Chapitre Un

26 2 2
                                    

Luce ne savait en rien ce qu'elle fichait là.

Elle s'était réveillée dans le hall d'une maison qu'elle ne connaissait pas. Si elle ne s'était pas déjà pincée plusieurs fois, sans doute aurait-elle pu croire à un rêve ou plutôt à un cauchemar.

Le lieu où elle se trouvait avait dû être beau et luxueux à une certaine époque, mais aujourd'hui, il évoquait plus le décor d'une maison hanté que celui d'un rayonnant château historique.

Un gigantesque escalier en bois brut trônait au milieu de la pièce avant de ricocher vers la droite sur le premier étage, de magnifiques tableaux et fresques tapissaient les murs, des meubles d'un autre âge les complétaient, tout était réuni pour faire de cet endroit un lieu touristique et riche. Même les multiples bougies confortaient Luce dans son idée.

Sauf peut-être l'épaisse couche de poussière qui revêtait les murs et les meubles ainsi que l'odeur de moisissure qui régnait dans l'air. Luce avait dû se boucher le nez et respirer par la bouche au début.

Cette dernière n'était pas seule dans la pièce, – heureusement, elle aurait vraiment paniqué autrement - une foule de personnes se pressaient sur la porte derrière elle. Tout le monde voulait sortir mais la porte qui semblait être en acier trempé résistait admirablement bien aux assauts des prisonniers.

Car on pouvait le dire ; ils étaient bel et bien prisonniers de la maison.

Beaucoup s'étaient rassemblés pour parler de la situation, d'autres s'occupaient vainement avec la porte – des hommes, nota Luce – et d'autres encore rassuraient les enfants. Que pouvait bien faire des enfants ici ? Que faisait-elle ici ?

Luce dut s'asseoir un moment, le temps de reprendre ses esprits et surtout de ravaler ses larmes. Il n'était pas l'heure de s'apitoyer sur son sort. Il y avait forcément une explication logique à tout ça et le meilleur moyen de s'informer n'était certainement pas de rester seule dans son coin.

Elle chercha du regard une personne qu'elle pourrait aborder et arrêta son choix sur une vieille dame assise à même le sol. Elle lui toucha l'épaule pour attirer son attention mais la femme sursauta violement.

« - Excusez moi, je suis vraiment désolé. Je ne voulais pas vous faire peur.

- Ne t'excuses pas gamine, balaya-t-elle ses excuses d'un revers de la main. Si ces hommes ne braillaient pas aussi fort, je t'aurai clairement entendu.

- Il y a vraiment une chance pour que la porte s'ouvre ? s'enthousiasma la jeune fille.

La vieille femme rigola devant la naïveté de Luce.

- Aucune, aucune, dit-elle en se calmant. On ne sait ni où on est, ni même pourquoi alors . . . Sauf si tu détiens la réponse évidement.

Les sarcasmes de la vieille femme entamaient sérieusement les pauvres nerfs de Luce et cette dernière hésitait entre l'envoyer sur les roses ou s'éloigner le plus loin possible. Elle opta finalement pour un entre-deux.

- Donc vous non plus vous ne savez rien ?

- Dans le mille, gamine. »

Luce choisit de se taire mais resta près de la vieille femme. Une présence adulte la rassurait. Elle se demandait si ses parents étaient au courant de sa disparition et depuis combien de temps elle était là. Elle pensa bêtement au fait qu'elle ne pourrait sans doute pas assister à son test de psycho le lendemain. À moins qu'un jour soit déjà passé ? Patauger dans le brouillard rendait Luce encore plus nerveuse.

DécadenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant