Become A Vampire : Descendance

21 - Que son coeur palpite.

∞

La peur, le froid, la chaleur. Vouloir crier, hurler, se libérer de toutes ces douleurs. De tous ces maux qui prennent possession de tout son être. Jusqu'au sang. Jusqu'au coeur. Jusqu'au os. 

L'incompréhension, l'ignorance, un surplus émotionnel. 

Subitement, une main vint de se poser de manière délicate sur son front. La basse température qu'elle ressentit à son contactla fit réaliser à quel point quelque chose en elle n'allait pas. Quelque dont elle ignorait la suite les enjeux. 

— Elle transpire, ce n'est pas normal Darren.

Cette voix. Douce voix inquiète qu'elle reconnut : Caleb. La seule famille qu'elle n'ait jamais eu. Lui, et une odeur de sang. Une délicieuse fragrance qui venait chatouiller ses narines, la sortant d'un lourd sommeil. Pourtant, impossible de faire ne serait-ce qu'un geste. Petit à petit, d'autre voix vinrent se rajouter : 

— Je peux peut-être l'aider, dit une voix qui la fit frissonner, je peux la nourrir. 

— La nourrir de ton sang, vraiment? se brusqua un Allister, pour qu'après elle t'obéisse au doigt et à l'oeil? non merci. On a du sang frais au frigo, si besoin. Qu'elle boive le tien lui serait nocif. 

Un long silence pendant lequel la belle brune inspirait et expirait, au rythme de l'horloge du salon. Effectuer cet enchaînement lui permettait de se sentir assez bien pour rester consciente. La douce mélodie que son coeur laissait percevoir lui permettait de reprendre connaissance. Doucement, elle sentait son être entier reprendre des forces. Bientôt prêt à se relever.

— C'est moi qui l'ait sauvée, tenta d'argumenter le Chasseur.

— C'est à cause de toi qu'elle est dans cet état. Tu as dû l'oublier.

Darren. Première fois que sa voix parvint à ses oreilles depuis le début de l'échange. Sûrement fut-cela qui lui permit de pouvoir faire acte de présence.

Miracle. C'était un miracle. Elle pouvait, à nouveau, parler. Bouger. S'exprimer. Ses paupières se levèrent. Sa bouche s'entrouvrit, laissant de l'oxygène pénétrer dans son organisme. Elle avait l'impression de revivre. Complètement. 

Dans la pièce, tous protagonistes furent subjugués par la regard qu'elle possédait. Ses yeux, d'ordinaire noisettes, étaient teintés d'un bleu si puissant et envoûtant. Pendant un centième de seconde du moins, tout redevint normal par la suite. Personne n'osait se déplacer ni même prononcer un mot lorsque la belle brune se leva. Telle une ombre lumineuse, elle observa le monde qui l'entourait. Elle rayonnait tout en dégageant quelque chose d'obscure. Elle souriait tout en laissant ses joues rougirent sous les larmes. 

Elle perdait le contrôle d'elle-même. De son immortalité et de son humanité. 

Caleb fut le plus réactif de tous. Après avoir repris ses esprits, il se jeta sur sa cousine et la serra fort contre lui. Mélissa sentit un sentiment rassurant vibrer dans son petit coeur, elle se sentait en sécurité. Loin des souffrances qu'elle avait endurées. 

Quelques instants après, il se détacha d'elle et plongea son regard protecteur dans celui encore sous le choc de Mélissa. De son pouce, il traça des cercles sur la joue de cette dernière afin de la rassurer. Elle eut l'impression de revenir à leur enfance, quand Caleb prenait soin d'elle, envers et contre tout. Quand ils étaient encore humains. 

Puis, le vide. Il s'était peu à peu éloigné d'elle pour permettre à Darren de l'étreindre de ses bras, de se persuader qu'elle était bien là. L'odeur de son ancien mentor était à la fois épicée et fraîche, comme une brise que le matin emporte parfois. Cannelé, c'était le mot. Darren sentait comme les pains d'épice de son enfance, qu'elle aimait tant. Ces mêmes pains d'épice qu'elle avait oublié au fil du temps.

Pourtant, dans ce geste de tendresse, Mélissa ressentit un soupçon de réprimande. Comme si l'homme qui l'enroulait de ses bras était à la fois soulagé et en colère contre elle. Ce qu'elle comprenait tout à fait. Elle ne pouvait non plus se pardonner la manière dont elle avait agi quelques jours plus tôt, avec l'ennemi. Elle avait laissé son côté vulnérable se perdre dans l'interdit.  Elle avait laissé une part d'elle-même, sombre, prendre le contrôle. Elle refusait ce côté, detester la peur et le doute qu'il lui procurait.

Elle ne savait plus qui elle était. 

Alors, Darren desserra son emprise et lui sourit simplement. 

— Tu peux nous laisser, Daniel. 

Le vampire prononça ces mots sans toutefois prêta une attention particulière au chasseur. 

— Je lui dois des excuses.

— C'est fait. Tu peux disposer, le contrecarra-t-il. 

— De quoi as-tu peur, Dar... ? 

Tout le reste de la discussion lui fut imperceptible. Elle sentait son sang bouillir et sa tête lui jouer des tours. Elle voyait double, avait l'impression de suffoquer constamment. Elle se sentait tomber à la renverse, sans pour autant le faire. Elle sentait des larmes couler, sans pour autant les voir tomber. 

Elle décida de fuir. Partir loin de cette pièce emplie de tensions, de colère et de haine. Arriver dans le couloir, pourtant, rien ne changea. Elle ne contrôlait plus rien. 

Elle tomba alors véritablement. Au sol, un bruit strident conquérant ses tympans chaque seconde un peu plus. Chaque instant un peu plus violemment. Elle cria. Hurla. Se débattit contre un être imaginaire, contre ce mal qui la faisait souffrir: en vain. Plaqua ses paumes contre ses oreilles, sentit un liquide chaud contre ses dernières. Pleura, de rage et de souffrance, à chaudes larmes. Souhaitant comprendre mais ne pouvant se concenter, ne serait-ce qu'un millième de seconde. 

Le temps, allait au ralenti. Ses jambes, son corps, son âme, d'un poids sans nombre. D'un poids conséquent. Lourd. Pesant. 

Quelque chose changeait en elle. Qu'elle en était la nature? Impossible à nommer. 

Des bras s'enroulèrent autour d'elle, forts et puissants. Tellement qu'elle ne parvint à les repousser. Comme si sa force toute entière refusait de quitter son corps. Comme si elle devenait faible. Elle sentit une main s'approcher d'une de ses joues et sa continuité, ensanglantée, effleurer ses lèvres. Ces dernières se plaquèrent contre cette surface et Mélissa but tout ce qu'on lui offrait. 

Ses yeux papillonnèrent, et croisèrent les belles iris bleutées de son protecteur et sauveur de toujours. La personne qu'elle aimait et dont elle serait reconnaissante toute sa vie. Elle se blottit contre lui, "merci", parvint-elle à lui chuchoter.

— Tu vas mieux ? lui demanda-t-il.

— Je ne sais pas trop, répondit-elle, j'ai l'impression d'être épuisée.Comme si je me fanais à petit feu. 

Les deux protagonistes sentirent la présence de Daniel désormais à leur côté. La belle brune remarqua que cela n'avait pas l'air de l'étonner et en fut vexée: elle avait cru y passer. Pour de bon.

— Explique-toi Mélissa, s'il te plait. Nous avons besoin de comprendre, tout comme toi, ce que tu as. 

Darren marqua une pause.

— Essayons de nous rappeler depuis quand tu te sens comme cela... si mes souvenirs sont bons cela a débuté quand... 

Elle l'entendit déglutir et sentit son visage se tourner vers Daniel. Il déposa Mélissa contre le mur, lui caressa la chevelure, avant de se relever. Tout doucement. 

Il était si calme, que ça en était effrayant. Totalement. Une atmosphère étrange tomba dans la demeure et le coup partit. Darren, avec toute la puissance qu'il put, frappa le Chasseur au visage. Darren laissa une facette de sa personnalité apparaître aux yeux des protagonistes présents.

Pour le meilleur comme pour le pire, pensa la jeune femme.