Chapitre 13

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Harry avait relu mes recherches, dubitatif et m'avait ensuite examiné comme si je venais soudainement d'attraper ébola.

- Quoi ?
- Tu te rends compte que c'est perdu d'avance ?

Outch!

- Développe s'il te plait...
- Je veux dire par là c'est que si ton père est parti c'est qu'il ne voulait pas être retrouvé.
- Peut-être mais c'est mon père Harry
- Je comprends Mia...

J'avais soupiré et lui avais demandé de m'aider à ranger, ce qu'il avait bien sûr fait. Je pense qu'il comprit que je n'allais vraiment pas bien quand nos yeux se rencontrèrent. Harry me fit un sourire plein de compassion alors que je me jetais dans ses bras, désespérée par moi-même.

- J'en peux plus Harry, sanglotais-je comme une gamine de deux ans.
- Tu veux bien me raconter ta journée ?
- Tout le monde au lycée le sait, puis j'ai séché et ma mère est sûrement au courant. Je lui apporte des problèmes en plus alors qu'elle en a déjà assez. Elle va me priver de sortie.

Il embrassa mon front et prit mon visage entre ses grandes mains pour essuyer mes larmes de ses pouces. Je soufflais un grand coup et plongeais mes yeux dans les siens.

- Je vais t'aider Mia, si il faut que je le fasse pour que tu ailles mieux je le ferais. Je t'aiderai à le retrouver.

[...]

Comme prévu, ma mère me priva de sortie. Je ne voyais Harry qu'à la sortie du lycée pendant deux minutes que nous passions à nous raconter nos avancements dans mon plan (qui n'étaient pas très convaincants). Inconsciemment, il me manquait, le voir deux minutes ne me suffisait pas.
Un soir alors que tout était calme dans la maison et que je me retournais dans tous les sens pour essayer de m'endormir, mon portable vibra.

De Harry :
"Tu dors ? Sinon ouvre moi il fait froid dehors"

Je me levais en un sursaut et prenais un pull long pour cacher mon pyjama Winnie l'Ourson. Mes jambes dévalèrent les escaliers le plus discrètement possible. J'ouvrais la porte en essayant de ne pas la faire grincer et le trouvais planté devant mon petit être en survêtement. Un sourire s'immisça sur mes lèvres malgré moi. Lorsqu'il allait parler, je m'empressais de plaquer ma main sur sa bouche et plaçais un doigt sur la mienne. Il entra et nous remontions dans ma chambre sans un bruit. Arrivés à destination, il s'asseya sur mon lit. J'imitais son geste, je voyais qu'il m'observait du coin de l'œil. Avant que j'ai eu le temps de poser une question, il mit fin à mes interrogations.

- C'est sympa Winnie l'Ourson...

Je rigolais malgré ma stupidité. Alors sans prévenir il me plaqua sur mon lit pour me chatouiller. Lui à califourchon sur mes hanches, ses mains sur mon ventre, je frissonnais. Et je vous assure que se faire chatouiller alors qu'on est pas supposés faire de bruit elle est la pire torture du monde. Si un jour par hasard vous séquestrez des gens dans votre cave, proposez-leur cette torture. Je lui suppliais d'arrêter à plusieurs reprises, ce qu'il fit au bout de la dix-huit ème fois...
Il s'asseya sur mon bassin, me contempla longuement. Nous avons dû rester longtemps comme ça, à nous regarder tout simplement. Ce n'était pas la première fois qu'on le faisait et pourtant l'effet que me faisait ses yeux verts étaient toujours constants. Cet espèce de bouillonnement dans mon estomac qui paralyse mon corps pendant plusieurs secondes. Qui fait sauter un battement de mon cœur. Cette sensation qui me vient dans mes moments de stress, de joie, de tristesse et là. Il s'est ensuite penché en avant lentement pour que nos fronts se touchent, Harry s'était mis à sourire alors que nos nez se touchaient. Et pour une raison inconnue je rigolais aussi.

De loin, on aurait pu paraître comme deux amoureux drogués qui rigolait pour un joint fumé en cachette.
En y repensant, ce n'était pas si faux que ça, déjà à cette époque nous étions mutuellement des drogues l'un pour l'autre. J'avais besoin de lui plus qu'il ne le fallait. Quand il finit de rigoler, il recolla nos nez et je ne pus m'empêcher de souffler.

- On est un peu comme Roméo et Juliette...
- Pourquoi tu dis ça ?
- Parce que ma mère ne veut pas que tu me vois, la famille Capulet, tu comprends ?
- Et elle où notre tragédie, demanda-t-il amusé.
- Parle pas déjà de malheur.

Alors il m'embrassa. Ça me faisait l'effet d'une éternité. Les rares fois où il le faisait, je fondais complètement. Sans le vouloir, de jour en jour, je tombais un peu plus pour lui, sans vouloir lui avouer non plus. À vrai dire à 15 ans comment voulez-vous connaître quelque chose à l'amour ? C'était mon premier et à cette époque, dans ma tête, ce serait mon dernier. Ses lèvres se détachèrent des miennes lentement comme si elles voulaient s'y attarder quelques secondes de plus. Je rouvrais les yeux alors qu'il s'allongea sous la couette à côté de moi. C'est à ce moment que je compris pourquoi il était en survêtement. Je répétais ses mouvements et me blottissais dans ses bras, sur le côté, la tête contre son torse.

- Tu m'as manqué quand même, souffla-t-il.

Il embrassa mon nez en souriant pour continuer sa course sur mon front puis sur ma joue pour finir dans mon cou, je gloussais et lui soufflais :

- Tu m'as manqué aussi.

A Bread StoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant