~LUCAS~
Je n'écoute plus les conneries que Maxime me raconte. Comme souvent après son entraînement de rugby, il est venu boire sa traditionnelle bièredans le bar où je travaille et a décidé de passer la soirée en ma compagnie. Depuis que nos chemins se sont à nouveau croisés, Max et moi passons pas mal de temps ensemble et, je dois avouer que c'est assez agréable d'avoir retrouvé mon ami d'enfance. Je l'ai rencontré alors que j'étais encore dans cet affreux collège où mes parents me pensaient heureux. Il n'a pour ainsi dire pas changer. A l'époque déjà, il était le garçon le plus sympa du bahut que je fréquentais malgré moi. Sa gentillesse et son charisme faisaient que personne n'entrait en conflit avec lui et envisageait encore moins de se mesurer à son imposante carrure. En y songeant, je regrette l'attitude que j'ai eu envers lui à mon arrivée au lycée lorsque j'ai intégré la bande à Joris, un type que mes parents ont eu raison de détester avec autant de haine, et qui me vaut la minable situation dans laquelle je me trouve.
Même si Max et moi nous sommes un peu perdus de vue, depuis que nous avons renoués, j'ai tout de suite vu qu'il n'a pas changé et que je peux encore compter sur lui.
L’impressionnante carrure athlétique de Maxime poursuit son chemin dans la rue qui mène chez moi tandis que, de mon côté, je reste figé sur le trottoir tel une statue de cire, subjugué par la vision sublime qui s'offre à moi. Je cligne plusieurs fois des yeux et fronce légèrement les sourcils afin de m'assurer que ma vue ne me joue pas un mauvais tour.
Elle.
Elle est là.
À quelques mètres de moi, de l'autre côté de la rue, elle est assise sur une chaise, aussi attirante que lors de notre première rencontre. Son épaule appuyée contre la vitre qui nous sépare, elle tient un livre à la main. Je m'avance de quelques pas dans sa direction et m'immobilise entre deux voitures stationnées.
— Mec, file-moi ton sac, ordonné-je sans détourner un seul instant mon regard d'elle.
Du coin de l’œil, je distingue Maxime qui exécute un demi-tour et vient me rejoindre d'un pas nonchalant, qui ne fait que retarder le moment où il se retrouvera à ma hauteur.
— Allez ! Merde, dépêche-toi ! ajouté-je, agacé par son attitude.
J'ignore combien de temps elle va rester là, alors je préfère ne pas prendre le risque de courir chez moi prendre du linge sale. Pourtant, ma maison est à seulement quelques rues d'ici, mais le danger qu'elle s'éclipse, une nouvelle fois, est trop grand. Je continue de la contempler attentivement, elle semble si prise par sa lecture que je me sens presque coupable de ce que je m'apprête à faire.
— Max ! grogné-je presque en criant cette fois. File-moi ton sac, bon sang !
Je fais volte-face et la moue suppliante que j'adresse à Maxime à cet instant précis m'aurait sans doute fait pitié quelques mois auparavant. Et pourtant, j'en joue afin de le convaincre. Il se positionne face à moi puis suit la direction que mon regard vient de quitter. Lorsqu'il l'aperçoit, il arque un sourcil et fait claquer sa langue contre son palais.
— Oh non ! Oh que non, mec ! Tu ne peux pas faire ça, s'esclaffe-t-il, hilare.
— C'est elle, Max ! C'est la fille du bar dont je t'ai parlé. Tu sais, la semaine dernière !
— C'est vrai qu'elle a l'air plutôt mignonne, mais tu es mon pote alors je vais t'éviter cette humiliation. Et tu...
Je le coupe en tentant de lui arracher son sac de sport des mains, or il ne me laisse pas faire. Il maintient fermement la bandoulière posée sur son épaule tandis que je tire sur l'une des anses. Maxime est bien plus fort que moi. Sachant pertinemment que je ne gagnerai jamais de cette manière, je lâche prise.
VOUS LISEZ
La Violette (Fr.) - Sous contrat d'édition.
RomanceAgathe. Voilà le seul prénom qui hante Lucas, depuis leur rencontre électrique au petit bar où il travaille. Peu importe les risques, peu importe le prix, il le sait, elle finira par succomber. Vengeance. Voilà la seule idée qui occupe les pensées...