Chapitre 6

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~LUCAS~

Quand Agathe quitte mon champ de vision, franchissant la porte située à l'extrémité du hall, je me dirige vers Maxime et Clémentine qui ont assisté au spectacle. Et ils ne sont pas les seuls, à en juger par la manière dont certains étudiants me dévisagent.

— Ouh là ! Qu'est-ce que tu lui as fait pour l'énerver comme ça ? m'interroge Max d'un ton à la fois espiègle et inquiet.

— Non, mais tu ne pouvais pas te retenir un peu ! Ah ! Vous les mecs, je vous jure, intervient Clémentine avant que je ne puisse répondre à son petit-ami.

Je la fixe un instant avant de lâcher :

— Crois moi, Clem, je me suis retenu.

Elle déglutit en voyant que je ne plaisante pas.

— Putain, pourquoi tu trimbales ses culottes dans ton sac ? m'emporté-je à l'intention de Maxime.

Au moment où il ouvre la bouche, Clémentine se place entre nous deux.

— Hé ! Doucement, ce n'est pas de sa faute, intervient-elle.

— T'as raison, c'est ta culotte après tout, riposté-je. T'es complètement cinglée !

— Vois-tu Lucas, mon copain préfère aller à son entraînement de rugby plutôt que de passer la soirée avec moi. Alors disons que lui mettre ma culotte dans son sac est ma subtile manière de lui faire comprendre son erreur.

Puis, en pivotant légèrement, elle incline la tête et regarde le principal concerné.

— Quand comprendras-tu que la joie que tu éprouves en jouant au rugby n'est rien comparée à celle que je te réserve, mon chéri ?

Maxime ne réplique pas, il semble amusé par sa tarée de copine. Sa tarée de copine qui me les brise ! Depuis que j'ai couché avec sa colocataire de l'année dernière, cette fille éprouve une certaine réticence à mon égard. D’un côté, je ne peux pas lui en vouloir, mon comportement avec les filles n'est pas irréprochable,loin de là. Mais bon sang, je me suis bien calmé depuis quelques mois, elle devrait me laisser tranquille avec ça maintenant !

— T'es vraiment pas croyable comme nana !

Je secoue la tête avant de reprendre.

— Tu lui as expliqué, à Agathe, au moins que ce n'était pas mon sac ?

Elle sourit timidement avantque ses fossettes ne se creusentplus franchement. Elle est vraiment gonflante cette fille ! Comme Clémentine reste silencieuse, je m'adresse de nouveau à Maxime.

— Et toi, Max, arrête de tout lui raconter aussi ! Tu sais très bien qu'elle aime me faire passer pour un abruti.

Pour me donner raison, la jeune femme laisse échapper un hoquet d’amusement, qui me fait bouillir.

— Désolé mec, mais c'est ma copine et comme tu le vois, elle est diabolique. Je préfère l'avoir de mon côté, répond-il en la prenant par la taille.

Putain, ils me foutent en rogne à se tenir comme ça, tels deux amoureux filant le parfait amour. J'allais poursuivre la conversation à l'instant où Clémentine l'ouvre à nouveau, pour changer.

— Oh c'est bon !

— Non, ce n'est pas bon du tout là ! Max, avoue que ta copine est vraiment chiante.

Elle se met à rire de plus belle. Qu'est-ce qu'elle m'énerve !

— Bon allez, je vais arranger ça, ricane-t-elle en me tapotant amicalement la joue légèrement rosie par la gifle d'Agathe.

Clémentine me dévisage d'un air espiègle et peu rassurant qui laisse planer un doute sur ses intentions de me venir en aide. Puis, elle embrasse langoureusement son petit-ami avant de filer dans la direction empruntée par Agathe quelques instants plus tôt. J'inspire profondément afin de me calmer et de remettre de l'ordre dans mon esprit. Autant mettre toutes les chances de mon côté et laisser Clémentine arranger les choses. J'espère seulement qu'elle ne va pas encore me faire un sale coup.Bien que de toute façon, j'ai bien compris qu'avec Agathe les choses n'allaient pas être simples.

L'autre jour, au bar, j’ai tenté de la faire rire devant son visage empli de tristesse et elle a pris la mouche avant de se barrer. Lorsque j’ai essayé de l'aborder dans la laverie, une putain de culotte a tout gâché. C’est simple,je n'arrive jamais à lui parler. Et aujourd’hui, je l'embrasse sur la joue, elle me gifle en retour. Putain, c'est complètement tordu, mais au fond, j'adore quand elle me repousse comme ça !

Maxime observe Clémentine s'éloigner et quand elle semble assez loin pour ne pas entendre, il se tourne vers moi.

— Elle te plaît vraiment cette fille, on dirait.

— Ouais, concédé-je après un long moment d'hésitation.

Inutile de mentir, Max me connaît quasiment par cœur maintenant.

— Mec, vu ta situation, il serait plus sage de laisser tomber. Je ne pense pas que tu puisses gérer tout ça, me conseille mon ami en s'approchant de moi. Elle a besoin de toi, chuchote-t-il ensuite.

En comprenant à qui il fait référence, mon corps se fige. J'agis comme un connard d'égoïste. Cela fait des mois que j'essaye de racheter ma conduite, et il est hors de question que mon attirance indéniable pour Agathe vienne tout gâcher.

— Tu as raison, je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Bon allez je file, je vais être en retard.

— Essaye de garder ce boulot cette fois, s'esclaffe-t-il en m'envoyant une tape amicale sur l'épaule.

Je lui fais un petit signe de tête tout en m'éloignant vers la sortie. Je sais que les conseils de Maxime sont ceux à suivre, et quece n'est surtout pas le moment de retomber dans mes dérives passées et céder aux beaux yeux d'Agathe.

Malgré tout, sur le chemin qui conduit au bar, je n'ai que son visage en tête. Je ne la connais pas, mais ses traits sont parfaitement gravés dans ma mémoire : ses fossettes qui naissent sur ses joues pourpres lorsqu'elle sourit, son regard terne quand elle est triste ou encore ses yeux pleins de rages et son front plissé quand la colère la submerge. Toutes les facettes de sa personnalité m'attirent de façon inexplicable alors même que cela fait des mois que je n'ai plus succombé à aucune femme. Je finis par m'accorder le temps du trajet qui mène au bar pour penser à Agathe, une dernière fois. Après quoi, la décision de ne plus m'approcher d'elle est prise.

En franchissant la porte du café, je me sens plus déterminé que jamais. Il est impossible qu'Agathe vienne faire voler en éclats la paisible vie que je m'efforce de construire. Lorsque j'aperçois la table à laquelle elle s'est assise quelques jours auparavant, je prends une grande bouffée d'air afin de m'aider à me concentrer sur mon travail.  Celane va pas être facile. Heureusement pour moi, je ne remettrai pas les pieds à la fac avant plusieurs semaines.

La Violette (Fr.) - Sous contrat d'édition.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant