14 - Qu'elle le laisse partir.

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James Allister, le cadet de son créateur, avait lancé ces paroles d'un ton detaché. Comme s'il s'y attendait.

— Darren a disparu,  il est parti.

Mélissa se précipita vers la chambre, affolée. Pourquoi était-il parti ? La jeune femme commença à douter de ce qu'il ressentait à son égard : s'était-il rendu compte qu'il ne l'aimait pas comme il l'aurait voulu? S'était-il rendu compte qu'il n'aimera qu'Astrid dans sa vie? Elle s'écroulait sous cette simple pensée et versa ses larmes sur le plancher.

— Pourquoi, murmura-t-elle, pourquoi m'abandonner? C'est le pire sentiment que tu pouvais me faire subir...

En tant que vampire, ses émotions étaient décuplées. Elle ne pouvait rien quant à la tristesse qu'elle ressentait de plus en plus fortement. D'après certains vampires, un moyen existe pour faire taire les émotions des sangs-froids. Pourtant, cette solution était inconnue d'un grand nombre de vampires. Et heureusement.

Une main inattendue vint se poser sur son épaule, puis des paroles rassurantes :

— Ne t'inquiète pas, il va revenir. 

Mélissa ne pouvait se résigner à cela, elle était certaine qu'il l'aurait prévenue. Il ne serait pas parti sans aucune explication. James eut l'air de comprendre puisqu'il rajouta :

— Espère au moins.

Puis la pièce se vida de toute autre présence que la sienne et la vampiresse se sentit de plus en plus seule. De plus en plus isolée, comme si ce qu'il se passait aujourd'hui allait déclencher quelque chose au plus profond de son être.

-

Plus le temps passait, plus son coeur saignait. Plus son coeur saignait, plus ce sentiment d'abandon s'atténuait. Et plus un sentiment qu'elle ne connaissait pas prenait possession d'elle.

Elle était certaine que Darren avait laissé un mot, quelque part, lui étant adressé. Elle se convint à se lever et à chercher dans cette pièce : c'était là qu'elle l'avait vu pour la dernière fois, ce matin. Malheureusement, cela ne fut pas concluant et Mélissa s'était résignée à accepter et à rejoindre les autres afin de ne pas encore plus sombrer.

Au moment où sa main allait enclencher la poignet, elle remarqua une inscription. Cette dernière avait l'air récente et la vampiresse la lut :

Excuse-moi Mélissa, j'ai dû partir. Je devais vérifier que nous n'étions pas suivis par des hommes de Salem ou des Chasseurs. Ne me rejoins pas et ne parle à personne de ce mot avant le prochain soir, s'il te plait. Laisse-moi régler ça, je ne veux pas que tu sois blessée. -D

C'était inscrit si petit que seuls les yeux d'un vampire aurait pu déchiffrer. Mais un problème plus important se posait : Que faire ? L'écouter ? Ne rien dire ? Partir quand même ? Si ça ne tenais qu'à elle, elle serait déjà parti de cette maison. Darren est parti depuis cinq heures, tu dois y aller, dit une petite voix dans sa tête, tu as l'éternité pourquoi ne pas en profiter ? Ce fut sur ces dernières pensées qu'elle sortit dehors, alors même que le jour venait de commencer. Et, comparée aux idées reçues, le soleil ne tuait pas les sangs-froids. Il les affaiblissait juste, comme s'ils redevenaient humain pendant cette période. Plus de vitesse ni de force surhumaine : ils étaient à nouveau vulnérable. Sans oublier leur soif de sang qui se multipliait : seuls les vampires entraînés se permettaient de sortir. Mélissa n'était encore jamais sortie en journée, mais elle n'en avait rien à faire. Elle devait retrouver Darren. Elle ne voulait plus errer. Elle savait très bien que James n'hésiterait pas à la chasser de la demeure et Caleb ne pourrait rien y faire : l'emprise de son Mentor ne s'était pas encore totalement estompée.

Dans les rues, elle inspirait et expirait pour ne pas attirer l'attention des autres. C'était soit ça, soit la mort assurée. Et pour couronner le tout, elle devait se contrôler pour ne pas dévorer la foule.

Elle ressentit comme une nostalgie en pensant à ce qu'elle était avant, qui elle était : elle n'avait pas vu le soleil depuis sa transformation et quelque part, ça lui manquait.

Elle arriva devant un imposant bâtiment, un endroit gardé par des personnes toutes de noir vêtues. L'un d'eux la distingua parmi la foule et se mit à la dévisager, comme s'il la reconnaissait.
Elle se surprit à se demander qu'il était, et pourquoi il la regardait comme ça : s'était-elle trahie?

Elle n'en savait rien, ni comment.

Elle détourna alors le visage, feignant ne pas l'avoir remarqué, continuant sa route le plus normalement possible.

— Excusez-moi, vous ne seriez pas Mélissa Parrish ?

Elle ne s'attendait pas à entendre une voix aussi grave l'appeler et lui demander cela. Elle resta alors quelques secondes stoïques avant de reprendre son semblant de respiration qu'elle avait stoppée sous le choc.
Elle se sentait impuissante comparée à lui, à ce qu'il dégageait. Pourtant elle s'imagina l'homme de tout à l'heure avec elle, se pencha à son cou en sortant ses crocs avant de...

Stop. Elle devait se ressaisir, et vite.

— Mademoiselle, je vais reposer ma question. Vous appelez-vous Mélissa Parrish ?

Elle avait tellement envie de goûter ce sang. Ce sang qui l'appelait de par sa magnifique odeur. De par le bruit de la respiration de son interlocuteur.

— Mademoiselle ?

Il était maintenant face à elle. Elle avait fermé ses paupières afin de reprendre contenance et elle n'avait pas fait attention à ce qu'il aurait pu faire. Elle se sentit chanceuse d'être tombée sur un homme aussi patient. Qui-plus-est, était l'homme qui l'avait fixé précédemment.

Mais c'était trop. Beaucoup trop difficile de résister à cet appel naturel.
Elle le repoussa le plus loin d'elle possible avant de s'enfuir en courant.

-

Elle était arrivée dans un petit restaurant laissé à l'abandon. Elle se douta que, comme le café lors de sa fuite de Paris, cet endroit appartenait à un Surnaturel avant d'avoir été saccagé par les Chasseurs.
Elle était même sûre que l'homme qu'elle avait bousculé en était un, que c'était un ennemi.

Elle était fatiguée, affamée, assoiffée et impuissante. Depuis quand ne s'était-elle pas sentie comme cela? Elle ne saurait le dire. Depuis sa transformation peut-être. Elle regrettait d'être sortie sous l'impulsion, elle se trouvait désormais en territoire inconnu et sans aucun repère. À nouveau.

Ce fut environ une heure plus tard que le bruit d'une porte qui s'ouvre se fit entendre. Elle reconnut une odeur sanguine. Par conséquent, la vampiresse fut dans l'incapacité de dire si c'était une chance ou non.

Dans tous les cas, jamais elle n'aurait pensé que ce serait lui.

Note de l'auteur :

Bonjour à tous ! Je viens de finir la réécriture du chapitre 14 et je suis vraiment désolée pour ce fâcheux retard... Mais avec la reprise des cours puis mon manque d'inspiration, je n'arrivais pas à le terminer. Je viens également de voir que mon livre a dépassé les 12k vues ! Je ne sais pas comment vous remercier, c'est juste...waw.
Enfin bref, des bisous❤️

Become A Vampire : DescendanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant