Prologue

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Les premières rencontres se font toujours de façon mémorable.



Je courais.

La pluie me giflait, me fouettait, me mouillait, tandis que son complice le vent ne cessait de m'empêcher à courir. Je frissonnai lorsqu'une brise souleva ma jupe, tremblai lorsque des gouttes d'eau froides s'abattirent sur la peau de mon visage.

Pourquoi n'ai-je donc pas pris un parapluie avant de sortir de mon appartement?

Cette question m'agaçait, me faisait soupirer et secouer légèrement la tête, tandis qu'une petite voix commençait à me sermonner, m'accablant de vérités et de paroles auxquelles je ne souhaitais pas songer. Mes jambes, peu entraînées à courir autant, tremblaient légèrement, alors que mon souffle irrégulier se figeait, saccadé, sifflant.

J'ai besoin de me reposer, songeai-je en cherchant du regard un quelconque magasin ouvert, un dépanneur ou un restaurant qui pourrait m'abriter de la pluie froide qui ne cessait de s'abattre sur moi.

Pourtant, à 22 heures, il était rare de voir un bâtiment public ouvert. Et aucune station de bus n'était en vue.

Je m'apprêtais donc à repartir dans ma course effrénée lorsque j'aperçus un cerisier, un arbre au tronc noir qui se confondait dans l'obscurité, et aux grandes branches feuillues qui sauraient peut-être me donner quelques instants de répit.

Souriant, je me dirigeais vers celui-ci, le soulagement libérant un profond soupir lorsque je m'adossais au bois sombre de l'arbre. Ouvrant mon sac, je me sentis grimacer en remarquant les livres trempés, détruits, saccagés. Me pinçant les lèvres, je le reposai sur le sol et détournai le regard, agacée par cette pluie si incertaine, si brusque et si froide qui était tombée aussi subitement. J'étais agacée par ce vent qui emportait quelques gouttelettes égarées dans ma direction, comme s'il se moquait de moi et de la pensée d'avoir pu lui échapper aussi facilement.

Satanée pluie! Satané vent!

Je fermai les yeux. Au moins, sous cet arbre, dans cette obscurité, je pouvais avoir droit à un instant de calme et de répit. Au moins, je ne devais pas affronter les incessants bavardages de ma meilleure amie, Levy. Au moins, je pouvais réfléchir à la journée de demain et la rentrée qui l'accompagnait.

C'était déjà ça.

Soudain, un gémissement étrange surgit, me faisant sursauter, reculer et avancer lorsqu'un deuxième survint encore.
Adieu tranquillité!, songeai-je en contournant l'arbre, néanmoins curieuse de voir d'où pouvait bien provenir ce son si guttural.

- Natsu... !

Je me figeai. Frissonnai. Reculai de nouveau en abordant cette fois-ci une moue dégoûtée et contrariée, tandis que la gêne et la honte se disputaient dans mon cœur. Devant moi se tenait une fille rousse et un garçon aux cheveux roses, tous les deux en train de s'embrasser comme si leur vie en dépendait, comme si la fin du monde était proche ou que le garçon devait partir loin, très loin. La rousse, pressée contre le tronc noir de l'arbre, soupira lorsque la chevelure rose du garçon s'enfouit dans son cou, lui arrachant d'autres gémissements de plaisir.

Ne tenant plus, horriblement dégoûtée et confuse d'avoir dû assister à une scène aussi intime, je m'écriai :
- NON MAIS ALLEZ VOUS TROUVER UNE CHAMBRE !

Mes mots, résonnant un peu trop fort dans le silence, les interrompirent dans leur échange. Le garçon se tourna vers moi et grogna, contrarié.

- T'es qui toi ?

La fille m'ignora superbement et continua de lui effleurer la joue, souhaitant continuer là où ils s'étaient interrompus, le désir brillant dans ses prunelles bleues. Elle chuchota langoureusement :

- Oh, ignore-la, Natsu chéri !

Il sembla hésiter, tournant vers la rousse un regard confus. Elle lui sourit et mit un bras autour de son cou, pressant le haut de son corps contre son torse, l'incitant à continuer. Je détournai le regard avant de forcer mes jambes à avancer, m'éloignant d'eux à contrecœur. J'allais devoir affronter la pluie encore une fois, on dirait !

Je baissais les yeux sur le sac que je serrais contre moi. Natsu Dragneel. Le nom de ce garçon avait été sur toutes les lèvres l'année dernière, que ce soient celles des filles ou des garçons. Les trois quarts de ces personnes ne le connaissaient que de réputation, et pourtant tout le monde parlait de lui comme s'il s'agissait d'un meilleur ami.

Je n'avais jamais compris pourquoi il était aussi aimé.

Brusquement, je sentis quelque chose se poser sur mes épaules. Surprise, je levais les yeux sur Natsu et sur la veste qu'il venait de m'offrir.

- Qu'est-ce que tu fais ?, demandai-je, la voix enrouée après mon cri.

Je pensais qu'il avait continué son étrange échange avec la rousse.

- Je te donne ma veste., répondit-il comme s'il s'agissait d'une évidence.
- Oui, ça je vois. Je voulais savoir ce que tu fais là, à côté de moi.
- Je voulais savoir qui tu étais.

Il me sourit.

Je détournai le regard.

- Je suis Lucy Heartfilia.
- Nouvelle ?
- Pas que je sache, non.
- Tu es sûre ? Je me souviendrais d'un si joli minois !, rétorqua-il en me faisant un clin d'œil.

À quoi il joue ?

- Eh bien, moi, je te connais. Enfin, de réputation. Et je me souviens de toi.
- Mais comment veux-tu que je fasse pour me souvenir de toutes les filles que je croise ?, demanda-t-il, intrigué. Luigi Mirtilia... ce nom ne me dit rien du tout !
- C'est peut-être parce que c'est Lucy Heartfilia ?, finis-je par rétorquer en pressant le pas, amusée et confuse par son attitude aussi amicale.

Après tout, il ne me connaît même pas !

Cette fois-ci, il ne me suivit pas, se contentant de me regarder m'éloigner, un petit sourire aux lèvres, abordant une expression idiote qui me fit malgré tout frémir.

Natsu Dragneel...  


À La Croisée Des CheminsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant