Toujours là... (Damon/Bella)

Chapitre 23 : Reviens moi

Damon avance vers l'une des grandes fenêtres du petit salon. Je le suit, attendant qu'il parle. Il se tourne vers moi, son visage est grave. Je m'avance mais il me fait signe de m'arrêter. Il me regarde quelques instants avant de se tourner a nouveau vers la fenêtre. Il soupire et se lance.

- J'ai été seul pendant très longtemps. J'ai été enfermé, torturé, sans que personne ne se rende compte de ma disparition. C'était ca ma vie. Une vie solitaire. Personne ne comptait sur moi, on attendait rien de moi. J'ai appris à vivre comme ca. J'ai balayé mes sentiments, j'ai balayé les souvenirs du passé. Et j'ai vécu une demi vie. Une vie sans sentiments.

- Damon...

-Laisse moi finir... s'il te plait.

J'acquiesce et attend la suite.

-Cette vie je m'y était habitué. Les jours passaient, tous les mêmes. Et puis un jour à Phoenix une jeune fille a trébuché devant moi. Elle marchait sur cette plage un livre dans la main. Elle a fait tomber son livre, l'a ramassé et a repris ça lecture. Je suis resté là, à l'observer marcher vers moi. Sans lever les yeux de son livre. Elle allait me percuter. Mais je n'ai pas bougé. Pourquoi....

Je souris à cette image. Damon s'arrete de parler, il continue de fixer le jardin qui s'étend devant lui.

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"Mon amour pour Linton est comme le feuillage dans les bois : le temps le transformera, je le sais bien, comme l'hiver transforme les arbres. Mon amour pour Heathcliff ressemble aux rochers immuables qui sont en dessous : source de peu de joie apparente, mais nécessité. Nelly, je suis Heathcliff ! Il est toujours, toujours dans mon esprit ; non comme un plaisir, pas plus que je ne suis toujours un plaisir pour moi-même, mais comme mon propre être. Ainsi, ne parlez plus de notre séparation ; elle est impossible "

Je suis plongée dans Les Hauts de Hurle-Vent. Emily Brontë a cette capacité de m'emmener dans son imaginaire. J'entend à peine les vagues se jetant sur le sable  qui me caresse  les pieds. Je marche sans but précis, les yeux rivés sur l'œuvre dans mes mains.

Je me heurte à quelque chose et pour la seconde fois mon livre tombe par terre. Je me penche pour le ramasser mais une main m'a déjà précédée. Je me redresse face a ces yeux perçant, brillant de malice. Il me faut quelques instants pour me reprendre et voir le visage qui accompagne ces yeux. Un visage presque surnaturel. Des petites rides au coin des yeux montre l'amusement de ses traits angéliques.

-Pardon, excusez moi, je ne vous avais pas vu, je suis désolée.

-Autant d'excuse dans une seule phrase... je suis impressionné. Je m'appel Damon. Dit l'inconnu en me tendant une main. Mon livre toujours dans l'autre.

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- Je n'ai jamais pu l'expliquer. Damon me sort de mes pensées en reprenant la narration des siennes. J'ai mit ca sur le compte de la chasse... au début tout du moins. Une jeune fille seule. Une aubaine. Mais je me voilais la face. Et cette jeune fille maladroite s'est avérée être une femme d'une maturité incroyable pour son age. Cette jeune femme a brisé ma carapasse. Elle a fait de moi ce que j'aurait du être en 1864. Un homme qui pour la première fois depuis très longtemps, s'est sentit important. A sentit qu'il devait être la, la protéger. Je t'ai laissé voir en moi comme personne ne l'a jamais fait. Je t'ai laissé me toucher. Je t'ai laissé m'aimer. Je me suis laissé t'aimer. Et puis la bulle d'insouciance que tu avais réussi a créer autour de moi a éclaté. Je ne pouvait pas te laisser devenir comme moi, je ne pouvait pas te laisser renoncer à ton humanité. Et je ne pouvais pas te garder, te mettre en danger, t'empecher de vivre une vie normale. C'est pour ca que je t'ai laissé Bella. Pour que tu vives, que tu grandissent, que tu vieillissent, que tu portes la vie, que tu connaisses l'amour, le vrai, celui qui ne te demandait pas tout les sacrifices. Je ne voulais pas te laisser. Ce fut le choix le plus difficile que j'ai eu à faire. J'ai donné cette vie que je venais de retrouver pour que tu ai la tienne. Et je te retrouve, une vampire....

-Damon, c'était mon choix. Je voulais devenir un vampire, je voulais l'éternité avec Edward. J'ai renoncé a mon humanité par choix. On en a déjà discuté.

-Laisse moi finir. Il se tourne pour me regarder dans les yeux.Je comprend, et je suis heureux de te savoir là pour l'éternité même si ce n'est pas ce que j'espérait pour toi. Mais je te retrouve aussi éteinte, enchainée à un vampire qui t'empêche d'être toi.

-Damon, je suis moi.

-Arrête Bella. Cette fille que j'ai connu, elle n'est plus là. Il t'a rendue... ordinaire. La parfaite petite vie de famille avec les beaux parents, les frères et sœurs. Pas d'euphorie, pas de sincérité. Où est la Bella qui danse et chante en cuisinant des pancakes le matin, qui m'a un jour mit la plus grosse claque jamais reçue pour me faire revenir à la raison. Le referais tu aujourd'hui?

Je ne réponds pas. Mon regard lance des éclairs mais ses paroles s'insinuent en moi, brulantes comme de la lave, brisant tout les murs que je me suis construit. Damon attend. Il me regarde, ou plutôt m'observe. Son regard plongé dans le mien. Je sais ce qu'il voit. Il me voit me battre à l'intérieur, il me voit me décomposer. Mais je n'arrive pas à me ressaisir. Il a raison. Je ne suis plus celle que j'étais. Mais est ce mal? J'ai évolué. Le mariage, la maternité, ça fait murir. Ce qu'il prend pour des chaines sont en réalité des pas que j'ai fait en avant. Mais cette fille que j'étais avec lui. Elle me manque. Elle me manque tant.

Damon s'avance vers moi. Lève la main et la dépose sur mon épaule. Il attend quelques instants, juge ma réaction et m'attire contre lui. Je me blottit dans le creux de son épaule.

-Soit ma Bella, s'il te plait. Reviens moi. J'ai besoin de revoir l'éclat dans tes yeux. J'ai besoin de t'entendre chanter, une spatule à la main. J'ai besoin de retrouver la seule qui m'ai toujours dis les choses, sans filtre. J'ai besoin d'être remis à ma place. J'ai besoin de toi Bella.

Je resserre un peu plus notre étreinte. Des sentiments nouveaux s'insinuent en moi. La tristesse, l'impuissance. Je comprends à présent que l'avoir retrouvé ne veut pas dire que nous nous sommes retrouvés. Ce que nous étions ensemble appartiens au passé. Je vais le perdre à nouveau.

Je veux que le temps s'arrête. Je ne veux pas penser à ce qu'il se passera une fois que notre étreinte se terminera. Je veux rester là, ne pas penser, ne pas décider, juste oublier les deniers instants.