L'Amour de Luxus avec un grand A

4- orage

* Le silence retomba.
En un dernier effort, je relevais la tête et regardais Luxus, un léger sourire sur mes lèvres. Nous l'avions fait.

Notre première S-Quest en duo était un succès.

J'esquissais un pas, trébuchais. Un filet de sang coula sur ma lèvre, puis sur mon menton.
Lux me rejoignit, passa un bras autour de ma taille et me redressa.
J'étais toujours déconcertée par la facilité qu'il avait à me porter. Sa musculature était certes imposante, mon poids n'était certes pas très élevé, mais quand même.
Nous offrions un beau tableau, tout deux ruisselants de sang, blessés, sales, les vêtements déchirés, nous soutenant mutuellement pour ne pas tomber.
La situation exigeait le silence, ou, au pire, une remarque de félicitation, mais la seule chose que je parvins à dire parut peu propice aux événements.

- Tu sais que tu me troubles ainsi, Luxus ? *

Je regardais distraitement la nuit tomber, assise sur le dossier d'un banc, en marge de Magnolia.

Un frisson me parcourut, l'air s'était nettement rafraîchit.

Un rapide coup d'œil au ciel m'apprit que ce que je redoutais était en train d'arriver. Je sautais à terre et rabattus la capuche de mon gilet indigo sur mes cheveux mi-court en désordre.

Je n'avais pas fait trois pas que la pluie se mit à tomber.

La nuit avait enveloppée la ville en quelques minutes.

La pluie aussi.

Les rues étaient désertes.

Mon visage fut illuminé, l'espace d'une seconde, par un éclair au loin. Je rageais intérieurement.

Et c'est dans ma peur qu'il m'apparut.

Il se tenait debout à quelques mètres, m'observant, sans expression particulière. Résolue à ne rien laisser paraître, je le rejoignis.

Il fronça légèrement les sourcils en avisant mes tremblements.

- À ce que je vois, tu n'as pas changée. Tu as froid, tu as peur, tu es trempée, et tu ne le montres pas. Tu n'es vraiment qu'une tête de mule, Maëlle.

Ces mots, à peine murmurés, semblèrent être hurlés à mon âme.

En une courte tirade, Luxus m'avait achevé.
Mêlant douceur et réprobation, il avait formulé ses pensées.

- Tu n'as pas changé non plus. Pourquoi faut-il toujours que tu compliques tout ? Tu es vraiment qu'un enfoiré, Lux. Et je ne saurais te dire pourquoi je t'aimais tant...

Ce fut à son tour de flancher.

Un tic agita la commissure de ses belles lèvres, il ouvrit la bouche, comme pour parler, la referma, passa sa langue sur ses lèvres et plongea ses yeux gris-violets dans les miens.

- T'ais-je déjà dit à quel point j'aimais ta franchise ? Je ne crois pas. Pardon de ne pas t'avoir dit toutes ces choses avant que tu ne m'haïsses.

Son calme était déroutant.

Mes tremblements, grandissants.

Le tonnerre gronda et je me blottie contre Luxus.

Je compris, une seconde plus tard, que c'était une erreur.

Je m'écartais, rougissante, gênée par ce geste, pourtant familier que je ne devrais plus faire.

Un petit sourire s'installa sur ses lèvres.

Je détournais la tête.

- Maëlle et Luxus, c'est terminé. Tout a changé, TU as changé. Ce que nous étions et partagions n'existe plus. Même si parfois, j'aimerais que tout soit comme avant. La page est tournée, oublie la fille que j'étais.

Je l'avais blessé et je le savais.

Il n'en montra rien, se contentant de changer de sujet.

- Mmh, apparemment, nous avons des choses à nous dire. Je sais que tu vas refuser, mais je te le propose quand même : ça te dis de venir t'abriter chez moi ?

Je soutins son regard :

- No...

Le tonnerre claqua, une série d'éclairs zébrèrent le ciel.

Mon tremblement s'accentua.

- 0k.

Il inclina la tête et me conduisit chez lui.

Je savais que je commettais une erreur, une erreur des plus agréables.

En entrant dans l'appartement, des bribes de souvenirs me revinrent.

J'étais déjà venue tant de fois, des soirées entières, en coup de vent, quelques nuits même.

Luxus, trempé, plus beau que jamais, m'offrit une serviette.

Je le remerciais.

Il hésita une seconde.

- Maëlle, tu es trempée, je te jure que je ne pense pas à mal, mais, tu veux te changer ?

Je hochais la tête.

- 0ui, merci.

J'entrais dans la salle de bain, commençais à me déshabiller, revêtis une chemise appartenant à l'homme que j'aimais et haïssais en même temps. Elle me tombait aux genoux, parfait.

Le silence retomba.

Par la fenêtre, je voyais les éclairs tomber, la pluie déferler.

Le chasseur de dragon foudroyant ferma les volets et vint m'enlacer. Je ne songeais pas à protester, enfouissant mon visage dans son cou.

Immobile, je revoyais mon passé avec lui, notre hésitation amour amitié, nos disputes, nos missions, tout ces souvenirs.
Il releva la tête, posa une main sur ma nuque.

Ce que nous fîmes ensuite, nous l'attendions tout deux depuis si longtemps, que ce parut être une délivrance.

Ses lèvres brûlantes envoûtèrent les miennes, mes mains, douces, le rendirent impuissant.

Sans cesser de m'embrasser, il défit un à un les boutons de la chemise que je portais. Je le débarrassais de la sienne et ouvris sa ceinture. Il me souleva et me déposa sur son lit. J'embrassais son torse, il effleura ma peau nue. Une sensation brûlante irradiait mon corps, effaçant le moindre de mes doutes.

Pour rien au monde je n'aurais renoncé à l'erreur que j'étais en train de commettre.