Assise sur un fauteuil, devant la cheminée, il me met une couverture sur mes épaules pour ne pas attraper froid. Je le remercie sans le regarder. Il s'assoit dans le fauteuil voisin et me fixe. Nous restons silencieux jusqu'à qu'il parle en premier.
_Qu'est-ce que tu faisais là bas ? Demande-t-il pour casser ce silence.
Qu'est-ce que je faisais là bas ? Je dormais, je mangeais, je regardais ces quatre murs pendant des heures. Je m'occupais de Paul chaque jeudi de toutes les semaines car il revenait une heure plus tard en sang. Qu'est-ce que je pourrais dire pour qu'il ne me compare pas avec un monstre. Je ne peux pas raconter mon passé. Pas maintenant.Jamais d'ailleurs.
Mes yeux ne regarde que le feu danser sous mes yeux pour me changer les idées. C'est un spectacle apaisant mais me fait ressortir d'affreux souvenirs qui me hante. Je tourne la tête pour ne plus y penser et le regarde.
_Comment connais-tu cet endroit ? Sais-tu ce qu'il y a là bas ?
_Des détenus. Des gens mauvais. Me dit-il.
C'est vrai. Il n'y a que des gens mauvais.
Je suis une mauvaise personne. Je suis une meurtrière.
_Éclaire moi la lanterne si j'ai faux Élisabeth.
Sa voix. Mon prénom. Comment il a prononcé mon prénom, me donne des frissons. Comme s'il me l'avait chuchoté à l'oreille.
Je me tortille sur ma chaise gênée. J'inspire un bon coup.
_C'est l'enfer. Dis-je pensive. Il y a presque toutes sortes de personnes, avec un passé et une raison différente de leur venue.
Je repense à ma cellule, cette toute petite cellule, entrain de suffoquer.
_Tu es seul, abandonné. Tu souffres chaque minutes, chaque secondes.L'air est irrespirable. Soufflais-je. Tu ne vis pas plus de 8 mois là-bas.
Seulement moi et Paul avions survécu. Jusqu'à maintenant.
Les cris retentissent dans ma tête. Je me vois, encore, entrain de boucher mes oreilles sous l'oreiller. Paul qui me prend dans ses bras, essayant de me calmer.
_Tu entends des choses, tu sens des choses, des odeurs dont tu ne veux même pas savoir l'origine. Chaque soir, tu entends des gens souffrir. Puis quand ils pensent que cette personne n'est plus d'utilité, tu entends ce son. Ce son qui te fait sursauté. Qui ne dure même pas un dixième de secondes mais tu as peur que le prochain sera pour toi. Donc, non tu ne sais pas ce que c'est que cet endroit, pas tout. Lui dis-je avec un sourire crispé.
Je le sens. Il ne bouge plus à côté de moi. Il m'écoute. Il à l'air d'être une personne très patient.
_J'ai eu de la chance de partager ma chambre avec quelqu'un.Dis-je en essayant tant bien que mal à changer de sujet.
Je me remet à regarder la cheminée car son regard est devenu trop envoûtant. Je préfère me rappeler de mes cauchemars, que de le regarder.
_Tu ne m'as toujours pas dit, pourquoi tu y étais. Dit-il à son tour.
Je ne lui dirais pas. Jamais je lui dirais ce que j'ai fais. Jamais je ne dirais comment ils m'ont abandonné. Ils sont plus horrible que moi, mais c'est moi qui a été châtié. Moi.
Peut être que c'est ce que je mérite.
_Pour rien, et beaucoup de raisons. Dis-je en me tournant vers lui, le regard morne.
J'ai toujours été là pour eux. Dans les plus pires moment qu'on puisse imaginer. Mais quand j'avais besoin d'eux, ils disparaissent comme des fantômes.
Ma famille sont des lâches.
_Paul ne m'a jamais dis... Pourquoi il y était lui ?
Il se contracte. Il sait pourquoi il était là bas, je le vois. Mais il a l'air perdu. Il secoue sa tête et me regarde.
_Si il ne te l'a jamais dit, c'est que tu n'avais pas besoin de le savoir. Dit-il en s'adossant au fauteuil.
Je ne cherche pas à savoir d'avantage.
Je commence a me fatigué, et il l'a remarqué.
_Viens je t'accompagne dans ta chambre. Dit-il en se levant.
Je le suis jusqu'à la chambre où je me suis réveillé. Il me lance un haut et un short pour dormir.
_Bonne nuit. Dit-il sans me regarder.
_Attends. Dis-je en tenant son bras.
Son bras est musclé. Je le lâche gênée. Il se retourne.
_Je ne connais toujours pas ton nom. Dis-je en le fixant.
C'est vrai, je ne lui ai jamais demandé. Peut être à cause de la panique ? Ou peut être que je ne veux pas savoir son nom.
_Matthew Wales. Dit-il toujours en me fixant.
_Quel âge as-tu ?
_J'ai 23 ans. Dit-il en haussant ses sourcils.
_18. Dis-je dans un souffle.
Il allait repartir mais je le retiens encore une fois.
_Merci... Matthew.
Ses mots sortent facilement de mes lèvres, comme si je le chantais.Matthew Wales.
Il repart cette fois ci.
Je me change et va sur ce grand lit vide et froid. Je rentre dans l'épaisse couverture et éteins la lampe. Mais je n'arrive pas à dormir. Ce lit est trop grand pour moi, seule. Je suis entouré d'un froid horrible. Personne n'est avec moi, je suis seule, dans le noir.Je me met en position fœtale, mets ma tête sous l'oreiller et répète dans ma tête « ce n'est rien... ce n'est rien.. ça va passer » même si je sais que cela ne va pas passer du tout.
Matthew rentre dans la chambre sans frapper.
_J'ai oublié de te rendre ça. Dit-il en s'approchant de moi.
Je sors ma tête de l'oreiller et le regarde. Il me tend ce petit papier froissé et me le donne dans le creux de ma main. J'ai du le faire tomber.
_Merci. Dis-je en regardant cette boule dans ma main.
Je la plie correctement et la pose vers la lampe.
Il allait repartir, mais se retourne. Il attend quelques secondes, me fixe puis s'en va.
Je me remet en position et essaye de m'endormir.
Je me réveille en sursaut, tremblante de peur, transpirante. Je m'assois directement et ferme les yeux pour essayer de ne pas penser à ce foutu cauchemar que je ne me souviens pas.
Je rouvre les yeux. Il fait noir. Trop noir. Je me lève et ouvre les rideaux. Le ciel bleu m'aveugle complètement les yeux. C'est étrange nous sommes en hiver et il fait beau. J'ouvre la baie vitrée et regarde l'arrière de la maison. Un grand jardin. Tout ce qu'il y a de normal. La neige ne tient pasencore sur le sol, mais il y en a. Je rentre quelques minutes aprèsà cause du froid et passe devant ce miroir. Je n'ai pas dormi dutout, et cela se voit.
Je descends dans la cuisine et ne trouve personne. Je fais le tour de la maison, va dans chaque pièce et ne trouve personne. Je commence à paniquer.
_Élisabeth ?
Je sursaute et fais tomber un verre sans faire exprès.
_Oh je suis vraiment désolée ! Dis-je sans regarder la personne qui vient de parler.
Je ramasse les débris de verre rapidement. Mais je me coupe et lâche tout en laissant échapper un « zut » au passage.
Qu'est-ce que je peux être maladroite !
_Laisse je vais le faire.
Je vois ses mains prendre les débris. Je relève la tête.
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Don't leave me.
Novela Juvenil« Cours. Le plus loin possible et ne t'arrête pas jusqu'à que tu entendes les oiseaux siffler, et le vent souffler. » Lâché dans l'inconnu où elle n'y a plus mis pieds depuis un an, Elisabeth doit s'enfuir le plus loin possible de cet endroit. Cet e...