Chapitre 13

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Pdv omniscient.


10 novembre 1580, Ravenswest.

L'horloge sonnait les coups de 11 heures qui  résonnaient à travers la ville sombre. Arabella marchait le plus rapidement possible pour échapper à l'incendie qui ravageait la demeure familiale. Elle se retourna vers ce qui restait de ces vestiges. Plus rien. Tout était engloutit par le brasier infernal. Une larme solitaire coula sur sa joue. Elle l'essuya rapidement et monta à cheval. Elle avait peu de temps pour rejoindre Henri. Il lui avait donné rendez vous au cœur de la forêt près de la clairière où ils avaient l'habitude d'aller tous les deux. Son cheval courrait à travers les bois sans s'arrêter. Elle avait une heure et pas une minute de plus. A minuit, Henri allait être exécuter comme les autres par l'église. Après plusieurs minutes, elle arrêta son cheval près de la clairière. Elle l'attacha à un arbre avant de se diriger vers l'endroit en question. Les quelques rayons de lune qui passait à travers le ciel éclairait une silhouette de son mari, qui était de dos. Henri portait ses habits de règne : un costume en velours rouges et or.


- Je savais que tu viendrais. Lui dit il.

- Tu es venu tôt. Ils ont brulé le domaine et ont arrêté Jane et ses deux enfants. Ils seront eux aussi exécuter ce soir en même temps que tout le monde en fait.

- Personne ne pourra y échapper.

- Il ne restera plus personne. C'est fini.


Arabella le savait bien que tout était fini. Que ce soir brûlait les derniers vestiges de ces deux familles en Angleterre. Et dire qu'à l'époque, ils étaient les seigneurs les plus puissants au service de la couronne. Arabella s'approcha d'Henri qui passa sa main autour de sa taille. Une étreinte courte et tendre comme ils n'en avaient pas eu depuis longtemps. Tous les deux savaient que c'était sûrement la dernière.


- Tu dois partir pour rejoindre les nôtre en Écosse ou en Irlande. Suggéra Henri se tournant face à elle. Nous n'avons pas d'autres choix. Il faut que tu aies des enfants et que tu puisses réussir. Tu es l'unique femme qui peut sauver le reste de la dynastie.

- Je sais et toi ? Tu vas faire quoi ?

- Je vais me faire exécuter ce soir comme les autres.

Cette fois ci, elle pleurait vraiment. Dans moins d'une heure, elle allait perdre le seul avec qui elle aurait voulu finir sa vie mais il allait mourir ce soir. A cause de ce traitre de Aros. Il avait dénoncé la famille Swyle pour hérésie contre l'Église, ce qui fit réagir tout de suite les partisans de la couronne. Il y eut un procès où une partie de la famille Swyle reconnut ses actes de sorcellerie et de vampirisme. Pourquoi mentir ? Leur mort était écrite dans les prophéties, voilà pourquoi ils avaient décidé de tout avouer. Ce soir, Arabella allait tout perdre. Henri avait raison, elle était leur dernier espoir maintenant. Henri prit dans ses bras sa femme et la berça. Il savait que c'était la dernière fois qu'il pouvait le faire. Sa main passa sur la morsure qu'elle avait dans le cou. Un faible sourire se dessina sur ses lèvres. C'était lui qui lui avait ça. Il l'avait mordu après le couronnement. Il sortit de sa poche une couronne composée de diamant et de saphir. Il la posa sur la tête de sa femme.


- Tu es une reine, Arabella. Une reine pas comme les autres. Tu dois partir pour que il y en ait une autre, pour que des années plus tard, un roi et une autre reine avec notre nom monte sur le trône. Tu vas y arriver, je le sais.


Elle plongea ses yeux dans le regard vert de son mari avant de l'embrasser chastement entre ses larmes. Des bruits de sabots de chevaux retentirent. Les gardes avaient remarqué que Henri s'était enfui. La peur se dessina sur le visage d'Arabella. Elle ne savait pas vraiment quoi faire. Elle allait être totalement seule.


- Prends la couronne et tu le posera sur l'enfant que tu auras. Il sera le dernier Swyle - Standi après toi de ce siècle. Retournes dans ta famille en Écosse. Ils ne pourront pas te retrouver.

Des hommes avec des torches descendirent de cheval pour se diriger vers les deux amants. Henri joua avec une mèche de cheveux de sa femme avant de partir dans l'ombre de la forêt. Par chance, aucun des gardes n'avait vu Arabella s'était enfoncée dans la forêt dense. Elle regarda les hommes poursuivre son mari. Les flammes dansaient dans ses yeux bleus et la peur paralysait son corps. Elle dut se faire violence pour pouvoir courir. Sa longue robe verte se prenait dans les ronces et les branches qui dépassaient. Une branche de noisetier fouetta son visage et quelques gouttes de sang coulèrent le long de ses joues pâles. 

Après avoir couru à travers la dense végétation, elle arriva enfin devant la chapelle de la famille Swyle. Celle ci avait été épargnée par les flammes pour l'instant. Totalement enfouie dans la végétation, elle était le repère central de la famille. C'est dans cette chapelle que le couronnement avait eu lieu un an avant seulement. C'est là qu'ils avaient élu Arabella et Henri comme roi et reine. Les peintures étaient vieillie par le temps. Même si ces créatures n'étaient pas croyantes loin de là, ils avaient des lieux sacrés pour des couronnements par exemple. Les lieux religieux les effrayaient et parfois les tuaient. Arabella déposa la couronne au centre d'un cercle avec une étoile. Le premier des 12 coups de minuit on commencé à résonner dans la vallée silencieuse. Il n'y avait personne. Ce soir, elle allait faire un choix qui pouvait changer sa vie et le reste du monde. Soit elle rejetait son sang de nature soit elle le gardait et risquait une mort certaine. Elle déposa la couronne sur l'autel avant de s'agenouiller sur les marches du petit autel de pierre, le visage baignée par quelques rayons de lune. Elle ferma ses yeux et à voix basse, elle récita :


- Les roses sont rouges comme le sang. Celui qui coule à travers mes veines. Le silence règne mais je sais qu'il y a une raison. Palais d'hiver à travers la mort. Douce mélodie, qui sonne la fin des saisons. Les 12 heures du temps sont finies.


La lumière qui s'était émanée de la couronne s'arrêta. Elle la prit avant de la poser sur sa tête. Mais cette fois ci, ses yeux si bleus étaient devenus dorés, comme ses deux canines étaient devenues plus pointues. Elle avait troqué sa vie humaine contre une vie immortelle. Elle avait fait une promesse à son mari. Et elle ferait aussi venger sa mort.



Before MidnightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant