CHAPITRE 1 : Une histoire de moteur

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Je refermais le livre et le déposais sur l'étagère d'où je l'avais extrait.


Encore des bêtises écrite par une certaine Plumbey sur la Bête du Gévaudan. Ces humains étaient parfois... enquiquinant à vouloir absolument trouver une solution à quelque chose qu'ils ne comprendraient pas.


Je saluais la libraire avant de sortir de son magasin. Le soleil était haut dans le ciel et pas un nuage en vue en cet été 2015. Je regagnais ma voiture afin de reprendre la route. Cela faisait deux jours que j'étais à l'auberge dans ce petit village mais c'était déjà trop.


Avec Charles qui me poursuivait depuis que je m'étais échappée pour de bon, je n'avais guère le choix que de bouger constamment. A plusieurs reprises, il avait failli m'attraper mais, grâce à Dieu, je m'étais toujours tiré d'affaire.


Je jetais un coup d'œil à mon visage à travers le rétro. Ce même visage que je connaissais depuis presque deux cent cinquante ans. Techniquement, j'en avais presque deux cent soixante-dix et pourtant, le miroir reflétait le visage d'une jeune femme de 21 ans.


Je soupirais en chassant les souvenirs de ma vie humaine. Les rares qui me revenaient, étaient le plus souvent liés à mon attaque par la Bête du Gévaudan... Mais je ne me rappelais plus des visages de mes parents, de celui de mon frère, ni celui de ma sœur, ni de mon mari et encore moins de ma fille. Voilà longtemps que j'avais laissé tombé ma recherche pour retrouver mes descendants car cela ne me mènerait à rien.


Je mis le contact mais la voiture refusa nette de démarrer. Je jurais et retentais le coup mais rien à faire. Je sortis de mon véhicule et ouvris le capot.

"Bon Dieu ! m'exclamais-je surprise."


Evidemment que la voiture ne démarrait pas. Quelqu'un avait enlevé mon moteur ! Il ne fallait pas être garagiste pour s'en rendre compte !


Je sentis une pointe de panique apparaître dans mon estomac. Je regardais dans la rue mais personne ne faisait attention à moi. Pourtant, je me savais observée. Je me baissais vers le trou où se trouvait à l'origine mon moteur. C'était faible mais il y avait bien une odeur de loup.


Mes yeux chauffèrent. Je savais qu'ils venaient de prendre la couleur bleu glace de ma louve. J'attrapais mes lunettes de soleil que j'avais sur la tête et les mis.


Cette odeur... Je ne la connaissais pas.


J'avais trois possibilités devant moi :

- Soit le loup qui m'a prit mon moteur s'intéressait qu'au moteur. (Très peu probable)

- Soit c'est un nouveau loup de Charles que je ne connaissais pas. (Probable)

- Soit c'était un autre loup qui n'avait rien à voir avec mon histoire personnel. (Probable aussi)


Quoi qu'il en soit, je ne devais pas rester dans le coin. Soit je partais à pieds puis à pattes mais les risques de me faire attaquer ou capturer étaient plus importantes qu'en voiture, soit je prenais une autre voiture mais cela sera compliqué.


Mais, de toute manière, je n'eus pas à choisir. Soudain, une main se posa sur ma hanche droite et un souffle chaud souffla sur ma nuque. Une vois grave, arrogante et macho murmura :

"Viens avec moi, ma belle, faut qu'on discute."


Merde, un Alpha. Encore si c'était un Bêta, j'aurais pu me soustraire à sa volonté mais contre un Alpha, ma louve se soumettait automatiquement.


Je soupirais et refermais le capot. L'Alpha me dépassait d'une bonne tête. Il avait les cheveux noirs, des yeux sombres et un visage imberbe. Je lui donnerais un âge près de la trentaine mais il ne la certainement pas dépassé. Mais comme pour tout, il ne fallait pas se fier au physique pour déterminer un âge précis.


La main toujours sur la hanche, il me conduisit vers une mazda grise dans laquelle il me fit monter. Je me retrouvais assise à côté de mon moteur pendant que quelqu'un au volant démarrait la voiture.

Le conducteur était le gamma. La hiérarchie d'une meute est très importe pour les membres. L'Alpha était à sa tête, c'était lui qui dirigeait tout et qui maintenant la coercition dans la meute. Le Bêta était son bras droit. C'était lui qui faisait appliquer les règles. Le Gamma était chargé de la protection de sa meute. C'était lui qui allait faire des rondes, qui les organisaient ou qui se battait en première ligne pour défendre sa meute. L'Oméga était celui qui apaisait par sa présence, ses compagnons de meute. Il était formellement interdit de lui faire du mal ou de se battre en sa présence. Le Delta était un peu le médecin du groupe. Il décidait de qui pouvait être transformer ou pas. Ensuite, les autres loups devaient se battre pour atteindre une meilleure place dans la meute. Les derniers étant considérés souvent comme les plus faibles et ils étaient maltraités par les autres. Les femelles étaient un cas à part. On en comptait que une ou deux par meute (sur une cinquantaine de membres en générale) voir pas du tout. De leur rareté, elles étaient automatiquement protégée par l'Alpha. Sauf si l'Alpha était fou et les maltraitées, dans ce cas, tout les loups pouvaient également le faire.


Nous roulâmes en silence mais dès que nous eûmes passés les dernières maisons du village et que nous empruntions un chemin isolé, je me tortillais pour échapper à l'étreinte de l'Alpha. Je lui écrabouillais les bijoux de famille avant de me jeter vers la porte du côté du moteur. Le choc fut dure mais j'avais la peau dure grâce à Charles et à sa maltraitance. Jamais plus je ne retomberais sous le joug d'un mâle.


La voiture freina mais déjà, j'étais debout et me mettais à courir tout en me déshabillant. Lorsque j'eus enlever mon soutient-gorge, je portais une robe, sans culotte (parce que un loup en culotte, c'est franchement la honte) et des ballerines, je me transformais en louve dans un flash de lumière bleutée.


Je mis un peu de temps pour m'habituer à mes sens animaux mais l'habitude reprenant le dessus, je pus m'enfoncer directement dans la forêt. Là où j'estimais que la voiture était, le chant de chasse était lancé par l'Alpha. Sauf que la proie c'était moi.


Encore...









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