, en envoyant un bisou à Amber. Il l'avait toujours adorée -de toutes façons, toute ma famille avait toujours adoré Amber. Comme toute ta famille adorait Ben. Amber lui envoya un baiser à son tour et il descendit du lit pour retourner dans sa chambre. Ma meilleure amie s'assit à côté de moi sur mon lit, et j'en profitai pour me redresser. On resta un moment sans parler, puis elle se tourna vers moi.

- Vas-y, balance.
- Quoi ?
- Bah je vois à ta tête que t'as un truc à me raconter alors vas-y !

Je grognai une nouvelle fois et racontai mon altercation avec Ben.

- Quel connard ce mec... murmura t-elle une fois mon récit terminé.
- Ouais. Ça se voit tant que ça que je déteste Austin ?
- Bah disons que tu ne le caches pas vraiment quand tu n'aimes pas quelqu'un... murmura t-elle, le regard plongé au loin.

Je souris et elle fit de même avant de se mettre au boulot.

[...]

Le bruit plus qu'énervant du réveil vint m'exploser doucement les tympans. Six heures, alias la pire heure pour se réveiller, selon moi. N'ayant pourtant pas le choix, je me glissai hors de mon délicat petit lit, et me dirigeai vers ma penderie. Après avoir minutieusement choisi mes affaires, je pris une douche et m'habillai de mon jean, de mon t-shirt bleu pâle et de mes bottines à talons et me maquillai rapidement.

Hier matin, c'était cet abruti d'Austin qui était venu me chercher. Mais après ce qu'il s'était passé à la fin des cours, je doutais sérieusement qu'il agisse comme si tout entre nous était normal. Malgré tout, si on voulait se faire passer pour un couple, il fallait continuer sur notre lancée. Je chassai ces idées de ma tête et courus à la cuisine en voyant l'heure. N'ayant pas le temps de déjeuner, j'attrapai une pomme au passage et croquai dedans en attrapant mon sac à main habituel. J'avais envie de marcher ce matin et il me restait une demi-heure avant la reprise des cours, je décidai donc d'y aller à pieds.

J'étais perdue dans mes pensées, toujours en croquant ma pomme, lorsque quelqu'un klaxonna. Je tournai vivement la tête sur le côté et remarquai un quatre-quatre noir toujours aussi luisant que la veille. Austin. Je soupirai mais croquai dans ma pomme une nouvelle fois en replaçant mon regard devant moi et en continuant de marcher. J'entendis la vitre arrière se baisser.

- Kayla tu fous quoi là ? Monte !
- Je préfère marcher, désolée, répondis-je sèchement.
- T'es pas sérieuse ? On m'avait dit que t'étais chiante mais à ce point là...

Si j'étais toi, je fermerais ma gueule rapidement, Austin.

- On t'a mal informé visiblement.
- C'est quoi le problème ? T'abandonnes c'est ça ? T'es pas capable de continuer alors qu'on a commencé il y a deux jours seulement ? On m'avait également dit que tu n'étais pas joueuse.

Je m'arrêtai de marcher subitement et tournai la tête vers lui. Après quelques secondes de réflexion, je jetai mon trognon de pomme sur le sol et montai dans la voiture de mon "petit ami" en claquant froidement la porte.

- Là aussi, on t'a mal informé apparemment.

Cap ou pas cap ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant