automne 0.1

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Il n'était que dix sept heures mais la nuit tombait déjà sur Dublin, recouvrant la ville d'un manteau noir et froid. Les gens se pressaient pour rentrer chez eux, là où un feu de cheminée et un bain chaud les attendaient patiemment. Un garçon courait à en perdre haleine sur le trottoir encore humide des averses de la veille, son sac de cours pesant sur ses épaules. Le sourire qu'il affichait contrastait avec la morosité et le gris du mois d'octobre. Le vent griffait son visage au teint légèrement halé et ébouriffait ses cheveux d'un blond d'or.

Niall Horan n'avait jamais été bon en mathématiques mais il savait tout de même compter. Aujourd'hui, cela faisait déjà un an que son ami, Harry Styles, gambadait au pays des rêves. 365 jours déjà. Le temps filait à une vitesse folle, rien ne pouvait l'arrêter. Le temps ne ralentissait pas, ne s'arrêtait pas. Il continuait à s'écouler, insatiable. La vie était décidément impitoyable, parfois.

Avec une hâte non dissimulée, Niall pénétra dans le hall de l'hôpital de la ville, essoufflé mais heureux d'être enfin là. La chaleur l'enveloppa doucement et il ne perdit pas de temps à l'accueil, connaissant l'endroit par cœur. Il fallait dire qu'il venait tous les jours. Il avait passé Noël entre ces murs blancs, à respirer les odeurs chimiques des couloirs interminables et résonnants. Cet hôpital était, en quelque sorte, sa seconde maison. Peu de gens aimaient se retrouver à l'intérieur de ce bâtiment qui exhibaient sans pudeur les douleurs de la vie.

Qui aimait les hôpitaux ? Personne à part Niall Horan. Le jeune homme de vingt-et-un ans voyait cet établissement comme l'écrin qui protégeait sa pierre la plus précieuse. C'était à l'hôpital que se trouvait Harry.

Le blondinet attrapa l'ascenseur et se retrouva bien vite au cinquième étage de l'établissement. Laissant des traces de pas humides derrière lui, il gagna la chambre d'Harry.

Il poussa la porte blanche et les bourdonnements incessants de voix disparurent. Il se retrouva plongé dans un silence, parfois perturbé par les petits "bip" de la machine respiratoire. Toujours avec ce sourire rayonnant au coin des lèvres, Niall referma la porte et retira sa veste, comme d'habitude.

« Salut Harry, dit-il. Bien dormi ? »

Harry ne lui répondit pas, bien évidemment. Les gens plongés dans un coma profond ne parlaient pas. Jamais. En revanche, il paraissait qu'ils entendaient très bien. En sifflotant, Niall s'installa sur la chaise située près du lit et attrapa la main de son ami. Elle était chaude, contrairement aux siennes.

« Aujourd'hui, la journée m'a paru interminable, dit-il en soupirant un peu. Les cours s'enchaînaient, les gens n'arrêtaient pas de se plaindre, la nourriture de la cantine était immangeable, enfin ça ne change pas. En plus, les profs nous ont donné beaucoup de devoirs. Il faut dire que nous sommes en dernière année, ils n'y vont pas de main morte. Tout est tellement plus bizarre sans toi. Tout est tellement plus fade, Harry. Ma vie a perdu toute couleur »

Il s'interrompit quelques instants pour écouter la respiration du brun. Profonde et régulière, elle parvenait toujours à apaiser le cœur affolé de Niall. Dans ces moments là, il avait l'impression que Harry ne sommeillait pas. Toujours "sommeiller". Jamais "comater". Oui pour le sommeil, non pour le coma.

Après tout, la science ne disait-elle pas que toute chose qui respire est une chose vivante ?

les mots que je n'ai jamais su te dire➳narryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant