Arès

Chapitre 2

Je courais à travers la forêt, mes pattes foulaient la terre humide, les hautes herbes faisaient glisser la rosée sur mon pelage. Mes pensées étaient floues et mon corps commençait à se faire faible... J'avais envie de hurler toute ma haine au monde. Au lin, une route bétonnée me fit me reprendre. Je ne pouvais pas craquer maintenant. Je décidai de la suivre tout en restant quelque peu cachée dans la forêt. Je préférai prendre mes précautions au cas où quelqu'un m'apercevrait. Je suppose que, voir un grand loup blanc couvert de sang cheminer près de la route doit attirer les regards.

 Je courais depuis quelques heures à peine et j'apercevais déjà un village sortir de la brume au fur et à mesure que j'avançai. Dans ma tête, apparut un dilemme: devais-je m'arrêter afin de reprendre des forces ou simplement continuer ou de m'éloigner le plus possible? Mon corps courbaturé et meurtri, sembla décider pour moi. En vagabondant quelques minutes, je trouvai un petit chalet à l'allure abandonnée. Je cassai la vitre de cette maison et y entrai toujours sous ma forme de louve. Quand je fus à l'intérieur et sûre d'être seule, je me transformai à nouveau en humaine. Je m'aidai des murs pour progresser dans la maison. J'arrivai dans une chambre où je volai des vêtements dans une commode et pris une douche dans la pièce adjacente. 

Sentir l'eau chaude couler sur ma peau me faisait un bien fou, je m'habillai ensuite et m'écroulai sur le lit. Après une demi-heure, je me réveillai en sursaut et me levai. J'avais conscience que m'endormir ici était une très mauvaise idée et que j'avais eu de la chance que les propriétaires ne soient pas revenus. Je commençai à fouiller dans les meubles afin de trouver des armes ou quelque chose d'utile. Je trouvai de l'argent dans un bocal dans la cuisine. Je pris dans les armoires de quoi manger et partis. Je marchai et entrai dans un hôtel je commandai une chambre afin de terminer ma nuit en toute tranquillité. La réceptionniste essaya de me faire la conversation en me demandant ce qui m'amenait ici à une heure si tardive. Je lui répondis froidement que ce n'était pas ses affaires et que j'avais juste besoin d'une chambre maintenant. Je déposai un billet sur le comptoir en lui jetant un regard insistant pour qu'elle se dépêche. Elle perdit son sourire factice et me montra une porte à l'étage. J'y montai sans un mot et je m'allongeai sur le lit. Je m'endormis immédiatement tant la journée avait été éprouvante. 

J'ouvris les yeux le lendemain et me remémorai tous les événements de la veille... En y repensant je me sentais minable. J'avais fuit. J'avais abandonné toute ma meute. Je savais que m'en vouloir et me morfondre à cause des événements passés ne m'apporteraient rien de bon. Je ne pouvais pas me blâmer d'avoir obéir au dernier ordre de mon Alpha. Cependant je m'en voulais terriblement. Il était mort par ma faute, devant mes yeux. Et le pire, c'est que j'étais tellement faible que je ne l'avais même pas défendu... J'étais également confuse... Une question tournait en boucle dans ma tête: pourquoi m'avait il demandé de fuir? Je supposais que son esprit de mâle machiste avait pris le dessus pour protéger la gentille petite fragile femelle que j'étais...

J'aurais pu sangloter mais, pour moi, pleurer à chaudes larmes était plutôt inhabituel... Je me levai de mon lit et sortis de l'hôtel.

 Je voulais retourner sur le champs de bataille voir les dégâts, c'était peut-être stupide mais, un étrange instinct m'y poussait... Je me transformai en loup, déchirant à nouveau mes vêtements et marchai pendant de longues heures en suivant l'odeur de sang... Lorsque j'arrivai à l'orée de la plaine, je fus bouleversée... Les descendants de Caïn avaient empilé tous les cadavres des membres de ma meute et les avaient brûlés. Aux pieds de la montagne de corps, jonchait celui de Tom, sans sa tête avec un symbole tracé avec son propre sang: celui de Caïn, celui d'Arès.

Je ne puis me retenir de hurler.

- Espèce d'enfoiré! Criai-je de douleur.

- Merci. Me répondit une voix grave en me faisant sursauter.

Je me retournai et vis Arès en personne...J'étais pétrifiée. Il me sauta dessus, me plaqua à terre, m'empêchant de faire le moindre mouvement. J'étais à sa merci.

- Ce n'est pas très loyal de fuir pendant un combat même si tu sais qu'il est perdu d'avance. Continua-t-il.

- Mon Alpha m'a ordonnée de fuir donc je lui ai obéit! Rétorquai-je avec ma voix d'homme et mes yeux changés.

- Sauf que maintenant c'est moi ton Alpha. Dit-il.

- Jamais je n'obéirais à tes ordres! Répondis-je.

- Change! Ordonna-t-il.

A ses mots, mon corps se changea en femme. J'essayais du mieux que je pouvais de cacher mon corps nu. Arès me regarda d'une manière étonnée.

- Tiens donc le lâche est une lâche... Quel autre tour sais tu faire? Demanda Arès.

- Aucun à part celui-là... Mentis-je

- Évidemment, une faible comme toi met plusieurs années à apprendre un tour aussi facile que celui de camoufler sa voix. Déclara-t-il en me prenant de haut.

- C'est faux! J'ai mis une sem... Je me coupai, réalisant que je ne devais pas en dire trop pour qu'il continue de me sous-estimer.

- Une semaine? Impossible! Seuls les Alphas peuvent apprendre en si peu de temps et tu es loin de ressembler ne serait-ce qu'à la merde d'une Alpha! Maintenant, arrête de mentir et suis moi! Aboya-t-il.

- Jamais! Je te l'ai déjà dit! Criai-je

- Bien tu ne vois donc pas d'inconvénients à ce que j'ôte la tête de cette gamine venu voir s'il y avait d'autres survivants. Je comptai la garder comme trophée mais...si tu m'y obliges... Ricana-t-il cruellement.

Il avait un sourire malsain. Il ne plaisantait pas... La petite en question était sûrement l'une des seules survivantes de ma meute. Je l'avais déjà vu jouer avec d'autres enfants dans le village...avant... La petite rouquine était en pleurs, sa jolie robe blanche était tachée de sang. Probablement celui de ses parents.

- Gard! Tue! Gronda l'Alpha.

Il parlait à un gros loup gris foncé et noir. 

- Non ! Stop ! T'as gagné je viens avec toi. Gémis-je

- Fais le serment de m'obéir jusqu'à ta mort ou elle mourra par ta faute! Annonça-t-il.