Belle, Gracieuse et Redoutable. Tome 1

Chapitre 18 - Un manque

Elle se sent légère, tranquille, jusqu'à ce qu'elle atterrisse dans une eau froide, profonde. Elle remonte à la surface, et hurle de toutes ses forces :

- Demon !

Elle nage en ignorant ses tremblements dûs au froid, et hurle de nouveau :

- Demon !

Sa voix se perd en résonance dans les bois qui l'entourent. Elle est presque au bord quand elle hurle une nouvelle fois :

- Demon !

Elle atteint la rive. Sa fourrure de panthère ne l'a pas préservée du froid de l'eau, et quand elle se transforme en jeune fille, le froid l'assaille de toute part. Mais elle se hisse sur les petits rocher du bord, et des larmes chaudes coulent sur ses joues en plus de l'eau froide qui ruisselle de ses cheveux. Dans un cri de désespoir, elle prononce encore ce prénom qu'elle aime tant :

- Demon...

Elle se relève et regarde autour d'elle. L'eau ne bouge plus, les vaguelettes s'effacent, laissant place à un silence de mort.

La jeune femme avance sur une petite plage, et aperçoit, de l'autre côté, entre les rochers sombres, le corps de son ami. Elle se met à courir malgré ses jambes engourdies et fait rapidement le tour du lac. Quand elle s'approche, la peur s'insinue en elle. Les lycanthropes ne peuvent mourir si facilement, mais il suffirait que Mike ai enfoncé ses griffes jusqu'à un organe vital de Demon et le garçon en mourrait.

Tremblante, elle saisi son ami par les épaules et le retourne. Une mèche ensanglantée barre son front, ses yeux sont clos, sa peau est trop pâle. Mais le sang provient des blessures sur ses membres, elles ne sont pas mortelles. Il lui faudra juste du temps pour s'en remettre, l'eau a contribué à arrêter le saignement des plaies.

La jeune fille le soulève, et l'éloigne du lac. Elle n'arriverait pas à le transporter jusqu'au camp, alors elle décide de rester dans le coin. Elle aperçoit un espace sous un autre rocher, ce qui forme une sorte de petite grotte. Elle y entre, il n'y a pas beaucoup de place, mais de quoi protéger son ami de la pluie si elle tombe.

- Demon je t'en supplie ouvre les yeux !

Elle inspecte ses bras et voit soudain une griffe plantée dans son épaule. Elle la retire en retenant une grimace de dégoût. Mike y est vraiment allé fort !

Puis elle commence à voir trouble, sa tête tourne et elle finit par s'allonger et fermer les yeux.

Quand elle se réveille, elle se sent bien. Elle est au chaud, la tête posée sur de la fourrure. Attendez, de la fourrure ?

Kassia se relève brusquement et voit le loup à côté d'elle faire de même, surpris par sa réaction. C'est Demon, qui observe l'adolescente avec des yeux étonnés.

- Je t'ai fait peur ?

Pour toute réponse, la jeune fille l'enlace.

- Je t'ai cru mort, abruti !

Le loup ricane, plus fier que jamais.

- Et moi je t'ai crue malade !

- Pourquoi ?

- Eh bien, quand je me suis réveillé, tu étais pâle et glacée. Et je me suis souvenu que notre espèce ne pouvait pas tomber malade. Tu étais simplement fatiguée, alors je me suis transformé pour te faire un oreiller confortable et te réchauffer !

Elle ne peut que rougir face à cette charmante attention.

- On peut rejoindre les autres ? Tes plaies sont guéries ?

- Oui, c'est juste qu'il m'a ouvert pas mal de veines, ce fou !

- Cet idiot ne me lâchera jamais. Bref, on rentre raconter tout ça aux autres ? Et Zack me doit également des explications concernant un piège...

- De quoi ? Les filets qu'il place dans la forêt ? Il a toujours dit que c'était pour capturer du gibier.

- Des filets en fer ? Je pense qu'il cherche à capturer d'autre lycanthropes, moins puissants. Parce qu'en deux coups de griffes je l'ai retaillé, son filet !

C'est quand Demon se met à rire qu'elle réalise combien ce son lui avait manqué.

La jeune fille se met sous forme de panthère avant de suivre son ami à travers les bois. Le soleil commence à se coucher, les autres doivent être très inquiets à l'heure qu'il est. Surtout que les portables des deux sont trempés et inutilisables.

En quelques minutes, ils arrivent au camp. Dans la grande salle à manger, Aria est assise, face à la fenêtre, dos à la porte où la panthère te le loup viennent d'entrer.

- Des nouvelles ? Demande-t-elle d'une voix blanche

- Aria, c'est nous.

La femme se lève brusquement et son regard s'illumine en voyant ses invités. Elle se rue sur eux et les enlace en même temps.

- Mais où est-ce que vous étiez ! Vous m'avez fait une de ces peurs !

- Au lac, et d'ailleurs un certain Mike est venu nous rendre visite... Il nous a carrément attaqués !

- Cet abruti a griffé les bras de Demon jusqu'à l'os et l'a poussé du rocher ! Une baignade en eau froide s'est imposée, complète Kassia

Ses yeux sont devenus plus sombres, son air plus grave.

- C'est rien du tout, la rassure Demon

- Ce n'était rien jusqu'à ce qu'il dise qu'il aimerait te voir mort.

Les larmes menaçant de déborder de ses yeux devant ses deux amis, la jeune fille se retourne et part dans sa cabane pour se doucher à l'eau chaude et se changer.

Cela fait, elle reste un moment seule dans sa chambre. Mais elle n'est pas à l'aise, pas bien. Avant, elle était terriblement bien quand elle était seule, elle aimait ces moments de calme et de repos. Mais maintenant, elle a le sentiment que quelque chose manque à son bonheur.

Elle se lève et sort de sa cabane. Mais quand elle ouvre la porte, elle est surprise de voir Demon assis sur la marche.

- Qu'est-ce que tu fiches ici ?

Je m'ennuyais. Et je me suis dit que la seule personne qui me fait oublier mon ennui c'est toi. Alors je suis venu. Mais comme il n'y avait aucun bruit, j'ai cru que tu étais endormie. Je ne voulais pas te réveiller alors j'ai attendu.

Elle s'assoit à côté de lui.

- Tu m'agaces. Grogne-t-il soudain

- Quoi ?

- Tu m'agaces. Si tu avais un pouvoir je dirais que c'est celui de te rendre indispensable. Tu me manques. Tout le temps. Ça m'énerve. C'est comme une drogue. Je suis dépendant de toi.

Ses yeux n'ont pas quitté le sol. Kassia ne sais pas quoi lui répondre.

- Pardon, souffle-t-il enfin, je voulais pas dire ça comme ça. C'est pas que ça m'agace, c'est pas vrai, au contraire... Mais c'est que... Je sais pas... C'est un truc nouveau. Genre j'ai vécu des dizaines et des dizaines d'années comme ça et c'est maintenant que ce genre d'attachement m'arrive !

- Comme si ça n'arrivait qu'à toi.

Les prunelles dorées de Demon se posent sur la jeune fille, qui trouve le sol soudainement très intéressant.

- Aria m'avait prévenu.

- De quoi tu parles ?

- Du fait que notre rencontre a changé nos vies.