A la rencontre des anomalies

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En poussant la puissance de ma lampe à fond j'arrive à voir mes pieds et une vague forme pour Est. On est arrivé mais impossible de savoir où on est. Enfin pour moi.

J'attrape Est avant qu'elle ne me fausse compagnie. Elle tient toujours l'arme qu'elle a volée à Charbon et même si ça me fait mal de l'admettre, je suis obligé de m'en remettre à son bon cœur pour être sûr qu'elle m'aide à trouver Silver et la sortie. D'ici là je trouverai bien un moyen de renverser la situation en ma faveur.

Est me murmure de ne faire aucun bruit, quoi qu'il arrive, et de sortir mon arme. Ce que je fais, de plus en plus inquiet. Nous avançons lentement, ma main posée sur son épaule, nos deux armes braquées devant nous, aux aguets d'un ennemi invisible et mortel. Un de plus.

Je lui demande :

« C'est quoi ce brouillard noir ?

— Un dispositif anti-IA.

— Hein ?

— C'est là depuis très longtemps. Je ne sais pas pourquoi. Nos appareils électroniques fonctionnent mais sont affaiblis, c'est pour ça que ça éclaire aussi mal. Pas de quoi avoir peur, il n'y a rien ici.

— Je n'ai pas peur, dis-je avec la dernière des mauvaises fois, j'ai mal. »

Elle avance à l'aveuglette, ma main sur son épaule, jusqu'à ce que nous marchions sur une plaque métallique qui résonne étrangement sous nos pas. Est pousse un soupir de soulagement, se dégage de mon étreinte et se baisse pour tâter le sol. Elle me demande d'en faire autant et de trouver le boîtier de contrôle.

Je me baisse avec soulagement, ma jambe me torture. La dalle est très différente au toucher du plastique granuleux sur lequel nous marchions jusque-là. Je trouve rapidement une bordure courbe que je suis du doigt jusqu'à trouver un renflement suspect encastré dans le sol. En plaquant ma lampe dessus je distingue deux boutons et un écran vide.

J'appelle Est qui me confirme, soulagée, que c'est bien ça que nous étions en train de chercher. Je m'attends à ce qu'elle se branche dessus et pirate le programme des lieux – pour nous remettre de la lumière, par exemple – mais elle se contente d'appuyer sur l'un des deux boutons et de me tirer au centre de la plaque de métal. Qui s'enfonce doucement dans les ténèbres. Nous descendons encore alors que nous sommes depuis longtemps dans le sous-sol de l'immeuble.

Au moins, ce n'est pas fatigant et nos lampes fonctionnent à nouveau correctement. Je m'aperçois que Est a l'air d'avoir pris dix ans et montre à présent un regard impitoyable. C'était sans doute la première fois qu'elle tuait. Quant à elle, elle voit que je suis couvert de sang et bien plus méchamment blessé que je n'ai voulu le lui dire. Elle écarquille les yeux une seconde mais ne dit rien. Elle s'est déjà excusée et ne pense pas que je mérite davantage.

« Où on va ? lui demandé-je.

— Sous les égouts. Dans un abri antiatomique d'il y a un siècle.

— Pour quoi faire ?

— Rencontrer ceux qui ont orchestré tout ça. Je ne sais pas comment. On doit retrouver Silver et partir, c'est tout. S'occuper d'eux, c'était le boulot de Charbon. C'est pour eux qu'il est venu avec nous et qu'il a tenté de ne pas éveiller l'attention de Silver. Elle a fait semblant de vouloir faire ce cambriolage pour que vous la fassiez passer au premier étage et qu'elle puisse les rejoindre.

— Bordel, mais c'est qui, eux ?

— Je ne sais pas. Je sais juste qu'ils étaient très bien cachés. Et puis...

— Et puis quoi ?

— Ils détestent l'Administration, mais je crois qu'ils me font encore plus peur qu'elle. »

Requête ultimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant